Sauf improbable surprise de dernière minute, l’Association des banques du Liban (ABL) pourrait prolonger pour un an le mandat de son conseil d’administration (CA) actuel, qui arrive à échéance le 30 juin prochain.
C’est la décision que s’apprêtent à prendre les membres de l’organisation lors de l’assemblée générale prévue mardi, selon des informations relayées par le site Lebanon Debate et confirmées à L’Orient-Le Jour par deux dirigeants de banque souhaitant rester anonymes pour des raisons professionnelles. « Tout le monde est déjà d’accord », assure l’un d’eux. « Nous verrons demain si cela se confirme », a préféré temporiser le second. Contacté, le secrétaire général de l’ABL, Fadi Khalaf, s’est contenté de confirmer la programmation de l’Assemblée générale. Une modification du règlement intérieur de l’ABL pourrait toutefois s'avérer nécessaire pour valider cette extension d’un an, selon une troisième source bancaire que nous avons contactée et qui souhaite, elle aussi, rester anonyme.
Éviter la vacance
Le CA de l'ABL est actuellement dirigé par le PDG de Bank of Beirut, Salim Sfeir, qui a déjà enchaîné deux mandats de deux ans après avoir succédé en 2019 à Joseph Torbey, PDG du Crédit Libanais. Mais il semble qu'aucun autre dirigeant de banque établie au Liban et membre de l’ABL soit intéressé ou disposé à prendre sa succession. La crise que traverse le pays et qui a placé le secteur bancaire dans l’œil du cyclone, le départ probable du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, à la fin de son cinquième mandat fin juillet ou encore les dissensions internes entre les membres de l’ABL sur la façon de gérer certaines difficultés, font partie des raisons de ce désintérêt. La décision de prolonger le mandat du CA actuel pour un an serait également le moyen le plus simple d’éviter que cette instance devienne vacante à un moment aussi critique pour le secteur.
Le Fonds monétaire international (FMI), que le Liban a approché pour obtenir une aide financière conditionnée à la mise en œuvre de réformes, ne semble pas disposé à laisser les banques libanaises s’en sortir sans prendre en charge une partie des énormes pertes du pays. Certains déposants, furieux des restrictions imposées par les banques pour limiter l’accès à leurs comptes en devises depuis fin 2019, continuent de mener des opérations coup de poing contre certaines d’entre elles, ou de les poursuivre en justice, souvent avec l’appui d’organisations locales qui les soutiennent dans cette confrontation. Le secteur, lui, se défend en pointant du doigt la reposnabilité de l'État.
En outre, la restructuration du secteur bancaire est considérée par beaucoup d’observateurs comme inéluctable, même si la réalité libanaise ne leur a toujours pas donné raison. Des projets de loi organisant la résolution du secteur bancaire, la répartition des pertes financières du pays et un éventuel contrôle des capitaux sont toujours bloqués au Parlement, tandis que plusieurs banques ont déjà montré des signes d’essoufflement. En novembre 2022, la Haute autorité bancaire a décidé de redresser trois petites enseignes - Banque du crédit national al-Baraka Bank et Federal Bank. En mai, Fransabank et BLC Bank (en partie détenues par le même groupe), ont commencé à demander à certains de leurs employés de rester chez eux, justifiant cette décision par une baisse d’activité de leurs agences. D'autres ont, pour l'instant, réussi à tenir.
Selon le dernier rapport trimestriel sur le Liban publié par Bank Audi, les dépôts en devises se sont contractés de 30 milliards de dollars entre octobre 2019 et mars 2023, contre une baisse de 15 000 milliards de livres pour les dépôts en livres.
Des gens malhonnêtes prolongeant à un des leurs !!! C'est incroyable qu'aucun des actionnaires des grandes banques n'ont été accusé de malversations... Ou aucun autre crime...
12 h 54, le 20 juin 2023