Une nouvelle force américaine dans le golfe Arabo-Persique pour répondre à l’Iran ?

C’est lors d’une cérémonie au quartier général de la 5e flotte américaine, à Bahreïn, que la Combined Task Force 154 (CTF) a été lancée officiellement par la force navale américaine. La dernière mission opérationnelle avait été créée en avril 2022, pour assurer la sécurité maritime en mer Rouge.

Cette nouvelle unité fait partie des Combined Maritime Forces (CMF), le plus grand partenariat naval multinational au monde, composé de 38 nations, dont l’Irak, la Jordanie, le Qatar ou encore l’Arabie saoudite, et commandé par un vice-amiral de la marine américaine. Basé à Manama, le partenariat lancé en 2001 s’engage à maintenir l’ordre et la stabilité des eaux internationales.

Alors que les autres unités se focalisent sur la sécurité maritime dans le golfe d’Oman et l’océan Indien, soit principalement la lutte contre la piraterie, la CTF 154 vise cinq domaines en particulier : la sensibilisation, le droit, l’interdiction, le sauvetage, l’assistance maritimes et le développement du leadership américain dans la région. La CTF 154 devrait permettre également à davantage de pays membres de s’entraîner à défendre des eaux internationales, la formation permettant de dispenser des entraînements et des enseignements à terre.

« Nos marines sont meilleures lorsque nous nous entraînons, opérons et travaillons ensemble », a déclaré le vice-amiral et commandant des CMF et de la 5e flotte américaine, Brad Cooper. « La création de la CTF 154 démontre notre profond engagement à renforcer et à élargir les partenariats grâce à de nouvelles opportunités de formation qui amélioreront la sécurité maritime régionale », a-t-il ajouté.

Tensions dans le détroit d’Ormuz

La création de cette unité intervient dans un contexte de tensions importantes dans les eaux internationales du détroit d’Ormuz, situé dans le golfe Arabo-Persique. Ce point de passage stratégique entre l’Iran et Oman, par lequel transite un cinquième du trafic pétrolier mondial, fait régulièrement l’objet de frictions entre les États-Unis et la République islamique.

La 5e flotte américaine affirme que l’Iran a attaqué, interféré avec ou saisi quinze navires commerciaux internationaux au cours des deux dernières années. En réaction, la flotte avait annoncé plus tôt ce mois-ci qu’elle allait augmenter la rotation de navires et d’avions patrouillant dans et autour du détroit d’Ormuz. « Les actions de l’Iran sont contraires au droit international et perturbent la sécurité et la stabilité régionales », avait déclaré dans un communiqué la force navale américaine à la suite d’une saisie par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon des îles Marshall dans les eaux du golfe d’Oman fin avril, alors que l’Iran évoquait une simple « collision » avec un navire.

Au cours des deux dernières semaines, l’armée américaine avait annoncé avoir saisi, dans la même zone, l’équivalent de 100 millions de dollars d’amphétamine et d’héroïne sur des navires de pêche quittant l’Iran.« Certains membres corrompus du Corps des gardiens de la révolution islamique faciliteraient la contrebande de drogues illicites ou tireraient profit du commerce de la drogue », affirme le rapport 2022 du département d’État américain sur la stratégie internationale de lutte contre les stupéfiants, sans susciter de réaction de la part du régime iranien.

« L’Iran et les pays au sud du Golfe sont capables de coopérer pour assurer la sécurité du Golfe, du détroit d’Ormuz et de la mer d’Oman », s’était contenté d’affirmer le général Mohammad Bagheri dimanche dernier lors d’une cérémonie de la marine iranienne près du détroit d’Ormuz.

La création de la nouvelle unité américaine n’a pour l’instant pas fait réagir le tout nouveau chef du Conseil suprême de la sécurité nationale d’Iran, Ali Akbar Ahmadian, qui remplace depuis lundi Ali Shamkhani, à la tête du Conseil suprême depuis dix ans. Ancien commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, le nouveau dirigeant « a joué un rôle-clé dans la construction de la force navale et de la doctrine de guerre asymétrique » de la République islamique, affirme Sina Toosi, chercheur au Center for International Policy, sur son compte Twitter, soulignant « l’expérience en stratégie de défense et en guerre navale » de Ali Akbar Ahmadian.

Lire aussi

Pourquoi Ali Shamkhani, chef de la sécurité nationale en Iran, a t-il été remplacé ?

La semaine dernière, le guide suprême iranien Ali Khamenei a rappelé les « principes » de la politique étrangère du pays dans un discours aux ministres et diplomates iraniens, réaffirmant l’importance pour Téhéran de faire preuve de flexibilité en politique internationale, sans toutefois « nier les principes » de la République islamique d’Iran, fortement ébranlée sur la scène domestique depuis le décès de la jeune Mahsa Amini en septembre dernier et la contestation qui s’en est suivie.