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L’immense hommage de l’artiste agricole Dario Gambarin à Pablo Picasso

En avril dernier, le cinquantenaire du décès de Pablo Picasso a été célébré de nombreuses manières partout dans le monde : la plus inattendue était un portrait géant de ce grand maître tracé dans un champ par un tracteur.

L’immense hommage de l’artiste agricole Dario Gambarin à Pablo Picasso

Vue aérienne du portrait de Picasso. Photo tirée du compte Twitter de Dario Gambarini

À géant, géant et demi (et plus)… L’infiniment grand est la passion d’un agriculteur artistique italien nommé Dario Gambarin, qui a remué et bêché la terre pour en faire le canevas de ses œuvres picturales. Optant ainsi pour un concept créatif en harmonie avec le monde naturel, issu des années 60 et baptisé land art, qui consiste à intervenir sur l’espace et les composantes du paysage et de la nature, Gambarin a abandonné pinceaux et chevalet dans son atelier et s’est servi d’un tracteur pour tracer sur un champ de blé de 25 000 mètres carrés le portrait de Pablo Picasso. Voulant ainsi lui rendre un hommage monumental à l’occasion du cinquantenaire de son décès le 13 avril 1973, il a reproduit un autoportait de l’artiste réalisé en 1907. Sur sa page web, il précise que c’est là le plus grand portrait du célèbre peintre qui ait jamais été réalisé. Comme il l’a confié au site ARTnews, « j’ai voulu dédier ce portrait colossal à Picasso car il fait partie de ces maîtres dont on ne cesse d’apprendre. Pour ma part, j’essaie de faire ce qui, en principe, ne peut pas être fait pour apprendre ». « L’art, poursuit-il, est une aventure de l’esprit, de la pensée et de l’imagination créatrice. Seuls ceux qui ont le courage d’affronter ce voyage en toute liberté et sans en craindre les risques peuvent explorer ces réalités aux multiples facettes. »

En 2016, Gambini a utilisé son tracteur pour transformer un champ en un portrait de Donald Trump, inscrivant le mot « Ciao ». Photo tirée du compte Twitter de Dario Gambarini

Un peintre laboureur

Né en 1958 à Castagnaro (commune de la province de Vérone), où il s’était fait connaître comme peintre multidisciplinaire, Dario Gambarin avait été frappé lors d’un séjour en Allemagne par des photographies de land art. D’abord, il les perçoit « comme des œuvres parfaites, toutes bien calculées, établies, tracées selon un schéma prédéfini ». « Des trucs d’ingénieur ! » pense-t-il de prime abord. Puis, écrit-il sur sa page Facebook, « ce sera aussi de l’art, mais quel en est le risque ? ». De retour en Italie, il prend ce risque et se rend chez sa famille de fermiers. Sans prévenir son père, il grimpe dans un tracteur et se met à labourer un champ selon son imagination. Réaction compréhensible du père à cette vision : « Tu es fou ? » C’est une vue aérienne de son labourage qui dévoilera son œuvre : un visage gigantesque et fascinant. Dès lors, il s’est passionné pour la création de l’infiniment grand à ciel ouvert, s’installant dans l’esprit même des créateurs du land art qui avaient voulu sortir l’art des galeries et des musées et l’élaborer dans un environnement naturel. Côté technique, Dario Gambarin a équipé un tracteur de 150 chevaux d’un système de traçage de deux sillons qu’il manie comme des pinceaux pour exécuter ses dessins, tout en parcourant une surface d’un champs de blé battu ainsi transformée en canevas. Il laboure la terre en y dessinant en guise de sillons des visages humains. Un processus, selon ses dires, qui le transporte ailleurs : « Quand je peins sur toile, c’est une émotion, mais dans les champs, l’immensité du tableau et le risque de faire des erreurs sans possibilité de rectification m’impliquent totalement. »

Poutine en très grand. Photo tirée du compte Twitter de Dario Gambarini

Un accompagnement ponctuel

Sur son blog Artist and Art, la blogueuse Barbara Picci dévoile la manière d’opérer de Gambarin : « Normalement, il met 3 à 5 heures pour achever une composition. Ses lignes sont réalisées d’une seule traite, sans pause. Il compose d’abord le dessin sur une feuille de papier, puis prend son tracteur et fait quelques tours au ralenti dans le champ choisi pour prendre la mesure de son espace d’action et se fixer des repères. Puis, il commence à peindre “en bonne et due forme”. » Durant cette phase, il doit rester extrêmement concentré car une seule fausse ligne de quelques mètres peut compromettre l’ensemble du travail. À la fin de la performance, un photographe survole dans un petit avion l’œuvre et la photographie. Ce n’est qu’alors que Gambini peut visualiser l’ensemble et comprendre si l’exécution était parfaite. La colossale image de Picasso couchée dans un champ de blé fait partie d’une impressionnante galerie de portraits signée Dario Gambarini qui, semble-t-il, a estimé que certaines personnalités de ce monde méritaient une évocation plus grande que nature. En novembre 2013, il avait réservé cet hommage au président John F. Kennedy à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort. Avant l’élection présidentielle américaine de 2016, Gambini a utilisé son tracteur pour transformer un champ en un portrait de Donald Trump, inscrivant le mot « Ciao » sous son épaule gauche. Parmi les portraits exécutés en grand par l’artiste, Nelson Mandela, Léonard de Vinci, Dante, Baudelaire, le pape François et l’ancien président américain Barack Obama. Il crée ses œuvres d’art sur des terres agricoles après la récolte et avant que de nouvelles graines ne soient semées. Et parce que son art est à la merci d’éléments naturels, il doit immédiatement en fixer les images sur pellicule ou vidéo avant qu’elles ne disparaissent. « On dit que l’art est immortel, le mien est certes éphémère, puisqu’il dure de quelques heures à une semaine puis disparaît emporté par le soleil, le vent et la pluie. » Mais pour lui, l’essentiel reste que ses œuvres sont l’expression et l’illustration de longs parcours mémorables.

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