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Moyen-Orient - Repère

Le président iranien visite Damas, en plein dégel arabe

Le déplacement d’Ebrahim Raïssi intervient au moment où le régime syrien normalise ses relations avec ses voisins arabes, dans le sillage du rapprochement entre Téhéran et Riyad.

Le président iranien visite Damas, en plein dégel arabe

Le président iranien Ebrahim Raïssi et son homologue syrien Bachar el-Assad à Téhéran. Archives AFP

En plein milieu d’efforts régionaux pour ramener la Syrie dans le giron arabe, le président iranien se rend en Syrie, une première depuis le début du conflit en 2011, dans lequel Téhéran est un allié pivot du régime de Bachar el-Assad.

Ce que l’on sait

• Le président iranien Ebrahim Raïssi démarre mercredi une visite d’État de deux jours en Syrie à l’invitation de son homologue syrien, dans un contexte de réchauffement diplomatique général au Moyen-Orient.

• Première visite d’un président iranien en Syrie depuis celle de Mahmoud Ahmadinejad en 2010, elle sera « bénéfique non seulement pour Téhéran et Damas » mais aussi pour « d’autres pays de la région », a affirmé mardi l’ambassadeur d’Iran en Syrie, Hossein Akbari, cité par l’agence de presse iranienne IRNA.

• Le président iranien sera à la tête d’une « délégation économique et politique de haut niveau » lors de ce voyage, selon la même source. Il devrait notamment dévoiler un plan d’investissement dans le secteur de l’électricité, selon Asharq al-Awsat.

• À la veille de la visite, une frappe israélienne a de nouveau ciblé l’aéroport d’Alep, tuant un soldat et blessant sept personnes, dont deux civils, selon l’agence SANA.

Le contexte

• L’Iran a été avec la Russie le principal soutien du régime syrien tout au long du conflit démarré en 2011 par sa répression brutale de manifestations prodémocratie, rendant Damas tributaire de son parrain régional. « Il y a un flou sur la dette de guerre de la Syrie envers l’Iran, mais un député iranien a évoqué le chiffre de 10 milliards de dollars annuels », affirme Firas Kontar, juriste et opposant au régime syrien.

• En contrepartie, Téhéran met progressivement la main sur des sociétés privées syriennes, telles que le troisième opérateur téléphonique Wafa Telecom, lié aux gardiens de la révolution selon une enquête publiée en décembre 2022 par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et l’Observatory of Political and Economic Networks (OPEN).

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• Par ailleurs, « Assad va céder 5 000 hectares de terre agricole à l’Iran en remboursement de ses dettes de guerre », a affirmé Firas Kontar sur son compte Twitter, d’après une information ayant fuité d’un ministre iranien en déplacement à Damas fin avril. Une fuite qui pourrait viser selon lui à « montrer qu’à la suite du rapprochement de la Syrie avec le Golfe, l’Iran entend garder la mainmise sur le pays ».

• L’Arabie saoudite a récemment repris langue avec le régime de Bachar el-Assad, envisageant de l’inviter au sommet de la Ligue arabe à Riyad le 19 mai, en contrepartie notamment d’une lutte contre le trafic de Captagon. Riyad a aussi demandé au régime syrien de limiter la présence iranienne dans son pays, selon une information exclusive de L’Orient-Le Jour. Ainsi, le chef de la diplomatie syrienne Fayçal Mekdad s’est rendu en Arabie saoudite le 13 avril, cinq jours avant la visite de son homologue saoudien, Fayçal ben Farhane, à Damas.

• Ce rapprochement et la visite du président iranien interviennent dans le sillage de la normalisation des liens diplomatiques entre Téhéran et Riyad, concrétisée par l’accord du 10 mars signé sous l’égide de Pékin.

• La Jordanie a accueilli le 1er mai une réunion de diplomates arabes, dont Fayçal Mekdad, visant à établir une feuille de route pour mettre fin au conflit syrien. Damas s’est dit prêt à lutter contre le trafic de Captagon, l’une des conditions exigées par l’Arabie saoudite. Lors d’une réunion à Djeddah le 15 avril, les représentants de neuf pays arabes, dont les pays du Conseil de coopération du Golfe, n’étaient pourtant pas parvenus à s’accorder sur les conditions de la réintégration de la Syrie à la Ligue arabe.

• La visite de M. Raïssi survient au moment où Israël multiplie les frappes aériennes en Syrie dans sa guerre de l’ombre contre l’Iran, l’État hébreu accusant la République islamique de transférer des armes à ses forces supplétives, notamment sous le couvert de l’aide humanitaire apportée par Téhéran depuis le séisme du 6 février. Lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré qu’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire était la priorité d’Israël.

Les enjeux

• Malgré la présence d’une délégation économique, la visite du président iranien ne devrait pas donner lieu à des investissements majeurs, selon Joseph Daher, maître enseignant de recherche à l’Université de Lausanne, pour qui « la Syrie n’est pas une zone d’investissement privilégiée pour les Iraniens. De fait, le nombre d’investisseurs iraniens, déjà peu nombreux, est actuellement en baisse », malgré des annonces récurrentes, comme « la création d’une banque commune entre les deux pays revenue sur le tapis ces derniers jours ».

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• Pour Téhéran, la visite de M. Raïssi pourrait plus être « une façon de démontrer que l’influence iranienne va continuer et de s’assurer que le dégel des relations entre la Syrie et ses voisins arabes ne dilue pas trop le rôle de l’Iran », selon Aron Lund, chercheur à la Century Foundation, qui ne voit « aucune raison de penser qu’Assad va mettre ses liens avec les Iraniens en péril ». Après ses rencontres avec les pays du Golfe et la Russie, « l’Iran va désormais démontrer son soutien à Damas. C’est important pour la Syrie, qui souhaite retourner dans la Ligue arabe », soutient Seth J. Frantzman, correspondant régional et analyste au Jerusalem Post.

• Pour Israël, si la visite du président iranien « n’est pas une bonne nouvelle », selon Joseph Daher, elle ne change pas fondamentalement la donne : « L’État hébreu est surtout mécontent du rapprochement de Téhéran avec Riyad, ce qui l’empêche de construire un axe régional pour faire une pression maximale contre l’Iran. »

En plein milieu d’efforts régionaux pour ramener la Syrie dans le giron arabe, le président iranien se rend en Syrie, une première depuis le début du conflit en 2011, dans lequel Téhéran est un allié pivot du régime de Bachar el-Assad.Ce que l’on sait• Le président iranien Ebrahim Raïssi démarre mercredi une visite d’État de deux jours en Syrie à l’invitation de...

commentaires (3)

Pourquoi cette photo? Est ce que l’Iran fait désormais partie des pays arabes?

Sissi zayyat

11 h 43, le 09 mai 2023

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Commentaires (3)

  • Pourquoi cette photo? Est ce que l’Iran fait désormais partie des pays arabes?

    Sissi zayyat

    11 h 43, le 09 mai 2023

  • Ni dégel, ni micro-ondes...un jeu de dupes, qui se terminera prochainement en eau de boudin.

    IBN KHALDOUN

    11 h 49, le 03 mai 2023

  • CENSUREZ ! CENSUREZ ! CE QUE JE DIS JE L,AVAIS LU DANS L,ORIENT LE JOUR POUR L,UN ET BEAUCOUP PLUS POUR L,AUTRE. POURTANT QUAND UN ABONNE LE DIT IL EST CENSURE. LE JOURNAL SE RENIE SOI-MEME. CE N,EST PLUS DE JOURNAL QU,IL EN EST QUESTION MAIS DE BORDEL COMME EST TOUT DANS LE PAYS. PRIERE DE PUBLIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 43, le 03 mai 2023

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