
Des réfugiés syriens dans le camp de Ersal, au Liban. Photo d'archives João Sousa
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a indiqué mercredi que les autorités libanaises ont procédé à "plus de 100 raids, 2.200 arrestations et 1.800 déportations de réfugiés syriens" vers leur pays depuis avril 2023, dans un long rapport publié sur son site.
La question du sort des réfugiés syriens présents sur le sol libanais fait régulièrement polémique dans un pays en pleine crise économique et politique, qui accueille environ un million et demi de réfugiés sur son sol selon les autorités. Le gouvernement démissionnaire appelle régulièrement à leur rapatriement, et plusieurs ministres se sont récemment rendus à Damas pour discuter de cette question.
"Bien qu'il n'existe pas de statistiques publiques officielles sur le nombre d'arrestations ou de déportations, une source humanitaire a déclaré que, depuis avril 2023, il y a eu plus de 100 raids, 2 200 arrestations et 1 800 déportations de réfugiés syriens", écrit HRW dans son rapport. "Les travailleurs humanitaires ont déclaré que la vague de déportation de 2023 est la plus sévère", poursuit l'organisation, sans préciser par rapport à quelle mesure.
HRW estime que les autorités libanaises "devraient permettre aux Syriens de régulariser leur situation dans le pays" et que les pays donateurs d'aide humanitaire "doivent veiller à ce que les financements ne contribuent pas aux violations des droits". Ayant interrogé des Syriens expulsés, HRW indique que l'un d'entre eux "a déclaré que l'armée syrienne l'a détenu arbitrairement, torturé et enrôlé de force dans la force de réserve de l'armée syrienne après son expulsion en avril". En outre, six personnes "ont fait état de traitements abusifs lors de leur expulsion : coups, menaces, harcèlement sexuel et traitements dégradants, y compris le fait d'avoir les yeux bandés, d'être giflé et forcé à rester debout pendant des heures", poursuit le texte.
"Le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde dans un contexte de crise économique éprouvante, mais ce n'est pas une excuse pour rassembler les Syriens et les jeter de l'autre côté de la frontière entre les mains de leur gouvernement abusif", a déclaré Ramzi Kaiss, chercheur sur le Liban à HRW cité dans le rapport. "Les Syriens au Liban vivent dans la crainte constante d'être arrêtés et renvoyés dans des conditions cauchemardesques, quel que soit leur statut de réfugié", poursuit-il.
L'organisation indique avoir envoyé des lettres contenant les résultats de ses recherches à l'armée libanaise et à la Sûreté générale (SG) début juin, en leur demandant des réponses. "L'armée a répondu le 22 juin, déclarant qu'elle mettait en œuvre la décision du Conseil supérieur de la défense du 24 avril 2019 d'expulser les Syriens entrant au Liban de manière irrégulière après avril 2019. Elle déclare également agir conformément aux conclusions d'une réunion ministérielle tenue le 26 avril", écrit HRW.
commentaires (3)
Messieurs de HRW, foutez nous la paix et prenez chez vous tous les syriens présents au Liban. Vous avez des territoires infiniment plus vastes que nos malheureux 10.000 km2 mais malgré ça vous refusez obstinément de recevoir des réfugiés en perdition en Occident. Non seulement vous êtes des hypocrites mais en plus des menteurs
Liberté de penser et d’écrire
13 h 45, le 06 juillet 2023