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Tayyip... hip-hip hourrah !


Le GPS régional fait de nos jours une belle translation du côté d’Ankara, où sous des dehors raboteux s’agite un spécimen remarquable d’humanisme et de modernité. Il n’y a pas si longtemps, on se fichait complètement de qui pouvait bien gouverner la Turquie. Mais ça c’était bien avant que Recep Tayyip Erdogan s’en vienne remuer la mélasse politico-militaire locale.


Au tout début, les angelots européens chantaient les louanges d’Erdo qui venait à peine d’éclore. L’encore Premier ministre turc représentait à l’époque l’image parfaite d’un oxymore qui venait d’être inventé dans la foulée des printemps arabes : l’islamiste modéré. Comprendre : le fanatique gentil qui embrasse sa femme entre deux prières après l’avoir cognée avec un parpaing, et n’égorge les mécréants qu’avec une lime à ongles. Il n’en fallait pas beaucoup à notre ami, en ce temps-là, pour donner des palpitations énamourées aux bonnes âmes d’Occident, qui se pâmaient devant cet Oriental ombrageux tiré à quatre épingles, toujours en veston-cravate, rasé de près, sans chemise de nuit ni babouches.


Mais la Turquie est ainsi faite qu’il lui arrive que déboulent parfois des rigolos persuadés d’être investis d’une mission supranationale, consistant à mener leurs ouailles sur les sentiers fleuris de l’enchantement universel. Ainsi en est-il de Recep Tayyip, qui a réussi à ses débuts à donner le change. Et puis comme sur le fond on ne se refait pas, voilà que le BCBG turc vire soudain Étrangleur ottoman, mugissant et crachant ses vapeurs fumantes. Le bonheur complet ! Ça doit lui rappeler ses rêveries de jeunesse, quand il s’excitait dans les meetings en comparant les mosquées aux casernes et les minarets aux baïonnettes. Il n’avait sans doute pas fumé que du tabac turc, ce jour-là…


Pour l’heure, Erdo boit du petit lait à sa mémère à l’approche du second tour de la présidentielle, et assortit sa campagne d’une belle guirlande de promesses. « Coucou, ne la voilà pas ! » comme disent les exhibitionnistes repentis. Encore quelques jours de suspense et sa libido guerrière se remettra à bouillonner. Sous les pavés, la plage… et sous les harangues électorales, la dernière couche de rage ! La seule aigreur qu’il lui reste en travers de la gorge, c’est la population kurde dont il n’a pas réussi jusque-là à en interdire l’existence. Et puis quoi encore ! Il ne va quand même pas faire risette à ces clowns en pantalon bouffant, qui s’en viendront ensuite lui touiller le merdier en jouant les héros sous ses fenêtres…


Si la Turquie n’était pas déjà dans un état pitoyable, on aurait eu des craintes pour son image.

gabynasr@lorientlejour.com

Le GPS régional fait de nos jours une belle translation du côté d’Ankara, où sous des dehors raboteux s’agite un spécimen remarquable d’humanisme et de modernité. Il n’y a pas si longtemps, on se fichait complètement de qui pouvait bien gouverner la Turquie. Mais ça c’était bien avant que Recep Tayyip Erdogan s’en vienne remuer la mélasse politico-militaire locale.Au tout...

commentaires (1)

Longtemps je me suis demandé comment prend la chimie entre un dirigeant et ses électeurs, voilà un exemple à méditer et à suivre si l’on est turc. Finalement Erdogan a gagné, mais la Turquie…

Nabil

13 h 39, le 19 mai 2023

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Commentaires (1)

  • Longtemps je me suis demandé comment prend la chimie entre un dirigeant et ses électeurs, voilà un exemple à méditer et à suivre si l’on est turc. Finalement Erdogan a gagné, mais la Turquie…

    Nabil

    13 h 39, le 19 mai 2023

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