Réunion de Amman : la Syrie accepte de lutter contre le trafic de drogue

La Syrie a accepté d'aider à mettre fin au trafic de drogue à ses frontières avec la Jordanie et l'Irak, selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion historique, lundi, de diplomates arabes élaborant une feuille de route pour mettre fin au conflit qui déchire la Syrie depuis 12 ans.

Les ministres des affaires étrangères de la Syrie, de l'Égypte, de l'Irak, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie se sont réunis à Amman, la capitale jordanienne, pour discuter des moyens de normaliser les liens avec la Syrie dans le cadre d'un règlement politique de la guerre qui a déchiré et divisé le pays.

Ces discussions sont les premières entre le gouvernement syrien et un groupe de pays arabes depuis la décision de suspendre l'adhésion de la Syrie à la Ligue arabe en 2011, à la suite de la répression des manifestations contre le président Bachar el-Assad.

Une déclaration finale publiée à l'issue de la réunion indique que les responsables ont discuté des voies à suivre pour le retour volontaire de millions de réfugiés syriens et des efforts coordonnés pour lutter contre le trafic de stupéfiants à travers les frontières de la Syrie. Damas a accepté de "prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la contrebande aux frontières avec la Jordanie et l'Irak" et de travailler au cours du mois prochain à l'identification des producteurs et des transporteurs de stupéfiants dans ces deux pays. Le ministre syrien des affaires étrangères, Fayçal Mokdad, n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Eclairage

Le captagon, nouvel atout du maître chanteur Bachar el-Assad

La Syrie est accusée par les gouvernements arabes et l'Occident de produire du captagon, une amphétamine lucrative qui crée une forte dépendance, et d'organiser sa contrebande dans le Golfe. Des hauts fonctionnaires syriens et des proches d'Assad ont été inscrits sur les listes de sanctions des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne au cours des derniers mois en raison de ce commerce.

Des mesures sur le terrain
S'adressant aux journalistes après la réunion, le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré que la réunion était "un début, et que le processus était en cours" pour mettre fin au conflit. "Il doit y avoir des mesures sur le terrain qui conduisent à une amélioration de la réalité dans laquelle vivent la Syrie et les Syriens", a déclaré M. Safadi.

Interrogé sur le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, M. Safadi a répondu que la décision devrait être prise par l'organisation elle-même. Il n'a pas précisé si cette question était à l'ordre du jour du prochain sommet de la Ligue, qui se tiendra en Arabie saoudite le 19 mai.

La Jordanie a appelé la Syrie à s'engager conjointement avec les États arabes sur une feuille de route progressive pour mettre fin au conflit, en abordant les questions des réfugiés, des détenus, de la contrebande de drogue et des milices soutenues par l'Iran en Syrie - autant de problèmes qui affectent ses voisins. Selon le ministère jordanien des affaires étrangères, M. Mokdad a rencontré M. Safadi avant la réunion du groupe pour discuter des réfugiés, des questions liées à l'eau et de la sécurité aux frontières, y compris la lutte contre la contrebande de stupéfiants.

Amman lutte contre les groupes armés qui font passer des stupéfiants depuis la Syrie, notamment le captagon, pour lequel la Jordanie est à la fois une destination et une voie de transit principale vers le Golfe, riche en pétrole. Lundi, la télévision d'État jordanienne a déclaré que l'armée avait déjoué une opération de contrebande de drogue en provenance de Syrie, faisant un mort parmi les contrebandiers et laissant les autres s'enfuir en territoire syrien.

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Cette réunion intervient deux semaines après les discussions qui ont eu lieu dans la ville saoudienne de Djeddah entre le Conseil de coopération du Golfe, l'Égypte, la Jordanie et l'Irak, au cours desquelles certains pays ont déclaré que le retour de la Syrie dans le giron arabe était prématuré avant que Damas n'accepte de négocier un plan de paix.

Les États arabes et les pays les plus touchés par le conflit tentent de parvenir à un consensus sur le rythme de la normalisation des relations avec M. Assad, sur l'opportunité de l'inviter au sommet de la Ligue arabe et sur les conditions dans lesquelles la Syrie pourrait être autorisée à revenir. L'Arabie saoudite, superpuissance régionale, s'est longtemps opposée à la normalisation des relations avec M. Assad, mais a déclaré qu'après son rapprochement avec l'Iran, principal allié régional de la Syrie, une nouvelle approche était nécessaire avec Damas.

Cet article est une traduction d'une information de l'agence Reuters publiée en anglais