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Nos Lecteurs ont la Parole

Attendre pour rien

On attend quelque chose, quelqu’un. On attend un train, une lettre, un geste de la main. On attend la fin de l’hiver, le retour des fleurs et des beaux jours. On attend après la pluie, et le retour de l’ordre qui vient avec la rentrée et l’automne. On attend que les choses s’améliorent dans ce pays, on attend un président puis on attendra ses décisions. Un président qui ne viendra pas, et s’il vient, qui ne fera rien. Parce qu’on l’a choisi pour ça, pour qu’il ne fasse rien, à part laisser faire.

On attend le retour d’un ami, ça fait longtemps qu’on ne l’a plus revu. On attend la tendresse d’un amant. On attend la mort de certains parce qu’on les aime et qu’ils souffrent, et après, on attend avec impatience que la douleur de leur départ se tasse.

On attend, on attend et on attend.

On attend que toutes ces candidatures envoyées, tous ces mails, tous ces entretiens portent leurs fruits et aboutissent à la réponse qu’on espère. On attend que ce job qu’on hait devienne supportable, que l’ennui se transforme enfin en appréciation. On attend impatiemment que les expats reviennent, que la musique et les festivals reprennent, que ces deux-là se marient enfin et que téta sera encore là lorsque ce sera notre tour.

On attend et on attend encore. Mais est-ce que ça vaut la peine de l’attendre, d’attendre qu’il change d’avis ? Est-ce que ça vaut la peine d’attendre avant de partir ailleurs parce que, en vrai, c’est ici, sous le soleil de Beyrouth, que j’ai envie de faire ma vie ? Est-ce que ce job que je vais avoir ou pas vaut la peur de l’attente ?

On attend, et je ne pense qu’il ne faut plus attendre. À part attendre le train, j’ai la triste impression que c’est une attente pour rien. J’attends que ce que j’espère arrive malgré le fait que j’ai déjà fait tout ce que je pouvais faire, mais j’attends quand même et toujours. Alors, on attend, et cette attente me brûle la peau, m’effraye et m’effrite le cœur. Le monde change, alors, qu’on l’attend, ce changement, ce signe, ce oui ou ce non.

Et j’en oublie de profiter de la pluie lorsque c’est à son tour de colorer le ciel, et de savourer le moment présent. Cette attente qui nous dessert, qui nous fait hurler de douleur et qui un jour sera la source des regrets parce que c’est une attente pour rien.

Par définition, attendre, c’est attendre pour rien. L’inévitable est par définition inévitable, pourquoi « l’attendre » ? On en perd des jours au soleil, des moments de rires avec ceux qui sont encore là, des rencontres inédites, des cheveux aussi. Alors, il y a des choses que je vais attendre, comme le train, mais de manière générale, je ne veux plus de ce mot, cet état d’être. Il faut au contraire « être » lorsqu’on est vivant, pas attendre de l’être. Cette attente qui réduit l’ambition, effrite les souvenirs d’un soir de passion et laisse derrière elle un avant-goût amer de ce qui va de toute manière arriver. Alors, il y a des choses que je vais attendre, comme le train, mais sinon, je sais que c’est en réalité attendre pour rien.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

On attend quelque chose, quelqu’un. On attend un train, une lettre, un geste de la main. On attend la fin de l’hiver, le retour des fleurs et des beaux jours. On attend après la pluie, et le retour de l’ordre qui vient avec la rentrée et l’automne. On attend que les choses s’améliorent dans ce pays, on attend un président puis on attendra ses décisions. Un président qui ne viendra...

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Entre le 30 avril et le 1er mai les précipitations dans le nord Liban ont dépassés les 150 mm d’près la rubrique météo ? Les chiffres de cette rubrique comptent souvent des chiffres étonnés

ABOU DIWAN Nasr

06 h 34, le 01 mai 2023

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Commentaires (1)

  • Entre le 30 avril et le 1er mai les précipitations dans le nord Liban ont dépassés les 150 mm d’près la rubrique météo ? Les chiffres de cette rubrique comptent souvent des chiffres étonnés

    ABOU DIWAN Nasr

    06 h 34, le 01 mai 2023

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