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Lifestyle - Spectacle

Chicago, pour la première fois en arabe, enflamme Beyrouth

Adapter la comédie musicale légendaire et presque centenaire de Broadway, « Chicago », est un rêve auquel Roy el-Khouri a toujours cru et qu’il réussit enfin à présenter sur les planches de la Salle des Ambassadeurs au Casino du Liban* avec une palette d’acteurs, danseurs et chanteurs accompagnés sur scène d’un orchestre dirigé par Elio Kallassi. « Chicago bel Arabeh » restera fidèle à la pièce originale tout en s’octroyant certaines libertés pour s’imprégner de la couleur locale.

Chicago, pour la première fois en arabe, enflamme Beyrouth

Mirva Kadi et Cynthya Karam, complémentaires, en pleine répétition. Photo DR

En pénétrant dans la Salle des Ambassadeurs du Casino du Liban pour assister à l’une des répétitions, quelques jours avant la première, les planches vibrent déjà d’un plaisir commun. Les 18 danseurs, qui chantent aussi, avec à leur tête Elliot Spiro el-Khoury, s’étirent, s’échauffent et se préparent pendant que les acteurs-chanteurs travaillent leurs vocalises autour du piano. Alors que le jour J approche, après trois mois intenses, la fatigue se ressent, l’adrénaline aussi, et chacun sur scène donne le meilleur avec un bonheur évident.

Roy el-Khouri et Chicago, un rêve qui se réalise. Photo Chicago Arabia

Derrière cette idée, dans un pays en pleine crise économique et en mode tristesse, le chorégraphe, danseur, chanteur et acteur Roy el-Khouri observe le détail de chaque mouvement et le corrige quand il le faut, d’une voix calme et apaisante. « Chicago est la première comédie musicale à laquelle j’ai assisté et ça a été une révélation », confie-t-il à L’Orient -Le Jour. Ses parents, tous les deux artistes dans l’âme, l’encouragent à embarquer pour New York en 2008, d’où il revient avec un diplôme en Broadway Musical Theatre NYFA, imprégné de l’univers des comédies musicales.

Youmna Bou Hadir (Mama Dunia) et Mirva Kadi (Selma Fehmy) se donnent la réplique. Photo Chicago Arabia

De retour au Liban, il fonde son studio de danse Steps, crée, dirige et participe à One night on Broadway, Another night on Broadway et enfin Majnoun Leila, en attendant le bon moment pour se lancer dans une adaptation. C’était sans compter l’impact du Covid-19 sur le monde du spectacle... Lorsque la vie commence à se normaliser, Roy propose à sa cousine Nayla el-Khoury, très active dans sa boîte de communication et de marketing digital madd, de se lancer dans la production du « projet fou de Chicago ». Mais pourquoi Chicago ? « C’est une comédie musicale intemporelle qui s’adapte à tous les contextes avec des thèmes toujours très actuels : la corruption, l’adultère, l’impact des médias et la célébrité qui peut brûler les ailes, précise d’emblée le duo.

Fouad Yammine (Amin Nar) et Cynthya Karam (Nancy Nar), un duo d’acteurs au top de leur forme. Photo Chicago Arabia

De plus, elle est économiquement gérable étant donné la simplicité du décor et des costumes. Ici, pas besoin d’éblouir, c’est le contenu musical qui compte. »Une fois les droits exclusifs d’adaptation en arabe acquis, un tour de force, vu que cette création avait fait l’objet de multiples adaptations (plus de 40 dans le monde), Anthony Khoury, du groupe musical Adonis, prend en charge les arrangements musicaux. « Je suis un grand fan de Chicago et je pense que la touche burlesque des années 30-40 rappelle la scène artistique au Liban », confie-t-il. L’exercice est délicat, il doit traduire les chansons en arabe, garder l’essence, le rythme et la structure de l’originale. « C’est la première fois que je fais un travail d’adaptation à cette échelle mais ça a été un exercice de réflexion sur Beyrouth », poursuit-il. Pour l’écriture du script et les paroles des chansons, Roy el-Khouri est accompagné par un Fouad Yammine très inspiré.

Elliot Spiro el-Khoury entouré de deux danseurs. Photo Chicago Arabia

Le passage de ce dernier, quoique bref, dans le rôle du mari trompé et particulièrement touchant (Amin Nar/Amos Hart), confirme qu’en tant que scénariste, homme de théâtre et acteur, il est devenu l’une des valeurs sûres de la scène artistique libanaise. Enfin, et il faut le signaler, un orchestre de 14 musiciens sera sur scène, dirigé par Elio Kalassi, qui tient à préciser : « Pour cette deuxième collaboration avec Roy, et comme l’exige le compositeur John Kander dans tous les Chicago, ils doivent chacun jouer de 4 à 6 instruments. C’était pour nous un vrai défi de trouver les meilleurs musiciens qui puissent le faire ! »

Cynthya Karam actrice, danseuse et chanteuse, une Nancy Hart à la fois drôle et manipulatrice. Photo Chicago Arabia

« That’s entertainment ! »

Pour adapter ce vaudeville spectaculaire, il a fallu se plier à un cahier des charges précis : avoir le même nombre de danseurs et chanteurs que dans la version originale, garder le style des chorégraphies et les chansons de John Kander et Fred Ebb. Et respecter le déroulement de l’histoire imaginée en 1975 par Kander et Bob Fosse d’après la pièce de théâtre éponyme signée Watkins en 1926. Inspirée d’un fait divers survenu en 1924 à Chicago, elle raconte l’histoire de Roxie qui, après avoir tué son amant, rencontre en prison Velma, une star de cabaret à laquelle elle rêve de ressembler. Pour cette première et unique édition en arabe, la brune pétillante Cynthya Karam devient Nancy Nar (Roxie Hart) alors que la jolie blonde Mirva Kadi interprète Selma Fehmy (Velma Kelly).

Maya Cherfane en pleine répétition. Photo Chicago Arabia

Lorsque Cynthya Karam, la 49e Roxie, fait son entrée, elle s’approprie la scène avec une présence solaire, une interprétation, une voix qui porte et l’aura particulière qu’elle dégage. Alors que Mirva joue de son charme avec talent et sensualité. Les gestes sont précis, et la coordination entre les deux femmes se fait dans une évidente complémentarité. Une heure et demie plus tard, la ruche se calme le temps d’une pause. Le moment opportun pour bavarder avec les actrices qui, en duo, confirment l’importance de ce spectacle dans leur parcours. Propulsée après sa participation à Star Academy Liban, Cynthya Karam, pour qui les comédies musicales ont toujours constitué un rêve, a accompagné ses études de théâtre à l’INBA (Institut national des beaux-arts de l’Université libanaise) d’ateliers internationaux pour parfaire sa voix, l’expression corporelle et le mime.

Matteo el-Khodr, la surprise de Chicago. Photo Chicago Arabia

À son palmarès, du théâtre, dont 9 ans avec Georges Khabbaz, de nombreux feuilletons télévisés, des concerts et des films. Ce qui la rend unique, c’est ce côté caméléon qui lui permet de changer de dialecte, de posture et de caractère, souvent pour un même rôle. « Chicago, confie-t-elle avec passion, m’offre ce que j’attendais depuis longtemps : à la fois chanter, danser et jouer en direct, avec toutes les possibilités et les défis que cela implique. Le personnage de Nancy oscille entre la force, la fragilité et le narcissisme. » Perfectionniste, elle poursuit : « Je ne suis pas seulement responsable de ma prestation mais je me concentre sur ma place au sein de l’équipe. Le public ne vient pas assister à une performance individuelle mais à une entité. »

14 danseurs qui dansent et chantent en direct accompagnés d'un orchestre sur scène. Photo Chicago Arabia

Quant à Mirva Kadi, mannequin, actrice et chanteuse – elle a à son actif de nombreuses séries télévisées –, sa participation à la première édition de Dancing with the Stars a été, dit-elle, « un déclic qui m’a confirmé mon amour pour la danse et le chant ». Quand Roy el-Khouri la contacte, alors qu’elle avait déjà travaillé avec lui sur un show burlesque, elle adhère sans hésiter à cette expérience qui lui apprend « la concentration, le travail d’équipe et la discipline », avec des tableaux de 7 minutes à couper le souffle. Youmna Bou Hadir (Mama Dounia/Mama Morton) promet d’être l’une des révélations du spectacle, une graine de star à suivre avec une voix grave qu’elle module à souhait. Matteo el-Khodr, lui, sera l’une des surprises que promet le spectacle. « Chicago bel Arabeh est parti de notre envie de rêver et de montrer au monde la résistance et la culture des Libanais », conclut Nayla el-Khoury, des étoiles dans les yeux. Au rendez-vous de ces trois soirées, qui affichent déjà complet, des surprises, du plaisir, de l’humour et une légèreté dont le pays a grandement besoin. Alors « Let the show begin, and… all that Jazz »…

Des dates supplémentaires ? On le souhaite...

* Chicago bel Arabeh, les 5, 6 et 7 mai dans la Salle des Ambassadeurs, Casino du Liban, à 20h30.

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commentaires (1)

Tres bien écrit! Bravo!

Mariejo ATKINS

00 h 33, le 05 mai 2023

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Commentaires (1)

  • Tres bien écrit! Bravo!

    Mariejo ATKINS

    00 h 33, le 05 mai 2023

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