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Moyen-Orient - Turquie

Dans le quartier de son enfance à Istanbul, Erdogan divise

À Kasimpasa, certains sont convaincus que les gens voteront "à 100%" pour le président sortant. Parmi les plus jeunes du quartier, beaucoup voteront pour Kemal Kiliçdaroglu.

Dans le quartier de son enfance à Istanbul, Erdogan divise

Une affiche du président turc Recep Tayyip Erdogan dans son quartier d'enfance à Istanbul, le 28 mai 2023. Photo Yasin AKGUL / AFP

Hasan Karakaya a glissé son bulletin à 08H00 tapantes. "J'étais le premier à voter. J'ai voté pour le même, toujours le même, Tayyip Erdogan", lance le vendeur de limonade, qui arpente chaque jour le quartier d'Istanbul où le président turc a grandi. "C'est le meilleur", répète à l'envi le quinquagénaire, moustache blanche et casquette noire: "C'est le leader de la Turquie et c'est un leader mondial".

A ses côtés, Mustafa Siper assure que dans les ruelles environnantes, situées sur les hauteurs de Kasimpasa, quartier populaire de la rive européenne d'Istanbul, les gens voteront "à 100%" pour Recep Tayyip Erdogan qui joue dimanche sa réélection à la tête de la Turquie. Son opposant, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, "ne peut pas gagner", tranche l'ouvrier textile.

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"J'ai appris la vie à Kasimpasa, pas dans une tour d'ivoire", a encore lancé jeudi le "Reis" ("Chef"), qui continue de revendiquer ses origines modestes. Au pouvoir depuis 2003, le chef de l'Etat, 69 ans, est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle et est donné favori du second.

Yasar Kirici, 80 ans, fut le voisin du futur président: "Notre maison était en bord de route et il passait devant notre porte tous les jours. C'était un garçon super", assure-t-il. Le "Reis" est revenu dans le quartier à la veille du premier tour. "Il nous a salués depuis sa voiture", sourit l'octogénaire. "Il ne vient plus beaucoup ici. Il n'a plus le temps, il est occupé à gérer les problèmes du monde", justifie-t-il.

"Jour et nuit"

A quelques mètres de là, Ilyas Arslan sert une soupe à un client fraîchement débarqué. "Il n'y a personne d'autre qu'Erdogan. C'est notre papa!", lance le quinquagénaire, en tablier de cuisine blanc. Attablé à l'extérieur de son échoppe autour d'un thé fumant, Hasan Kirci, 70 ans, a dans sa jeunesse joué au football contre le chef de l'Etat. Mais il a voté dimanche pour son adversaire, Kemal Kiliçdaroglu. Une seule raison à cela: "Il y avait un terrain de football là-haut. Mais ils nous l'ont fermé et désormais tous les jeunes prennent de la drogue", assure-t-il.

Ilyas Arslan, cuisinier, sert une soupe à un client dans le quartier Kasimpasa d'Istanbul, où le président turc Recep Tayyip Erdogan a grandi, le 28 mai 2023. Photo Yasin AKGUL / AFP

Son voisin, Recep Özçelik, 75 ans, votera aussi pour l'opposant numéro 1, à la tête d'une coalition de six partis. Ce chauffeur à la retraite accuse le chef de l'Etat d'être le responsable de l'inflation qui dépasse toujours les 40%. "Combien coûte un kilo de fromage désormais ?", interroge-t-il, se plaignant aussi de ne plus manger de la viande "comme avant".

Parmi les plus jeunes du quartier, beaucoup voteront aussi pour Kemal Kiliçdaroglu. "C'est un démocrate, c'est un homme honnête", glisse Ramazan Parlak, 30 ans, venu acheter des "pogaça", des petits pains chauds fourrés au fromage, à la viande ou à la pomme de terre. "La Turquie est devenue l'Afghanistan. Si Erdogan gagne, je partirai en Allemagne ou en France", affirme-t-il. Assis à l'arrêt de bus voisin, Kaan Karababa, 25 ans, juge que si le président Erdogan est réélu, "la crise économique va empirer et les réfugiés vont continuer d'affluer".

De l'autre côté de la place, Özcan Ege, chauffeur de taxi, n'est pas du même avis. "L'inflation n'est pas un problème, les gens ont toujours un peu d'argent", soutient-il. L'homme de 65 ans a grandi dans le quartier. Il se rappelle de l'adolescent Erdogan, garçon "travailleur" et "intelligent". En Turquie, "Erdogan va l'emporter avec 60% des voix. Mais ici il aura 90%", prédit-il.

Pour sa troisième campagne présidentielle, le chef de l'Etat a cette année encore enchaîné les meetings, jusqu'à trois par jour, malgré une démarche ralentie et un visage trahissant souvent la fatigue. "Il n'est pas trop vieux", juge Özcan Ege. "Il est peut-être un peu fatigué mais c'est normal, il travaille jour et nuit".

Hasan Karakaya a glissé son bulletin à 08H00 tapantes. "J'étais le premier à voter. J'ai voté pour le même, toujours le même, Tayyip Erdogan", lance le vendeur de limonade, qui arpente chaque jour le quartier d'Istanbul où le président turc a grandi. "C'est le meilleur", répète à l'envi le quinquagénaire, moustache blanche et casquette noire: "C'est le leader de la Turquie et c'est...
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