Une pancarte avec l'inscription « Baignade interdite » et une image de requin installée sur un ponton de l'Automobile Touring Club (ATCL) à Kaslik, ainsi qu'un message vocal mettant en garde sur la présence éventuelle d'un de ces animaux dans la zone, ont semé un vent de panique mercredi sur les réseaux sociaux. Dans le message, un nageur habitué du Club affirme que la baignade y est actuellement interdite en raison de la présence d'un requin « dans le port » (la jetée) du complexe. Sans confirmer la présence d'un squale au large de l'ATCL, un responsable de l'établissement et un chercheur se veulent toutefois rassurants.
Naaman Khoury, responsable maritime à l'ATCL, a confirmé qu'une telle pancarte a bien été mise en place « à titre préventif », mais n'a pas confirmé la présence d'un requin dans la mer environnante, n'ayant rien observé lui-même. « Selon les témoignages des pêcheurs qui auraient brièvement aperçu l'animal, sa longueur serait de 1,5 à 2 mètres et il serait de couleur blanche. À mon avis, il pourrait s'agir d'un requin de sable blanc, une espèce inoffensive ». « Je ne suis toutefois pas convaincu de la présence de cette créature » dans les eaux de l'ATCL. « S'il s'agit bien d'un requin, il serait simplement de passage, a-t-il déclaré. Je suis capitaine de bateau, et je vois constamment des carcasses d'animaux flotter sur les rives. Ceci peut expliquer que les requins y viennent pour se nourrir. »
L'armée libanaise, les gardes-côtes ainsi que le ministère de l'Agriculture ont étés informés de la situation, explique M. Khoury.
Une vidéo circule également montrant des formations de vagues inhabituelles dans la baie de Jounieh, que les internautes attribuent au supposé requin se trouvant dans la zone. Toutefois, selon Manal Nader, il ne s'agit probablement pas d'un animal qui produit de telles vagues. ''Ce n'est certainement pas un requin. Si c'était le cas, on verrait son aileron'', selon lui, ajoutant que s'il s'agissait d'un autre animal marin, comme un requin ou une orque, ''le corps de l'animal apparaîtrait à la surface''.
L'expert souligne que la Méditerranée abrite plus de 45 espèces de requins, mais qu'« elles sont toutes (ou presque) inoffensives ». « Leur comportement diffère considérablement de celui des requins que l'on trouve dans le Pacifique ou d'autres mers », explique-t-il, ajoutant qu'habituellement ces derniers n'approchent pas des côtes. « Au Liban, nous n'avons aucun historique d'attaques de requins », affirme M. Nader, qui critique au contraire la pêche abusive de ces poissons. Des informations circulent régulièrement sur des requins qui sont péchés au large du Liban, notamment à Saïda et à Tyr.
Selon l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), un tiers des espèces de requins sont menacées de disparition en raison de la surpêche, prise accessoire, élimination gratuite. Cinq espèces seulement sont dangereuses pour l'homme.
M. Nader poursuit : « Bien que les requins soient des poissons carnivores, les humains ne font pas partie de leur régime alimentaire. C'est pourquoi, habituellement, les personnes attaquées par des requins ne sont pas dévorées par l'animal, mais succombent plutôt à leurs blessures. » Il souligne également que la présence de requins en soi n'est pas un problème. Par exemple, près du rivage de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), il existe une zone abritant des requins nourrices où de nombreux plongeurs nagent sans rencontrer le moindre problème.
commentaires (6)
Le requin est fait pour attaquer une proie maritime/ des espèces maritimes, nous ne le sommes pas. Les quelques attaques en mer Rouge c'est accidentel.
Eddy
15 h 29, le 22 juin 2023