Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) a publié ce matin les conclusions d’un rapport d’un cabinet d’audit qu’il aurait mandaté pour se défendre face aux "accusations médiatiques persistantes » à son encontre. Mercredi matin, Riad Salamé a présenté, via un communiqué, ce que plusieurs médias avaient annoncé depuis lundi soir et présenté comme sa « surprise monétaire et judiciaire". Son objectif ? Prouver que les allégations à propos de « certaines transactions opérées par la BDL et de sa fortune personnelle » sont fausses.
Dans ce communiqué, il assure que l'audit, dont il livre lui-même les conclusions, a montré qu'aucun fonds public n'avait été utilisé pour verser des commissions et des honoraires à une société détenue par son frère. Le gouverneur de la banque centrale indique avoir confié cet audit à une société de renom, sans toutefois en préciser le nom.
Le gouverneur est visé par trois enquêtes en Europe. Une enquête a notamment été ouverte en janvier en Suisse sur des soupçons de "blanchiment d'argent aggravé" dans le cadre d'une affaire où plus de 300 millions de dollars (262 millions d'euros) auraient été détournés de la banque centrale par l'intermédiaire d'une société appartenant à Raja Salamé, frère de Riad salamé. En France, le Parquet national financier (PNF) a aussi ouvert une enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs" et "blanchiment en bande organisée" à l'égard de Riad Salamé. Son avocat français, Pierre-Olivier Sur, a rejeté début juin ces accusations, y voyant une "opération de communication, voire une opération politique". Les autorités judiciaires luxembourgeoises ont également ouvert une enquête pénale visant Riad Salamé.
Dans le détail, s’agissant des opérations de la BDL, le cabinet prouve, selon le communiqué, qu’en ce qui concerne l’affaire la liant à la société Forry Associates Ltd (Forry), dont le bénéficiaire économique est son frère, Raja Salamé, ce serait une "tierce partie" qui aurait déposé les « montants dans le compte de compensation à la BDL ». Les autorités judiciaires suisses et libanaises enquêtent actuellement sur des transferts qui auraient eu lieu entre la BDL et Forry entre 2002 et 2014.
De plus, le communiqué indique que les frais et les commissions encourus auraient eux aussi été payés par une tierce partie, sans fournir plus de détails. Ce qui prouve "clairement", selon ce communiqué, que pas "un seul sou public n’a été utilisé pour payer les frais et les commissions de Forry".
Concernant sa fortune personnelle, Riad Salamé réitère que son salaire mensuel avant d’être nommé gouverneur de la BDL en 1993, alors qu’il était banquier auprès de Meryll Lycnh, était de "167 000 dollars", portant alors son salaire annuel à "2 millions de dollars". Il indique aussi qu’avant cette date, sa fortune personnelle s’élevait à 23 millions de dollars, sans compter des "actifs hérités".
Le gouverneur précise que cette somme a été confiée à des "personnes qualifiées" en qui il a confiance afin d’en assurer la gestion, "sans aucune intervention de (sa) part, le poste qu’(il) occupe ne lui permettant pas de le faire".
N’ayant pas mis ce rapport à disposition du public, Riad Salamé se dit "prêt à l’envoyer aux autorités judiciaires et à d’autres personnes au besoin".
En ce qui concerne l'affaire concernant Raja Salamé, dans laquelle la justice libanise est également impliquée suite à une demande de coopération judiciaire émise par le ministère public de la Confédération helvétique, une banque libanaise est, récemment, passée à l'offensive. Il y a une dizaine de jours, BankMed, par l’intermédiaire de son avocat Rachid Derbas, ancien ministre des Affaires sociales entre 2014 et 2016 dans le gouvernement de Tammam Salam, a porté plainte contre l’État libanais au motif que le procureur aurait commis une "faute lourde".
commentaires (10)
Quel CLOWN....
Eid Nasser
22 h 00, le 17 novembre 2021