L'envoyé spécial français au Liban, Jean-Yves Le Drian, s'entretenant avec le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, à Beyrouth, le 24 juin 2023. Photo @Mofalebanon/Twitter
L'envoyé spécial français, Jean-Yves Le Drian, a clôturé samedi une visite de trois jours au Liban et appelé les acteurs politiques libanais à "un dialogue constructif et inclusif pour sortir de la vacance institutionnelle", mettant en garde contre le fait que "le temps joue contre le Liban".
"Pour cette première visite, j'ai voulu d'abord écouter. J’ai ainsi rencontré les autorités civiles, religieuses et militaires, ainsi que les représentants de l’ensemble des formations politiques représentées au Parlement. Je rendrai compte de cette mission au Président de la République dès mon retour en France", a indiqué l'émissaire français dans un communiqué.
"Je me rendrai à nouveau à Beyrouth très rapidement, car le temps joue contre le Liban. Je travaillerai à faciliter un dialogue constructif et inclusif entre les Libanais, afin de parvenir à une solution à la fois consensuelle et efficace pour sortir de la vacance institutionnelle et mettre en place les réformes indispensables au redressement durable du Liban, en concertation avec les pays principaux partenaires du Liban", a-t-il ajouté.
Tournée politique
La visite de M. Le Drian a été clôturée par une réunion, samedi, avec le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, au palais Bustros, en présence de l'ambassadrice de France à Beyrouth, Anne Grillo, selon un communiqué de la diplomatie libanaise. Au cours de la réunion, M. Le Drian a informé M. Bou Habib de ses rencontres avec ses différents interlocuteurs depuis son arrivée au Liban, annonçant qu'il poursuivrait ses contacts prochainement. Il avait été chargé début juin par le président français Emmanuel Macron de tenter de trouver une issue à l'impasse politique dans laquelle se trouve le Liban, où une vacance de l'Exécutif dure depuis près de huit mois.
Arrivé à Beyrouth mercredi après-midi, l'ancien ministre français des Affaires étrangères avait déclaré jeudi qu'il était au Liban pour une mission de "consultation et d'écoute", et souligné que "la solution à la crise doit d'abord venir des Libanais".
Vendredi soir, M. Le Drian avait rencontré le député indépendant Abd el-Rahman Bizri, pour discuter de la situation politique et de "la nécessité de mettre fin à la crise par le biais d'un dialogue national constructif visant à réactiver le processus constitutionnel et exécutif et à mettre fin à la vacance en élisant un président doté d'une vision" pour le pays, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
L'envoyé spécial s'est également entretenu, vendredi soir, avec le député Ahmad Kheir, représentant le bloc de la "Modération nationale", composé d'anciens proches et membres du Courant du Futur de l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Plus tôt dans la journée de vendredi, M. Le Drian avait rencontré plusieurs responsables politiques et les ambassadeurs de cinq pays impliqués dans les efforts pour trouver une issue à la crise du Liban, qui est sans chef d'Etat depuis fin octobre 2022. Selon une source diplomatique interrogée par l'AFP, les ambassadeurs avaient appelé à l'élection sans délai d'un président.
Lors de son séjour au Liban, M. Le Drian s'est entretenu notamment avec le président du Parlement Nabih Berry, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, le patriarche maronite Béchara Raï, ainsi qu'avec plusieurs députés, dirigeants politiques et chefs de partis, dont les leaders chrétiens Samir Geagea (Forces libanaises), Gebran Bassil (Courant patriotique libre, CPL), Samy Gemayel (Kataëb), et Sleiman Frangié (Courant des Marada), qui est candidat à l'élection présidentielle, soutenu par le tandem chiite Hezbollah et Amal.
La visite de M. Le Drian est intervenue une semaine après que le Parlement a tenu, sans succès, une douzième séance électorale, au cours de laquelle aucun des deux principaux candidats à la présidence - Jihad Azour, cadre du Fonds monétaire international (FMI) soutenu par l'opposition et le CPL, et Sleiman Frangié - n'a obtenu la majorité absolue des voix.
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01 h 50, le 27 juin 2023