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Environnement - Environnement

Quelles politiques pour stopper la pollution plastique en mer ?

Almotaz Abadi, vice-secrétaire général pour l’eau, l’environnement et l’économie bleue à l’Union pour la Méditerranée, évoque des discussions autour d’accords avec le secteur privé libanais en vue de faire face au fléau.

Quelles politiques pour stopper la pollution plastique en mer ?

Du plastique retiré de la mer avant de se désagréger et d’intégrer la chaîne alimentaire. Crédit Plastic_Busters

La Journée de l’environnement, qui tombe le 5 juin, est l’occasion d’évoquer le problème, devenu pratiquement insoluble, du microplastique en mer. Ces plastiques microscopiques, provenant de déchets qui se sont désagrégés dans l’eau, intègrent toute la chaîne alimentaire et constituent une réelle menace pour l’environnement marin et les riverains.

En Méditerranée, l’enjeu est de taille : selon un rapport de l’Union internationale de conservation de la nature datant de 2020, environ 229.000 tonnes de déchets plastiques y sont déversées chaque année, soit l’équivalent de 500 conteneurs d’expédition par jour. Almotaz Abadi, vice-secrétaire général pour l’eau, l’environnement et l’économie bleue à l’Union pour la Méditerranée (UpM), aborde le sujet des politiques de réduction et des alternatives, dans un entretien avec L’Orient-Le Jour.

« La pollution plastique dans la mer Méditerranée constitue une menace pour le bien-être, la résilience économique et la durabilité environnementale des pays de la région, met-il en garde. Les effets potentiels sur la santé humaine ne sont pas encore totalement compris et des études scientifiques en cours visent à étudier cet impact. Il a été démontré que les espèces marines ingèrent des plastiques, que ce soit intentionnellement, accidentellement ou indirectement en consommant des proies qui ont déjà ingurgité des plastiques. Cependant, d’autres analyses sont en cours pour déterminer dans quelle mesure les substances toxiques des plastiques affectent les tissus et, par conséquent, notre alimentation. »

Almotaz Abadi, vice-secrétaire général pour l’eau, l’environnement et l’économie bleue à l’UpM. Photo DR

En attendant de mieux comprendre l’effet de ces microplastiques sur notre environnement et notre métabolisme, l’urgence de mesures de réduction de la pollution se fait sentir. Si le Liban se distingue par son retard dans les politiques de gestion des déchets en général, il n’en est pas moins inclus dans des programmes méditerranéens visant à endiguer ce fléau.

Pour une mer Méditerranée « modèle »
À un niveau régional et mondial, les négociations en vue d’une réduction drastique de ces déchets plastiques en mer sont en cours. « Durant la semaine du 29 mai au 2 juin a eu lieu la seconde réunion du Comité intergouvernemental de négociation (CIN) à Paris, représentant une avancée significative dans un processus qui a débuté en février 2022, explique Almotaz Abadi. À l’époque, l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement avait adopté une résolution inédite visant à élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris son impact sur le milieu marin, dans le but de conclure les négociations d’ici à la fin de 2024. L’instrument est destiné à englober une approche globale portant sur l’ensemble du cycle de vie du plastique. »

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« En tant qu’observateur aux Nations unies, l’UpM a suivi de près l’évolution de ces négociations internationales sur la pollution plastique depuis le tout début, fournissant des mises à jour régulières à ses pays membres, dont le Liban, par l’intermédiaire de ses groupes de travail », poursuit-il.

Le cadre de l’UpM explique que son organisation apporte un soutien aux pays du sud de la Méditerranée, dont le Liban, pour la révision de leurs politiques et de leurs instruments juridiques, par le biais du projet Water and Environment Support (WES), financé par la DG NEAR de l’Union européenne, et du projet Plastic Busters CAP, labellisé et soutenu par l’UpM. Le projet WES vise à réduire l’impact et les fuites de plastiques à usage unique (SUP) dans l’environnement. Depuis mars 2022, le projet offre une assistance technique au ministère libanais de l’Environnement à cet égard.

Les supermarchés embarqués ?
« Notre assistance à des pays comme le Liban se concentre sur l’analyse des effets socio-économiques des mesures politiques, telles que la réduction ou l’interdiction de certains produits plastiques à usage unique et la promotion de solutions alternatives, y compris des alternatives non plastiques ou des options de réutilisation, souligne Almotaz Abadi. Il s’agit également de faciliter le dialogue sectoriel avec les principales parties prenantes et d’identifier une stratégie nationale pour l’interdiction progressive des produits en plastique à usage unique. »

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Plus précisément, explique-t-il, le projet cible quatre catégories d’articles en plastique à usage unique pour l’emballage des aliments et des boissons : 1) couverts, assiettes et plateaux ; 2) pailles et agitateurs ; 3) gobelets et couvercles de gobelets ; 4) récipients alimentaires, y compris les emballages pour la restauration rapide. La question des sacs en plastique est abordée en collaboration avec le projet MED II sur les déchets marins.

« Dans le cadre de l’avancement du projet, deux feuilles de route ont été élaborées, toutes deux proposant des accords volontaires avec le secteur privé comme première ligne d’action », indique-t-il. Il révèle que le 1er juin, une réunion de consultation a été organisée, à laquelle ont participé des représentants des syndicats d’entreprises concernés, des propriétaires de supermarchés, le président de l’Association des industriels libanais, des représentants du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), un représentant du ministère du Tourisme et deux chefs de département du ministère de l’Environnement.

« La réunion s’est concentrée sur la discussion des feuilles de route et la définition de la voie à suivre en ce qui concerne les accords volontaires, affirme Almotaz Abadi. Des réactions constructives ont été reçues et certains des plus grands supermarchés du pays se sont montrés très intéressés par les mesures à prendre en vue de réduire leurs émissions de polluants organiques persistants (molécules toxiques et persistantes dans l’air et dans les tissus humains, NDLR). Étant donné que ces supermarchés desservent collectivement plus de deux tiers de la population, leur engagement peut avoir un impact significatif. »

La réduction de la pollution plastique ne passe pas que par les politiques nationales. À leur niveau, chaque personne peut également jouer un rôle, surtout en période d’été, quand la population se trouve à proximité de la mer. « L’essentiel est d’adopter des modes de consommation responsables et d’adapter nos modes de vie afin d’éviter l’utilisation de plastiques à usage unique et d’adopter des alternatives plus respectueuses de l’environnement », estime l’expert. 

La Journée de l’environnement, qui tombe le 5 juin, est l’occasion d’évoquer le problème, devenu pratiquement insoluble, du microplastique en mer. Ces plastiques microscopiques, provenant de déchets qui se sont désagrégés dans l’eau, intègrent toute la chaîne alimentaire et constituent une réelle menace pour l’environnement marin et les riverains. En Méditerranée, l’enjeu...

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