Raja Salamé absent à l'audience des juges européens pour la troisième fois en une semaine

Pour la troisième fois en une semaine, Raja Salamé, le frère du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, ne s'est pas présenté mercredi à une audience devant une délégation de juges européens, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Selon une source proche de Raja Salamé et qui a requis l’anonymat, l’intéressé n’a pas été notifié de sa convocation mercredi. Selon une autre source judiciaire haut placée, également anonyme, la notification a été envoyée à Raja Salamé, mais l’autorité judiciaire compétente n’a pas reçu d’accusé de réception de cette convocation.

L'avocat de Raja Salamé a demandé que l'audience soit reportée d'un jour (jusqu'à jeudi), rapportent des médias locaux.

La délégation européenne mène une enquête sur les frères Salamé ainsi que plusieurs de leurs associés, soupçonnés de malversations financières. Leurs investigations se sont poursuivies mercredi au palais de justice de Beyrouth, en présence du premier juge d'instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra.

Les enquêteurs européens ont ainsi entendu mercredi Raja Abou Asly, un responsable au sein de la BDL, en tant que témoin, rapporte l'Ani.

Le 25 avril, Raja Salamé avait déjà omis de se rendre à l'audience devant les juges européens pour "raisons de santé".

Riad Salamé est soupçonné d'avoir détourné des centaines de millions de dollars de commissions provenant de la vente d'actifs de la BDL par l'intermédiaire d'une société enregistrée aux îles Vierges, dont son frère Raja est l'un des bénéficiaires. En novembre 2021, le gouverneur de la BDL avait annoncé avoir fait auditer ses propres comptes. 

Plusieurs biens immobiliers européens et comptes bancaires liés à Riad Salamé sont soupçonnés d'avoir été financés par les fonds détournés. Raja Salamé avait été libéré en mai dernier contre une caution historique de 100 milliards de LL après avoir été arrêté et inculpé de "complicité d'enrichissement illicite", à l'issue d'une audience dans un tribunal à l'est de Beyrouth.

Riad et Raja Salamé, ainsi que Marianne Hoyek, l'ancienne assistante du gouverneur de la BDL, sont poursuivis pour corruption, faux et usage de faux, blanchiment d'argent, enrichissement illicite et évasion fiscale. Celle-ci s'est en revanche présentée devant les juges les 27 et 28 avril.

La semaine dernière, la justice française avait communiqué à Riad Salamé son intention de le désigner officiellement comme suspect lors d'une audience qui se tiendra en mai à Paris, sur la base d'allégations selon lesquelles il aurait présenté des relevés bancaires falsifiés fournis par le président d'AM Bank, Marwan Kheireddine, qui est également suspecté dans cette affaire. Ce dernier est rentré au Liban le 22 avril dernier.

Les enquêteurs européens avaient également entendu M. Kheireddine lors de leur première visite à Beyrouth en janvier puis interrogé Riad Salamé en tant que témoin lors de leur deuxième visite en mars, ce qui, selon son avocat, crée un "fossé insurmontable" pour le désigner comme suspect.

Cette semaine, les juges ont convoqué dans le cadre de ces affaires les directeurs au Liban de trois cabinets, dont deux internationaux, Deloitte et Ernst & Young (E&Y), qui ont effectué l'audit de la BDL.