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Politique - Focus

Le Liban pousse (encore une fois) pour un retour des réfugiés syriens

Même Samir Geagea, réputé pour son hostilité au régime de Damas, appelle désormais à un rapatriement immédiat.

Le Liban pousse (encore une fois) pour un retour des réfugiés syriens

Le ministre des Déplacés Issam Charafeddine reçu dimanche par le ministre syrien de l’Intérieur Mohammad Khaled el-Rahmoun, à Damas. Photo SANA

Douze ans après le début de la guerre civile syrienne, qui a mené plus d’un million et demi de réfugiés au Liban, Beyrouth remet, de nouveau, la question de leur retour sur la table, misant cette fois-ci sur la récente normalisation arabe avec le régime de Bachar el-Assad qui n’est plus mis au ban de la communauté internationale. C’est dans ce cadre que s’inscrit la visite à Damas du ministre des Déplacés Issam Charafeddine, proche du leader druze prosyrien Talal Arslane, le week-end dernier. Le responsable libanais s’est entretenu avec le ministre syrien de l’Intérieur, Mohammad Khaled el-Rahmoun, qui lui aurait donné des garanties sur la volonté du régime d’accueillir ses citoyens.

Une délégation bientôt à Damas
« La visite était positive et les deux pays ont une relation de confiance », a affirmé M. Charafeddine à notre journal. « Contrairement aux mensonges de l’Occident, la Syrie veut accueillir tous ses citoyens au plus vite, d’autant que la situation y est désormais stable », abonde-t-il. Le ministre n’en est pas à sa première visite en Syrie, s’y étant rendu à plusieurs reprises, notamment en août dernier, pour tenter de faciliter le rapatriement des réfugiés. Bien que son ministère soit chargé des personnes déplacées à l’intérieur du Liban par la guerre civile libanaise et non des réfugiés, M. Charafeddine s’est approprié ce dossier dès sa nomination, suscitant l’appréhension de ses collègues, notamment le ministre des Affaires sociales Hector Hajjar et le Premier ministre Nagib Mikati. Mais cette fois-ci, son déplacement bénéficie du feu vert du gouvernement.

« Issam Charafeddine s’est rendu à Damas, quelques semaines seulement après le directeur par intérim de la Sûreté générale Élias Baïssari, pour préparer la visite prochaine d’une délégation libanaise officielle », affirme à notre journal Ali Darwiche, ancien député proche du Premier ministre.

Reportage

"Croyez-moi, si je pouvais rentrer en Syrie, je le ferais"

Selon le procès verbal du Conseil des ministres du 6 juin que L’Orient-Le Jour a pu consulter, la délégation sera dirigée par le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib et comprendra ses collègues des ministères des Déplacés, des Affaires sociales, du Travail, de l’Agriculture, de la Culture, du Tourisme et de l’Information. « Cette délégation doit permettre de lancer une nouvelle initiative pour rapatrier pas moins de 180 000 Syriens lors de la première étape », explique M. Charafeddine. Selon nos informations, ce projet prévoit la mise sur pied d’un comité conjoint entre le Liban, la Syrie et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés afin de permettre un rapatriement sûr. Des comités seront également formés dans les villages de retour, afin de s’assurer que les conditions sécuritaires et économiques sont convenables. Les autorités libanaises devraient, de leur côté, visiter les camps pour « sensibiliser » les Syriens à cette initiative. « Il ne s’agit pas de forcer, mais d’encourager », affirme M. Darwiche, pour qui la communauté internationale doit continuer à verser de l’aide aux Syriens rentrés dans leur pays.

« Complicité du gouvernement ? »
Ces derniers mois, l’armée libanaise a déjà procédé à l’expulsion de plusieurs dizaines de ces réfugiés. Ces opérations ont suscité une levée de boucliers du côté des organisations internationales, des cas d’arrestation par le régime de Syriens rentrés au pays ayant été recensés par des organismes indépendants. Les réfugiés risquent également la conscription dans l’armée, et leurs biens immobiliers ont même parfois été expropriés par des proches du pouvoir central pendant leur absence. Mais malgré cela, les appels au rapatriement des Syriens se multiplient, même parmi les opposants à Damas.

Grand angle

Réfugiés syriens, le grand embrasement

« Après les échos positifs de la visite de Charafeddine en Syrie (…) il est devenu impératif pour le gouvernement sortant de mettre en place un calendrier clair pour le retour de tous les réfugiés syriens d’ici à la fin de cette année, écrit Samir Geagea, chef des Forces libanaises, sur son compte Twitter. Tout retard de la part du cabinet ne sera pas justifié et sera considéré comme une complicité visant à implanter les réfugiés syriens au Liban. » Ce qui lui a valu une réponse du ministre Charafeddine. « Tout le monde a le droit de dire ce qu’il veut, le Liban étant le pays des libertés, mais M. Geagea devrait être raisonnable en ce qui concerne le temps requis pour clore ce dossier », a-t-il déclaré dans des propos rapportés par un média local.

Jusque-là, les FL considéraient que la communauté internationale devait faire pression sur Bachar el-Assad pour que ce dernier garantisse un retour sûr de ses citoyens. Toutefois, ce tweet montre clairement un raidissement de la position de Meerab à ce sujet. Même Michel Murr, député du Metn considéré comme prosyrien, a souligné ce revirement. « Deux points (dans la position de Samir Geagea, NDLR) m’ont interpellé : d’abord, sa reconnaissance de la nécessité du retour des déplacés, alors que de nombreux responsables s’y opposaient depuis des années. Ensuite, l’absence d’objection à la communication avec le gouvernement syrien », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Même son de cloche du côté du Courant patriotique libre, rival des FL sur la scène chrétienne. « Nous aimerions rappeler à M. Geagea qu’il a longtemps soutenu l’accueil aléatoire et incontrôlé des réfugiés et accusé le CPL de racisme quand nous critiquions cette approche », peut-on lire dans un communiqué du parti orange.

Mais pour les FL, il n’y a aucun revirement dans leur position. « Ce que M. Geagea voulait dire, c’est que le ministre de l’Intérieur syrien est en train de mentir, sinon les réfugiés seraient rentrés depuis longtemps », affirme Charles Jabbour, porte-parole du parti. Et d’abonder : « Toutefois, le rapatriement des réfugiés est un droit souverain du Liban, d’autant qu’une grande majorité des Syriens ne risquent rien là-bas et ont voté pour Bachar el-Assad lors de l’élection présidentielle de mai 2021. » Si le maître de Damas a bel et bien obtenu une écrasante majorité des voix des Syriens installés au Liban, le scrutin était loin d’être démocratique et la participation minime par rapport à la taille de cette diaspora.

De leur côté, les Kataëb, autre parti chrétien hostile à Damas, affirment qu’on « ne peut pas faire confiance au régime de Bachar el-Assad », à en croire le porte-parole du parti, Patrick Richa. 

Douze ans après le début de la guerre civile syrienne, qui a mené plus d’un million et demi de réfugiés au Liban, Beyrouth remet, de nouveau, la question de leur retour sur la table, misant cette fois-ci sur la récente normalisation arabe avec le régime de Bachar el-Assad qui n’est plus mis au ban de la communauté internationale. C’est dans ce cadre que s’inscrit la visite à...

commentaires (1)

Personne ne peut comprendre l’attitude des pays occidentaux qui, tout d’un coup répondent favorablement aux exigence du boucher prétextant la sécurité des syriens si un rapatriement est exigé, alors que ces mêmes réfugiés feignant la peur de leur tortionnaire se rendent continuellement dans leur pays sans être inquiétés pour rapatrier leur argent versé par les ONG de toutes sortes et bénéficient de toutes les infrastructures dont les libanais manquent cruellement. Nous avons dit et répété qu’il faut que ces aides leur soient octroyées uniquement sur leur sol syrien pour alléger les libanais de leur présence afin qu’ils puissent bénéficier des deux monnaies rares qu’ils paient horriblement chers qui sont l’eau et l’électricité. Pourquoi ces pays font ils la sourde oreille et sont aux petits soins des gens qui ont une alternative qui est d’être mieux logés dans leur pays en profitant des aides sur place au lieu de rester dans le notre qui manque de tout et par la force des choses les rejette pour cause d’opportunisme exacerbé. Nous n’avons ni eau ni électricité, ni infrastructures ni sécurité ni rien. Des services que nous payons au plus fort et desquels nous n’avons accès qu’au compte-gouttes et ça, et les occidentaux se bouchent les yeux et les oreilles pour ne pas entendre nos gémissements parce que nous ne savons pas nous faire entendre comme n’importe quel autre peuple l’aurait fait. Les libanais ont le droit de vivre dignement dans leur pays avant n’importe qui. Vu?

Sissi zayyat

15 h 10, le 28 juin 2023

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Commentaires (1)

  • Personne ne peut comprendre l’attitude des pays occidentaux qui, tout d’un coup répondent favorablement aux exigence du boucher prétextant la sécurité des syriens si un rapatriement est exigé, alors que ces mêmes réfugiés feignant la peur de leur tortionnaire se rendent continuellement dans leur pays sans être inquiétés pour rapatrier leur argent versé par les ONG de toutes sortes et bénéficient de toutes les infrastructures dont les libanais manquent cruellement. Nous avons dit et répété qu’il faut que ces aides leur soient octroyées uniquement sur leur sol syrien pour alléger les libanais de leur présence afin qu’ils puissent bénéficier des deux monnaies rares qu’ils paient horriblement chers qui sont l’eau et l’électricité. Pourquoi ces pays font ils la sourde oreille et sont aux petits soins des gens qui ont une alternative qui est d’être mieux logés dans leur pays en profitant des aides sur place au lieu de rester dans le notre qui manque de tout et par la force des choses les rejette pour cause d’opportunisme exacerbé. Nous n’avons ni eau ni électricité, ni infrastructures ni sécurité ni rien. Des services que nous payons au plus fort et desquels nous n’avons accès qu’au compte-gouttes et ça, et les occidentaux se bouchent les yeux et les oreilles pour ne pas entendre nos gémissements parce que nous ne savons pas nous faire entendre comme n’importe quel autre peuple l’aurait fait. Les libanais ont le droit de vivre dignement dans leur pays avant n’importe qui. Vu?

    Sissi zayyat

    15 h 10, le 28 juin 2023

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