« Garantir que le pays reste une destination mondiale pour les investissements. » C’est l’objectif affiché du nouveau ministère de l’Investissement des Émirats arabes unis, annoncé lundi dernier par cheikh Mohammad ben Rachid al-Maktoum, Premier ministre des EAU et souverain de Dubaï.
À sa tête sera placé Mohammad Hassan al-Suwaidi – ancien directeur d’une société d’investissement à Abou Dhabi, qui aura pour mission de stimuler les investissements internationaux en rendant la législation du pays plus compétitive et attractive. Un conseil de stabilité financière sera également créé pour surveiller les risques financiers et anticiper les crises.
Riyad en ligne de mire
Alors que les prix du pétrole semblent stagner malgré les efforts de l’OPEP+ pour les maintenir à des niveaux élevés suite à la flambée des cours liée à la guerre en Ukraine, les pays producteurs d’hydrocarbures font face à une baisse de liquidités qui menace leur planification budgétaire. Dès 2020, l’Arabie saoudite s’était déjà dotée d’un ministère de l’Investissement, dans le cadre de son plan de développement Vision 2030 pour diversifier son économie en vue de l’ère postpétrole.
« Les conditions économiques mondiales et l'incertitude géopolitique actuelle ne favorisent pas les gouvernements qui veulent attirer les investissements extérieurs. Ils doivent donc prendre plus d'initiatives », explique Robert Mogielnicki, chercheur en économie politique au Moyen-Orient à l’Université de Georgetown.
Ces derniers mois, le climat géopolitique semble en outre se détendre au Moyen-Orient, permettant de sécuriser divers investissements. Abou Dhabi a ainsi été un des premiers à reprendre langue avec d’anciens rivaux comme la Turquie ou encore l’Iran. Par ailleurs, l’accord de normalisation irano-saoudien signé le 10 mars dernier sous l’égide de Pékin assure pour le moment à Riyad une protection contre les attaques lancées depuis le Yémen par le groupe rebelle des houthis, soutenu par Téhéran.
Mais cette stabilisation attise aussi la compétition économique des gouvernements concurrents du Golfe, tous friands d’attirer les meilleurs investisseurs et travailleurs étrangers. « Le fait que les EAU soient en train de créer cette nouvelle entité ministérielle montre bien qu’il existe une concurrence économique dans la région, et spécifiquement avec l’Arabie saoudite, contre laquelle les EAU se livrent une bataille féroce », confirme Robert Mogielnicki.
D’ici à 2024, les entreprises internationales ont été prévenues qu’elles devraient établir un siège régional dans le royaume saoudien au risque de ne plus pouvoir accéder à des contrats étatiques. Une façon d’attirer des multinationales généralement implantées à Dubaï, traditionnel hub financier du Golfe. Pour faire face à une potentielle fuite des capitaux, cheikh Mohammad al-Maktoum, émir de Dubaï, a lancé en début d’année son plan « D33 », qui vise à faire de son émirat l’une des trois places financières les plus importantes au monde dans la prochaine décennie.
Cap sur la COP 28
Cette compétition se joue également au niveau du soft power et des opportunités de présenter une image moderne sur la scène internationale. Dans cette perspective, alors que le royaume wahhabite essaie actuellement de gagner des soutiens pour sa candidature d’hôte pour l’Expo 2030, Dubaï a accueilli il y a deux ans celle de 2020, tandis que la conférence pour le climat COP28 doit s’y tenir en novembre. À moins de 5 mois de l’événement international, Abou Dhabi semble accélérer sa course vers son objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Les énergies vertes ont été érigées en pilier de l’économie émiratie, au cœur de ce nouveau ministère. « Notre objectif sera de tripler la contribution des énergies renouvelables au cours des sept prochaines années », précise cheikh Mohammad ben Rachid al-Maktoum dans un tweet.
« Promouvoir des investissements dans les technologies vertes renforce la position de négociation des Émirats arabes unis », souligne Dawud Ansari, chercheur à la Stiftung Wissenschaft und Politik basée à Berlin. « Les EAU ont l'intention de montrer au monde entier leurs capacités dans ce domaine lors de la COP », ajoute-t-il. La fédération émiratie a ainsi adopté une stratégie de développement des véhicules électriques qui devrait contribuer à réduire la consommation d’énergie dans le secteur des transports de 20 %, en plus de vouloir se lancer dans les voitures autonomes en partenariat avec l’entreprise chinoise WeRide.
Reste que, pour Abou Dhabi comme pour les autres pétromonarchies du Golfe, la transition énergétique est vue comme un objectif à long terme qui devra être financé par les revenus des énergies fossiles. Pas de renoncement donc aux hydrocarbures pour le moment. Preuve en est, le gouvernement émirati a désigné à la présidence de la COP 28, le dirigeant de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc, Sultan Ahmad al-Jaber.
Les autorités d'Abou Dhabi font quelque chose pour leur pays; Le gouvernement Libanais lui mendie et ses membres fanfaronnent quand l'un d'entre eux recoit une aumone d'un pays ou d'une organisation internationale. C'est dire la différence de niveau
12 h 59, le 07 juillet 2023