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Monde - France

Mort de Nahel : les réseaux sociaux accusés d'amplifier les violences urbaines

Sur Snapchat, les vidéos de dégradations et d'affrontements avec les forces de l'ordre sont devenues virales.

Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le 30 juin 2023 sur le plateau-télé de la chaîne TF1. Photo AFP/Ludovic Marin

Trois nuits d'émeutes urbaines en France relayées en masse sur les réseaux sociaux: TikTok, Snapchat et consorts sont dans le collimateur du gouvernement, qui dénonce "une forme de mimétisme de la violence" et demande aux plateformes "d'organiser le retrait des contenus les plus sensibles".

"Incendies et tensions après la mort de Nahel", #Nahel, #nanterre, #police, #GuerreCivile... Les mots clés ou tendances suggérés par les algorithmes des réseaux sociaux renvoient en grande majorité vers les vidéos chroniquant la flambée de violence qui touche la France depuis le décès de Nahel M., 17 ans, lors d'un contrôle policier mardi à Nanterre près de Paris.

Sur Snapchat, réseau social très prisé de la jeunesse qui propose une carte interactive permettant d'indiquer en temps réel les lieux où sont concentrées les publications, les vidéos de dégradations et d'affrontements avec les forces de l'ordre sont devenues virales.

"A l'époque (des émeutes) de 2005, on n'avait pas les réseaux sociaux. Aujourd'hui, ça va très vite", a alerté vendredi sur la radio RMC Mohamed Mechmache, fondateur du collectif ACLEFEU, qui intervient dans les banlieues et les quartiers dits sensibles, craignant que ces outils alimentent davantage les émeutes. "Sur les réseaux sociaux, ça tournait en boucle en disant +on s'unit pour aller attaquer la police+", a encore déploré Jean-Marc Luca, directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne, un département de la région parisienne.

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Face à ce phénomène, le président français Emmanuel Macron a dit vendredi attendre un "esprit de responsabilité" des grandes plateformes des réseaux sociaux, où s'organisent "des rassemblements violents" et qui suscitent "aussi une forme de mimétisme de la violence, ce qui conduit chez les plus jeunes à une forme de sortie du réel".

"On a le sentiment parfois que certains d'entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués", a-t-il aussi estimé dans une critique des jeux vidéo phénomènes "Grand Theft Auto" ou "Call of Duty Warzone", alors que de nombreuses vidéos inondant les réseaux sociaux y font référence.

Réunion ministérielle avec les plateformes

"Nous prendrons dans les prochaines heures plusieurs dispositions (...) d'abord en lien avec ces plateformes", a encore annoncé M. Macron.

Dans ce contexte, une réunion entre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, celui du Numérique Jean-Noël Barrot et les plateformes numériques a eu lieu en fin d'après-midi. "Les ministres ont notamment rappelé aux plateformes leur responsabilité quant à la diffusion de ces publications", indique un communiqué du ministère de l'Intérieur. Et de leur demander de "s'engager activement pour retirer instamment les messages qui leur sont signalés et identifier les utilisateurs de réseaux sociaux qui participent à la commission d'infractions, et de répondre promptement aux réquisitions des autorités".

Boucs émissaires ?

De son côté, Meta, maison-mère de Facebook, explique avoir "des politiques claires interdisant tout contenu qui incite à la haine et la violence sur Facebook et Instagram". "Nous sommes en contact permanent avec les autorités françaises et nous avons mis en place une cellule de veille dès le milieu de la semaine pour agir le plus vite possible", poursuit le communiqué du groupe.

Même tonalité chez Snapchat : "Lorsque nous trouvons ce type de contenu - soit par détection proactive, soit lorsqu'il nous est signalé - nous le supprimons et prenons les mesures appropriées", assure un porte-parole à l'AFP. "Depuis mardi, nous examinons de manière proactive la Snap Map (la carte interactive de Snapchat, ndlr) et plus particulièrement le contenu lié aux émeutes et supprimons le contenu qui enfreint nos directives".

Or, "ce serait une erreur de choisir les réseaux sociaux comme boucs émissaires d'un phénomène qui est finalement une crise sociale et démocratique", affirme à l'AFP Leïla Mörch, experte en gouvernance de l'internet et modération des contenus en ligne. "Les réseaux sociaux l'embrasent, la mettent sous une lumière encore plus forte. C'est vraiment un miroir déformant de la réalité. Mais, en l'occurrence, ils ne sont absolument pas la cause. En 2005, il n'y avait pas les réseaux sociaux et les émeutes avaient duré le temps qu'on connaît", ajoute-t-elle, soit environ trois semaines.

Face à l'urgence de la situation, quelles sont les mesures possibles ?

"Dans des moments comme ça, on ne peut réagir qu'à chaud en supprimant du contenu en masse pour éviter de nourrir une sorte de cercle de la haine. Mais c'est liberticide et donc ce n'est une solution qu'à très court terme", prévient encore la chercheuse, estimant que les réseaux sociaux ne sont pas capables de "se poser la question d'un changement du modèle au global". 

Le Parlement français a voté jeudi l'obligation pour les plateformes comme TikTok, Snapchat ou Instagram de vérifier l'âge de leurs utilisateurs et le consentement des parents quand ils ont moins de 15 ans. En théorie, les réseaux sociaux ne sont pas ouverts aux moins de 13 ans. Mais la première inscription y interviendrait en moyenne vers huit ans et demi, et plus de la moitié des 10-14 ans y sont présents, selon des données de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).


Trois nuits d'émeutes urbaines en France relayées en masse sur les réseaux sociaux: TikTok, Snapchat et consorts sont dans le collimateur du gouvernement, qui dénonce "une forme de mimétisme de la violence" et demande aux plateformes "d'organiser le retrait des contenus les plus sensibles".

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commentaires (7)

TIKToK c’est terrible n’oubliez pas que derrière il y a la Chine

Eleni Caridopoulou

18 h 48, le 01 juillet 2023

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Commentaires (7)

  • TIKToK c’est terrible n’oubliez pas que derrière il y a la Chine

    Eleni Caridopoulou

    18 h 48, le 01 juillet 2023

  • Le jeune Nahel dans son pays d'origine aurait sagement obtempéré. Il ne l'a pas fait en France car il y a une conviction chez les jeunes que la police et la justice sont laxistes .

    Moi

    14 h 58, le 01 juillet 2023

  • DANS CE PAYS BROUILLON , à la POLICE ( BRAVO ). Conseil gratuit , 1) cessez d'utiliser des PISTOLETS, passez à LA MITRAILLEUSE 2) Écrasez IMMÉDIATEMENT le PORTABLE de toute personne arrêtée 3) Toute personne qui a manifesté et arrêté (pas d’âge limite ) , devra payer une amende de 5000 Euros AVANT de sortir de prison. Et, m… Aux DROITS DE L’HOMME. Dans votre cafouillage c’est une nouvelle « AUTO – UKRAINE ».

    aliosha

    13 h 25, le 01 juillet 2023

  • Il était temps que l’OLJ se fende d’un papier sur la situation en France même s’il le fait curieusement par le seul biais des réseaux sociaux.

    Marionet

    12 h 25, le 01 juillet 2023

  • A ceux qui pensent que la police tue....petite devinette: J'ai 17 ans et je suis déscolarisé Je suis défavorablement connu des services de police avec 15 mentions au fichier des antécédents judiciaires. En janvier 2022, j'ai fait l'objet d'une mesure éducative sur décision d'un juge pour enfants. La voiture et moi, c'est une longue histoire d'amour : Depuis 2021, j'ai déjà commis 5 refus d'obtempérer En février 2022, j'ai été accusé d'"utilisation de fausses plaques d'immatriculation", "recel" et "circulation sans assurance" Le week-end dernier, j'ai été interpellé et placé en garde à vue pour un nouveau refus d'obtempérer. Et récemment, j'ai été arrêté par la police (en janvier puis en mars 2023) pour "consommation" et "vente de produits stupéfiants". Mais je vous le dis, et ma famille se joint à moi : rien de bien anormal, je suis juste un jeune de Nanterre que les forces de l'ordre n'arrêtent pas de harceler... NB : toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existes serait purement fortuite

    C…

    12 h 14, le 01 juillet 2023

  • Je ne pense pas qu'il s'agisse de mouvements spontanées dans toute la France. Il est clair que le policier est fautif, mais la France ne mérite pas ça, après avoir emprunté des centaines de milliards depuis 1981 pour aider les immigrés. Il y a des commanditaires. Arroser un feu avec un peu d'eau ne fait que raviver les flammes. Par similarité une présence de l'Etat lacunaire, dans certaines rues et de temps en temps n'arrange rien et ne sert à rien. Il faut occuper les jeunes et leur donner du travail et à défaut d'en trouver assez pour tout le monde, il faut les faire construire des pyramides comme faisaient les pharaons pour empêcher les hommes du désœuvrement et de la révolte. Jadis, les grèves chez Renault étaient légion. Un jour la Direction a offert la possibilité aux salariés et aux syndicats de devenir porteurs d'actions de l'Entreprise et du jour au lendemain les grèves ont cessé. Ces jeunes ne se sentent pas appartenir à une Nation, il faut leur apprendre à aimer la France.

    Céleste

    11 h 52, le 01 juillet 2023

  • Quand on n’a rien à se reprocher , on s’arrête à un point de contrôle de la police, et puis n coopère. Voilà. La Justice dira son dernier mot.

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 36, le 01 juillet 2023

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