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Nos Lecteurs ont la Parole

Étudiants en médecine, goûtez aux délices du volontariat !

« Seule une vie vécue pour les autres vaut la peine d’être vécue » (Albert Einstein).

Médecin et fondatrice d’une ONG qui œuvre à la promotion de la santé mentale et du bien-être des jeunes, je ne peux rester indifférente à la vue d’un bon nombre d’étudiants en médecine qui ne s’engagent dans le volontariat que dans le but d’enrichir leur CV. Soulignons d’abord que cet engagement est obligatoire dans plusieurs facultés de médecine, au Liban et de par le monde. Dans le souci de développer les compétences de leurs étudiants et de les encourager à s’impliquer dans le service de l’homme et de la société, ces institutions exigent un engagement dans des activités bénévoles. Mais voilà que ces objectifs positifs se voient banalisés et relayés au second plan. Pour beaucoup d’étudiants, ledit engagement n’est qu’un devoir ; on s’y inscrit mais sans motivation, sans intérêt à autrui ou à la société. Et on achève la mission tout comme on l’a débutée, avec une totale indifférence, et sans laisser aucun impact positif sur la communauté. Leur but ultime devient alors l’obtention, souvent non méritée, du certificat de participation. Ce n’est heureusement pas le cas pour tous. Mais pourquoi donc cette attitude négative ?

L’une des raisons est sans aucun doute l’instabilité politico-économique du Liban. Désespérés face aux crises successives, le souci ultime des jeunes serait de quitter le pays. Pour mettre toutes les chances de leur côté, et afin de se distinguer dans l’environnement complexe et très compétitif qu’est celui des études de médecine, ils doivent faire du volontariat dans le but de renforcer leur parcours académique et saisir les opportunités convoitées.

Toutefois, d’autres raisons contribuent également à leur manque de sérieux et de responsabilité. La plus flagrante et la plus affligeante est le peu d’intérêt consacré au développement des qualités humaines et altruistes, vertus importantes de la profession médicale et du service de l’autre sans grande attente en retour. Les comportements altruistes sont malheureusement peu fréquents parmi les étudiants en médecine, influencés souvent par leurs parents, leurs pairs, leurs professeurs modèles, etc. ; la concurrence, le succès et le gain personnel deviennent la normalité.

Regardons maintenant les aspects positifs de la question. Je dirais aux futures médecins : le volontariat vous permettra d’acquérir des expériences en lien direct avec votre profession que vous ne trouverez pas dans vos livres et laboratoires. De plus, il vous offre un espace sain pour grandir, se remettre en question, mûrir, renforcer la confiance en soi, développer des compétences personnelles et devenir responsable à l’égard d’autrui, de sa communauté, de la société et de son pays : par le travail d’équipe, vous aurez le pouvoir de réaliser un changement positif et réel au niveau de la société.

Vous aurez également l’occasion de forger des idées sur ce que les gens vivent, leurs aspirations, leurs attentes de « vous » en tant que futurs médecins. Vous aurez l’occasion de faire surgir le côté humain qui sommeille en vous. Vous apprendrez à sentir, écouter, observer, deviner le non-dit, et communiquer avec empathie et compassion avec chaque personne en tant qu’être humain unique. Vous goûterez aux joies qui surgissent de l’espérance que vous répandrez autour de vous et de la gratuité de donner sans rien attendre en retour.

Mais, s’il vous plaît, ne vous engagez que dans une cause qui vous intéresse, qui vous tient à cœur, votre cause peut-être. Et, surtout, n’adoptez pas l’attitude du « just check-in » : vous avez la jeunesse, l’énergie et le pouvoir pour apporter le changement, agissez, ne restez pas passifs!

J’adresserai également un message aux éducateurs de nos jeunes en médecine : il ne suffit pas de dispenser une formation solide qui vous rend fiers de vos étudiants ; il ne suffit pas non plus d’ouvrir à vos étudiants des opportunités de volontariat. Il vous incombe aussi de les suivre sérieusement et les aider à évaluer leur engagement. De plus, il faudrait les inspirer en réaffirmant votre attachement au paradigme de la noblesse de notre profession, et leur inculquer les valeurs qui ont longtemps marqué l’exercice d’un métier qui prend soin et soulage les souffrants.

La citation bien connue d’Einstein trouvera bien sa place à la fin de ce texte : « N’essayez pas de devenir un homme qui a du succès. Essayez de devenir un homme qui a de la valeur. »

Dr Zeina ASSAF MOUKARZEL, MD, MPH, MHA

fondatrice et présidente de LAMSA www.lamsaleb.org, ONG libanaise

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

« Seule une vie vécue pour les autres vaut la peine d’être vécue » (Albert Einstein).Médecin et fondatrice d’une ONG qui œuvre à la promotion de la santé mentale et du bien-être des jeunes, je ne peux rester indifférente à la vue d’un bon nombre d’étudiants en médecine qui ne s’engagent dans le volontariat que dans le but d’enrichir leur CV. Soulignons...

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