La dette publique libanaise finit l’année 2022 à 101,8 milliards de dollars

La dette publique libanaise a atteint 101,8 milliards de dollars à fin 2022, selon les chiffres publiés par le ministère des Finances et relayés par le bulletin hebdomadaire Lebanon This Week de Byblos Bank. Un montant qui se base sur la parité officielle de 1 507,5 livres libanaises pour un dollar, toujours effective l'an dernier, bien que cette parité en place depuis 1997 n’était presque plus utilisée dans un Liban en plein effondrement économique où le dollar s’échangeait la semaine passée autour de 95 000 livres sur le marché parallèle. A la fin de l’année dernière, le billet vert s’échangeait alors contre 43 000 livres sur le marché parallèle et contre 38 000 livres sur la plateforme de change Sayrafa de la Banque du Liban.

Ce nouveau pic de la dette publique constitue une hausse de 1,4 % par rapport aux 100,4 milliards de dollars atteints fin 2021, et de 6,5 % par rapport aux 95,6 milliards de dollars atteints fin 2020. La dette a ainsi grossi de 1,4 milliard de dollars en un an, contre une hausse de 4,8 milliards de dollars à fin 2021.

Dans le détail, à fin 2022, la dette publique était constituée à 59,4 % de la dette libellée en livres et à 40,6 % de celle libellée en devises, correspondant respectivement à 91 169 milliards de livres (soit 60,5 milliards de dollars au taux officiel ou 2,4 milliards de dollars au taux Sayrafa appliqué à cette période) et à 41,3 milliards de dollars, dont 13,5 milliards de dollars d’arriérés de paiement accumulés.

Le ministère n’a pas publié cette fois-ci de chiffres concernant la distribution de la dette totale. Ainsi, la BDL détient 63 % de la dette publique libellée en monnaie nationale à fin 2022, suivie des banques commerciales avec 17 %. Les institutions financières non bancaires et le public en détiennent 20 %. La dette en devises est, elle, détenue en majorité par des détenteurs d’eurobonds (39,3 milliards de dollars), tandis que les institutions multilatérales en détiennent 1,6 milliard et les gouvernements étrangers 455,7 millions.

Selon les données publiées antérieurement, la BDL et les banques commerciales détiennent plus de la moitié de la dette totale, ayant massivement investi des années durant dans les bons du Trésor et les eurobonds qui avaient des taux de rendement élevés, les rendant alors très vulnérables lorsque l’État a décidé de faire défaut sur sa dette en devises en mars 2020 en marge de la crise. Avec les rumeurs d’un possible défaut de paiement, une partie des créanciers internationaux s’étaient en grande partie rassemblés sous la bannière « Ad Hoc Lebanon Bondholder Group » pour négocier avec le Liban. Ils ont tenté par deux fois de rappeler le pays à ses obligations, en vain. Jusqu’à présent, soit trois ans plus tard, aucune restructuration de la dette n’a encore été effectuée et, alors que le Liban ne possède ni président ni gouvernent de pleins pouvoirs, la question de la résolution de la dette ne semble toujours pas d’actualité.