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Sport - Football - Premier League

L’Arabie saoudite, nouvelle terre promise des indésirables de Chelsea

Le royaume du Golfe ne cesse de simposer comme la nouvelle puissance émergente du football mondial, au point dentamer des tractations avec des dizaines de joueurs évoluant au plus haut niveau européen. Parmi eux, les nombreux laissés-pour-compte du côté de Stamford Bridge sont des cibles idéales pour les clubs saoudiens, mais lopération na rien dun concours de circonstances.
L’Arabie saoudite, nouvelle terre promise des indésirables de Chelsea

Le milieu de terrain marocain de Chelsea Hakim Ziyech lors d’un match de Premier League à Liverpool le 21 janvier 2023. Paul Ellis/ AFP

L’anecdote a de quoi faire sourire tant elle paraît tout droit sortie du tiroir à souvenirs d’un ancien pensionnaire de club amateur. Au début du mois de février, à l’heure où les dernières recrues de la fenêtre de transferts hivernale prenaient leurs quartiers à Cobham, le centre d’entraînement des Blues, les intendants du club se sont retrouvés devant une situation pour le moins cocasse : les vestiaires étaient devenus trop petits pour accueillir tous les joueurs de l’équipe première.

Obligés de se changer dans les couloirs après l’entraînement ou de s’asseoir par terre durant les causeries de l’entraîneur, faute de chaises, plusieurs des 48 joueurs sous contrat (sans compter ceux prêtés dans d’autres clubs) ont dû avoir l’impression de subir un sacré déclassement. À l’image finalement de celui du club de l’Ouest londonien, qui a conclu la saison à une anonyme 12e place en Premier League, son pire bilan depuis trente ans. 

Avec un effectif aussi pléthorique, difficile de mettre en place ce qui ressemble à une cohésion d’équipe. La preuve, aucun des quatre entraîneurs qui se sont succédé sur le banc de Stamford Bridge au cours de l’exercice 2022/2023 (Thomas Tuchel, Graham Potter, Bruno Saltor puis Franck Lampard) n’a réussi à aligner le même onze titulaire un match sur l’autre, à deux exceptions près.

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La menace du fair-play financier

Depuis son arrivée, Todd Boehly, lhomme daffaires à la tête dun groupe dinvestisseurs ayant mené à bien le rachat, na pas fait dans la dentelle sur le mercato : 16 recrues pour un total avoisinant les 750 millions de dollars en indemnités de transfert, autant dire que Chelsea a explosé tous les plafonds, y compris celui du Racing Club de Strasbourg qui vient tout juste de passer sous le contrôle de « BlueCo » (nom du consortium propriétaire des Blues) en fin de semaine dernière.

Autant de dépenses qui ont fini par attirer lattention du fair-play financier de la Premier League. Pour équilibrer ses comptes et satisfaire les exigences de l’organe de contrôle du championnat britannique, les dirigeants de Chelsea auraient pour mission de se débarrasser de pas moins d’une douzaine de joueurs.

Et ces derniers n’ont pas boudé leur plaisir lorsqu’un acheteur fraîchement débarqué sur le marché est venu toquer à leur porte : l’Arabie saoudite. Désireux de faire, à coups de gros chèques, de la Saudi Pro League le nouvel « eldorado » footballistique de la planète, les Saoudiens ont pris le réflexe de sauter sur tout ce qui ressemble à un joueur souhaitant aller voir ailleurs.

Une aubaine qui tombe à pic pour les Blues, et tout autant pour les clubs saoudiens, qui viennent d’être ouverts à la privatisation après la publication d’un décret royal début juin. En entrant dans le giron du Public Investments Fund (PIF), le fonds souverain saoudien, al-Hilal, al-Nasr (qui a enrôlé Crisitiano Ronaldo en décembre dernier), al-Ahli et al-Ittihad, les quatre grands clubs du royaume, sont désormais munis de moyens quasi illimités contre lesquels aucune écurie européenne, hormis peut-être le Paris Saint-Germain et Manchester City (et encore), ne peut rivaliser.

Al-Ittihad, club basé à Djeddah, s’est déjà attaché les services de milieu international français N’Golo Kanté, qui vient de parapher un contrat de trois ans avec le récent vainqueur de la Saudi Pro League, qui avait déjà fait les gros titres quelques semaines auparavant en enrôlant Karim Benzema en provenance du Real Madrid.

C’est désormais au tour de l’autre poids lourd du championnat, al-Hilal, de faire signer un des innombrables transfuges de Chelsea. Kalidou Koulibaly, ancienne pièce maîtresse de la défense du Napoli, quitte donc l’ouest de Londres un an à peine après y avoir posé ses valises. L’international sénégalais de 32 ans est d’ailleurs déjà arrivé à Riyad pour y effectuer sa visite médicale, préalable à l’officialisation de sa venue.


Simple coïncidence ?

Koulibaly assurera les arrières d’une autre recrue d’envergure ayant récemment rejoint la capitale saoudienne. Contre la bagatelle de 60 millions de dollars, al-Hilal pourra également compter sur Ruben Neves, l’ancien patron du milieu de terrain des Wolverhampton Wanderers.

Au passage, l’international portugais n’est âgé que de 26 ans et était aussi désiré par le FC Barcelone. De quoi fortement nuancer l’idée selon laquelle l’Arabie saoudite ne serait qu’un lieu de préretraite dorée pour des joueurs sur le déclin, comme avait pu l’être la Chine au début des années 2010.

Mais l’autre géant de la capitale n’est pas en reste, puisque al-Nassr est en train de boucler l’arrivée de Hakim Ziyech (30 ans), venant d’effectuer une magnifique Coupe du monde avec le Maroc. Tandis qu’al-Ahli, également basé à Djeddah, annonce de son côté le recrutement d’un autre international sénégalais, le gardien Édouard Mendy (31 ans) qui devrait bientôt être rejoint par Riyad Mahrez en instance de départ de Manchester City.

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Les noms de Pierre-Emerick Aubameyang et de Callum Hudson-Odoi sont également évoqués avec insistance, alors que celui de Romelu Lukaku a été définitivement abandonné par al-Hilal devant les exigences trop élevées de l’attaquant belge. 

Avec ces quatre transferts d’ores et déjà bouclés, dont les montants n’ont pas encore fuité mais promettent d’être faramineux, la monarchie a déjà rendu un fier service à Todd Boehly et aux finances de Chelsea, qui doit encore fortement dégraisser son effectif. Mais cette succession d’échanges de bons procédés est-elle uniquement une rencontre bienvenue entre un acheteur frénétique et un vendeur dans le besoin ?

Ces liens soudainement étroits entre Chelsea et les Saoudiens semblent aller au-delà d’une simple alliance de circonstance. Plusieurs médias anglais ont révélé les rapports privilégiés existant entre le principal actionnaire des Blues, Clearlake Capital, et l’Arabie saoudite.

Comme l’avait révélé le journaliste du Daily Mail Matt Hughes, dans un article publié en août 2022, le fonds souverain saoudien (PIF) dispose d’environ 5 % des parts de Clearlake. Une participation certes modeste, mais tout sauf anodine à l’heure où se dresse un véritable pont aérien entre Londres et Riyad.

Une preuve de plus, s’il fallait encore en donner, des liens tous azimuts que le royaume a récemment tissés un peu partout sur le Vieux Continent, et en particulier dans l’écosystème du championnat britannique. Newcastle United, passé sous pavillon saoudien à l’automne 2022, n’était qu’une pierre parmi tant d’autres de l’empire footballistique qu’est en train d’ériger l’Arabie saoudite.

Sa plus belle tête de gondole est peut-être encore à venir. Car il n’est certainement pas dû au hasard que cette percée spectaculaire du « gardien des lieux saints » soit initiée à l’approche du vote de la FIFA qui désignera, l’année prochaine, le pays hôte du Mondial 2030.

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