Une branche d'Ogero à Hazmieh, en banlieue de Beyrouth. Photo P.H.B.
Le ministre sortant des Télécoms, Johnny Corm, a défendu, mardi, les nouveaux tarifs des services de téléphonie et d'Internet fixes, gérés par l’office public Ogero et qui doivent être approuvés par le Conseil des ministres : « Nous avons cherché à ajuster les prix en fonction de nos coûts, les nouveaux tarifs seront 25 % à 27 % moins élevés que ce qu’ils (valaient avant la crise) », a affirmé le ministre, en référence à la valeur en dollars des anciens tarifs au temps où le billet vert était encore à 1507,5 livres libanaises.
Lors d’une conférence de presse en son ministère à Beyrouth, M. Corm a également soutenu que le pouvoir d’achat des utilisateurs avait été pris en compte. Invoquant des statistiques d’Ogero, il a indiqué que 60 % des 280.000 abonnés de l'office souscrivaient aux abonnements de base de 80 GB et 100 GB, dont les prix passeraient de respectivement 60.000 LL et 90.000 LL par mois (moins d’un dollar au taux du marché actuel) à 420.000 LL et 630.000 LL (moins de 7 dollars), dans la nouvelle tarification. Les forfaits les plus chers (2 et 1,5 TB) valent, eux, entre 5 et 6,2 millions de LL. « Il n’y a que 12 abonnés qui ont adopté ces forfaits, selon les chiffres d’Ogero », a insisté le ministre.
Distributeurs de quartier
M. Corm a répété que les tarifs de la téléphonie mobile, qui évoluent depuis le 1er juillet 2022 en fonction du taux de change de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban (BDL) n’allaient pas être modifiés. Il a également précisé que la question des distributeurs de quartier, qui revendent en dollars des temps de connexion aux habitants dans certaines régions, devaient être traitée à part, rappelant qu’un mécanisme avait été adopté en juillet 2022 par l’Exécutif dans le décret n° 9458. Ce texte ouvre notamment la possibilité pour le ministère de signer des contrats avec ces distributeurs illégaux, et de régulariser leur façon de procéder.
Le ministre Corm a considéré, en outre, que le Conseil des ministres était « maître de ses décisions », mais qu’il recommandait vivement d’approuver la hausse des tarifs pour permettre à Ogero de faire face à ses coûts. Il a également déconseillé l’option consistant à subventionner les tarifs des Télécoms, considérant qu’elle revenait en dernier lieu à faire assurer le coût de la mesure aux citoyens. Un argument défendu en faisant référence aux coûts engendrés par les différents mécanismes sur le taux de change dont ont bénéficié certaines importations depuis le début de la crise et qui ont contribué à accélérer la baisse des réserves de devises de la Banque du Liban de plusieurs milliards de dollars.
Le ministre a enfin défendu son action sur plusieurs dossiers, dont celui des prix des unités de mesure de la bande passante internationale E1 louées par Ogero aux opérateurs mobiles Alfa et Touch à des prix considérés comme trop bas par rapport à leur coût, par une partie de l’opinion, ces unités étant revendues aux abonnés après avoir été retravaillées. Il a ainsi souligné le fait que toute hausse des prix des E1 se répercutera à terme sur le consommateur, et rejeté les critiques reprochant à son ministère de ne pas commencer par réformer le secteur des Télécoms avant d’imposer des hausses de tarifs, argumentant qu'il ne pouvait pas faire de réforme sans investissements.
En préparation depuis plusieurs semaines, le projet de décret devant instaurer une deuxième modification des tarifs d’Ogero en un an a été validé par le Conseil d’État et doit désormais être approuvé par le gouvernement sortant. Il prévoit, grosso modo, de multiplier l’ensemble des tarifs existants par 7.
Exclusivement libellés en livres, les tarifs avaient déjà été multipliés par un facteur de 2,43 le 1er juillet 2022. Pour le ministre, ils restent cependant bien inférieurs à leur niveau d’avant la crise, lorsque l’ancienne parité livre/dollar de 1507,5 avait encore cours. Pour donner un ordre d’idées, ce taux de change a depuis été multiplié par plus de 60 depuis fin 2019. Les tarifs des opérateurs mobiles évoluent presque automatiquement en fonction des variations du taux de change, car ils sont fixés en dollars et convertibles en livres au taux de la plateforme Sayrafa qui évolue à un niveau généralement assez proche de celui du marché, soit 85.500 livres depuis l’actualisation de lundi soir.
commentaires (3)
Une question à ce monsieur: le coefficient multiplicateur des salaires et celui du taux officiel du dollar bancaire est de 10 passant de 1500 à 15000. Ce Coefficient est calculé a 60 dans le raisonnement arithmétique du ministre pour assurer que les tarifs seront moins chers qu’avant la crise. Soit il ne sait pas calculer, soit il prend les citoyens pour des idiots soit il annonce que le taux officiel du dollar va passer à 90.000. Faut il lui rappeler qu’à peine 15% de la population a ses rentrées en dollars fresh et que la majorité de la population n’a pas eu la chance ni la possibilité de planquer son épargne a l’étranger pour la préserver alors que tous les politiciens, les hauts fonctionnaires et leurs proches l’ont fait notamment de façon illégale lors du mois de fermeture des banques après le déclenchement des premières émeutes en octobre 2019. D’ailleurs c’est bien pour cela que la loi qui dort dans les tiroirs veut rendre légales les mesures prises par les banques à partir du 19 novembre 2019 et ainsi amnistier ce qui s’est fait. Alors de grâce, on sait que tous les politiciens, haut fonctionnaires et leurs proches sont pourris jusqu’à la moelle, seulement qu’ils ne nous prennent pas pour des idiots
Lecteur excédé par la censure
07 h 58, le 05 juillet 2023