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Culture - Festival

Qui sont les artistes qui animeront les cinq soirées de Beiteddine 2023 ?

C’est l’un des grands rendez-vous de l’été libanais. Et il fête cette année ses quatre décennies d’existence. Pour l’occasion et malgré les difficultés actuelles, les organisateurs ont concocté cinq soirées répondant aux attentes éclectiques d’un public aussi diversifié que fidèle. Une programmation de qualité qui se déroulera du 20 juillet au 6 août dans le cadre historique du Palais des émirs.

Qui sont les artistes qui animeront les cinq soirées de Beiteddine 2023 ?

Une vue de la conférence de presse, avec, de gauche à droite, les ministres sortants du Tourisme, de la Culture et de l’Information entourant la présidente du festival Nora Joumblatt. Photo Michel Sayegh

Déjà le choix du lieu pour dévoiler le programme est un indicateur de l’esprit de ce quarantième Festival international de Beiteddine. Rien moins que la Bibliothèque nationale du Liban, à Sanayeh, prestigieux écrin symbolique d’une culture nationale à sauvegarder et préserver en dépit de toutes les contingences. « Ce festival qui célèbre sa quarantième année d’existence est né au cours d’une période et dans des conditions difficiles. Il a traversé au fil des ans des temps durs, mais s’est toujours maintenu. Il persiste aujourd’hui, tout en s’adaptant aux circonstances actuelles », a lancé, en ouverture de la conférence de presse, sa présidente Nora Joumblatt en présence du ministre sortant du Tourisme Walid Nassar, sous le patronage duquel a lieu ce festival, ainsi que de ses collègues sortants de la Culture, Mohammad Mortada et de l’Information Ziad Makari. La présidente du festival a aussi rappelé qu’au cours de ses quarante éditions, cet événement « a présenté plus de 500 spectacles, et accueilli plus de 6 600 artistes et plus de 700 000 festivaliers ».Avec cinq spectacles à l’affiche cet été, « auxquels vient s’ajouter « Tajreed » (« Abstraction) », l’exposition curatée par le galeriste Saleh Barakat et qui offre un éclairage sur la scène picturale contemporaine au Liban », le Festival de Beiteddine 2023 répond aux attentes de son public aussi éclectique et diversifié que fidèle. Et c’est une programmation de qualité qu’il déroule du 20 juillet au 6 août dans le cadre historique du Palais des émirs. Une programmation associant avec harmonie au cours de certaines soirées des performances d’artistes internationaux et libanais. Offrant ainsi à ces derniers l’opportunité de dévoiler des talents remarquables qui n’ont rien à envier à ceux de leurs pairs internationaux et qui sont d’ailleurs souvent déjà remarqués à l’étranger. Jugez-en par vous-même.

- 20 juillet : Farrah el-Dibany, entre arias classiques et hommage aux divas du monde arabe

La mezzo-soprano franco-égyptienne Farrah el-Dibany, accompagnée par l’Orchestre national libanais dirigé par le chef d’orchestre Loubnan Baalbacki, ouvrira les festivités avec un concert conçu sur mesure pour Beiteddine, alliant morceaux lyriques et reprises de titres du répertoire de la grande variété orientale et occidentale, ceux d’Asmahan, de Feyrouz et de Dalida…

Les plus mélomanes d’entre vous l’ont peut-être déjà applaudie lorsqu’elle s’est produite en décembre 2021 au Liban dans le cadre du festival Beyrouth Chants.

Sinon, beaucoup l’auront découverte lors de la soirée de réélection du président Emmanuel Macron au Champ-de-Mars, où sa puissante interprétation « a cappella » de l’hymne national français, La Marseillaise, avait alors plus qu’enthousiasmé l’auditoire. Ou encore lors de la cérémonie de clôture de la Coupe du monde de la FIFA en 2022 à Qatar.

Mais la carrière de la belle mezzo-soprano trentenaire ne se résume pas à ces seules performances. Née à Alexandrie, celle que les mélomanes ont surnommée la « Carmen égyptienne » prend ses premiers cours de piano au Centre des arts de sa ville natale à 7 ans, avant de quitter l’Égypte à 14 ans pour faire ses classes à l’Académie de musique Hanns-Eisler à Berlin en Allemagne. Elle continue sa formation avec un master à l’Université des arts de Berlin, obtenu parallèlement à un diplôme en architecture. Puis elle rejoint l’Académie de l’Opéra national de Paris en 2016.

Farrah el-Dibany est aujourd’hui une artiste multirécompensée. Outre le prix Wagner-Stiftung en 2018 qui l’a amenée à se produire au Komische Oper de Berlin et au Festival de Bayreuth, elle est la première Égyptienne et Arabe lauréate (en 2019) du prestigieux Prix lyrique de l’Opéra de Paris. Et la première à avoir jamais chanté sur cette scène mythique.

Outre ses interprétations de plusieurs rôles-titres d’opéras bien connus, tels que Didon, Orlofsky, Orfeo et (bien sûr) Carmen, parmi d’autres, son répertoire comprend les sections solo d’alto du Stabat Mater de Pergolesi, du Requiem de Mozart, de la Petite Messe solennelle de Rossini et de la Symphonie n° 9 de Beethoven… Mais aussi des reprises de chansons d’Asmahan (Layali el-onsi fi Vienna), de Feyrouz (Li Beyrouth) et de Dalida (Salma ya salam)… Des divas orientales dont elle se dit très inspirée, ce qui lui a valu d’être qualifiée de « mezzo volumineux, au timbre oriental, mystique et “dalida-esque” ».

- 22 juillet : Juan Gómez Chicuelo et Guy Manoukian en double concert flamenco et mélodies orientales

C’est une soirée plutôt inédite qui offre une sorte de rencontre interculturelle entre les Caminos Flamenco (chemins flamenco) de Juan Gómez Chicuelo et la fusion orientale de Guy Manoukian. Le premier est l’un des compositeurs et guitaristes espagnols les plus importants de la scène flamenco actuelle. Il sera accompagné de David Gómez à la batterie, Martín Meléndez au violoncelle et la danseuse de flamenco Karen Lugo.

Le second est un musicien, compositeur et pianiste libano-arménien très apprécié du public du Festival de Beiteddine (dont il est un ami). Ses mélodies fusion-orientales à succès l’ont amené à se produire, au cours de ces 30 dernières années, en concert partout dans le monde, de Beyrouth à Singapour, en passant par Londres, Le Caire, Dubaï ou encore tout récemment à l’Olympia de Paris.

La mezzo-soprano franco-égyptienne Farrah el-Dibany. Photo DR

- 25 juillet : double dose de jazz avec Donna Khalifé et Arthur Satyan

Là aussi, c’est un double programme qui met en vedette la chanteuse, contrebassiste et compositrice Donna Khalifé, et le pianiste et compositeur Arthur Satyan, accompagnés de leurs orchestres respectifs.

La première est réputée pour son éclectisme qui l’amène à prendre part à différents projets de jazz, de musique classique ou encore improvisée et libre, au Liban comme à l’étranger. Mais aussi à multiplier les collaborations avec d’autres formes d’art, comme le théâtre, la danse, le cinéma... Elle a, notamment, à son actif deux albums jazz (Heavy Dance, enregistré en 2017 avec son quintette, et Hope Is the Thing With Feathers, sorti en novembre 2019). Le second est l’un des plus importants musiciens de jazz de la région. Il a joué et travaillé avec des pointures du jazz, tels que Larry Coryell, Charles Davis, Ray Vega, Ed Cherry, Joe Lee Wilson, Melissa Walker, Joe Louis Walker, Deborah Davis, pour n’en nommer que quelques-uns.

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Professeur de piano depuis 1998 et fondateur en 2004 du 1er département de jazz du Moyen-Orient au Conservatoire national de musique libanais, Arthur Satyan a contribué à l’émergence d’une véritable scène jazz au Liban.

Participeront à la soirée également, qui se tiendra dans la cour intérieure (as-Salamlek) du palais de Beiteddine : le compositeur et guitariste Raffi Mandalian, le saxophoniste Armen Hyusnunts, ainsi que Sam Arnelian, Khachatur Savzyan et Fouad Afra, tous bien connus des amateurs libanais de jazz.

Guy Manoukian avait animé les soirées de Beiteddine en 2022. Photo DR

- 27 juillet : le mélange de pop-rock, musique électronique et arabe de Mayssa Karaa

Née à Beyrouth, Mayssa Karaa est une auteure-compositrice-interprète libano-américaine à la voix captivante à plusieurs octaves, et au message interculturel persuasif.

Actuellement basée à Los Angeles, en Californie, mais « toujours extrêmement attachée au Liban », a-t-elle signalé au cours de la conférence de presse à laquelle elle avait tenu à être présente, Mayssa possède à son actif, entre autres, sa participation à la version arabe de White Rabbit sur la bande originale du film American Hustle, nominé aux Grammy Awards en 2015 en tant que meilleure bande originale de compilation, ainsi qu’une version revisitée (sur des arrangements de Nassem el-Atrache) de Comfortably Numb des Pink Floyd, avec Scott Page, le saxophoniste du groupe, à laquelle Roger Waters et David Gilmour ont accordé leur bénédiction.

Vous l’aurez deviné : introduire des influences arabes dans la musique occidentale est le point fort de Mayssa, qui a également enregistré dans cette veine un album en anglais intitulé Simple Cure.

Flamenco avec le compositeur et guitariste Juan Gómez Chicuelo et la danseuse Karen Lugo. Photo Xavi Torrent

Celle qui est aujourd’hui la directrice artistique du nouveau campus du Berklee College of Music à Abou Dhabi s’engage sur une voie musicale qui lui est personnelle. À Beiteddine, elle présentera une combinaison inédite de pop, rock, électronique et musique arabe, mettant en valeur ses divers talents.

Accompagnée de son groupe, mettant en vedette ses collègues du Berklee College of Music aux côtés de talents locaux, la jeune chanteuse a façonné un spectacle « révolutionnaire » auquel ont pris part le célèbre compositeur libanais et joueur de oud Charbel Rouhana, en « gues-star », et le jeune musicien, violoniste et directeur musical jordanien Yarub Smarait. C’est d’ailleurs ce dernier qui a mixé, arrangé et produit la version arabe du morceau My Favorite Things du musical The Sound of Music, rebaptisé el-Adar byekhtar, que Mayssa vient juste de sortir.

Mayssa Karaa, une voix libano-américaine captivante. Photo DR

- 2, 3 et 5 août : « Chicago », la comédie musicale « Bil Arabi »

Adaptée (sous licence) du célèbre musical Chicago, the Musical, Bil Arabi est, comme son nom l’indique, la première comédie musicale de Broadway présentée en arabe.

Chorégraphié et mis en scène par le talentueux metteur en scène et chorégraphe libanais Roy el-Khoury, ce spectacle vivant, joyeux et de niveau mondial est interprété par une belle brochette d’acteurs, dont : Mirva Kadi, Cynthia Karam, Fouad Yammine, Youmna Bou Hadir, Matteo el-Khodor et Ilias Christophoridis, soutenus par un casting de 20 danseurs et 20 musiciens et chanteurs. Sans oublier la traduction du script et des chansons par Fouad Yammine, les arrangements musicaux réalisés par Anthony Khoury du groupe Adonis ainsi que la direction d’orchestre du maestro Elio Kallassi.

« Chicago, the Musical, Bil Arabi », une comédie musicale de niveau international. Photo DR

Produit par Nayla el-Khoury, Chicago, the Musical Bil Arabi (qui avait été lancé en avril dernier au Casino du Liban au cours de cinq soirées à guichets fermés) vous transportera dans le monde crapuleux et glamour du Chicago des années 1920. Avec sa corruption, le sensationnalisme de son système de justice et son culte des célébrités. Une thématique intemporelle qui a fait la longévité de ce musical qui joue depuis 50 ans à Broadway. Et qui est d’autant plus pertinente au Liban… À (re)découvrir sur la scène du Palais des émirs les 2, 3 et 5 août. Avec une relâche le 4 août, date désormais de funeste mémoire pour les Libanais.

Ce qu’ils ont dit

« Représentant la force et la ténacité de la scène artistique et culturelle libanaise », ce festival, qui s’inscrit, avec celui de Baalbeck, au premier plan du paysage événementiel de l’été libanais, est un symbole du « patrimoine historique et culturel du pays du Cèdre », a indiqué, dans son mot de circonstance, le ministre sortant de l’Information Ziad Makari. Insistant sur « la lueur d’espoir que cette manifestation représente », il a espéré que « sa soirée d’ouverture se fasse en présence du (futur) président de la République ».

Mettant globalement l’accent sur la qualité de ce festival, son collègue sortant du Tourisme Walid Nassar a, dans la même optique optimiste, avancé le chiffre de 2 millions de touristes, entre étrangers et expatriés libanais, attendus cet été. Il a également signalé qu’une partie des recettes de ce festival est reversée à la municipalité de Beiteddine. Même son de cloche du côté du ministre sortant de la Culture Mohammad Mortada, qui a réitéré sa conviction dans l’importance de la culture au Liban en insistant sur le rôle qu’a toujours incarné Beiteddine dans ce domaine.

Informations pratiques

Les billets sont en vente chez Virgin Ticketing. Les prix varient entre 20 et 80 dollars pour tous les spectacles, sauf Chicago, dont les premiers rangs sont à 120 dollars. Des navettes sont disponibles depuis le Centre Starco (5 dollars aller-retour).

Déjà le choix du lieu pour dévoiler le programme est un indicateur de l’esprit de ce quarantième Festival international de Beiteddine. Rien moins que la Bibliothèque nationale du Liban, à Sanayeh, prestigieux écrin symbolique d’une culture nationale à sauvegarder et préserver en dépit de toutes les contingences. « Ce festival qui célèbre sa quarantième année d’existence...

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