Dans un discours lors d'une tournée dimanche à Jezzine avec l'ex-président de la République et fondateur du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun, le chef du CPL Gebran Bassil, également député de Batroun, a abordé le dossier de l'élection présidentielle, dans l'impasse depuis la fin du mandat Aoun en octobre 2022. Sur ce plan, il a rejeté, une nouvelle fois, la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, qui bénéficierait du soutien officieux de la France, et de celui du Hezbollah et du mouvement chiite Amal de manière officielle.
M. Bassil a également évoqué la question brûlante des réfugiés syriens au Liban, appelant à "tirer profit de l'entente entre l'Arabie saoudite, l'Iran et la Syrie" pour assurer le retour de ces réfugiés chez eux.
Voici ses principales déclarations :
Sur la présidentielle :
- "Nous voulons un président qui représente le vrai partenariat au pouvoir. Un président fort et non pas faible. Fort de caractère mais aussi du soutien des gens et des groupes parlementaires. Si cette personne n'est pas représentative de par sa personne, cela peut être comblé par une couverture parlementaire qui la soutient. Il est donc de notre responsabilité de nous entendre sur un candidat".
- "Nous avons une grande responsabilité historique en tant que chrétiens. Nous devons nous entendre pour ne pas donner de prétextes à certains sur la scène locale et à l'étranger afin de nous imposer un président".
- "En tant que CPL, nous avons accepté la candidature de plus d'une personne. Ceux qui suivent le dossier connaissent ces noms. Mais nous n'allons pas les annoncer ni les adopter parce que nous sommes sérieux quand nous affirmons vouloir parvenir à une entente, et nous ne voulons pas entrer dans le jeu des noms pour ne pas les griller".
- "Nous voulons proposer des noms autour desquels il y a en premier lieu une entente chrétienne et nationale en second lieu, pour dire aux autres de ne pas nous imposer de candidats autres que le nôtre. Tant que notre position consiste uniquement à refuser des noms, nous resterons incapables et en partie responsables de la crise".
-"Nous devons prendre une position positive en nous entendant autour d'un candidat et essayant de convaincre les autres de voter pour lui, sinon, il faut qu'on se rende au Parlement et qu'on vote pour un candidat capable de réussir et d'exprimer nos choix".
- "A ceux qui nous menacent de louper le coche du compromis nous disons : Nous n'avons pas peur et voulons rester hors du compromis parce qu'il sera boiteux et tombera. Nous ne voulons pas tomber avec ce compromis".
- "Nous ne cautionnerons aucune tentative de briser la volonté des Libanais ni aucune marginalisation des chrétiens".
- "Que personne ne nous menace de l'équation +Moi ou le chaos+ en pensant qu'il peut l'imposer. Par le passé, personne n'a pu l'imposer contre Michel Aoun qui a refusé cela et qui a été soutenu par la population. Aujourd'hui, nous emboîtons le pas et disons Non à l'équation du chaos".
Gebran Bassil semble établir un parallèle entre la situation actuelle et celle qui prévalait en 1988, lorsque Damas et Washington, alliés politiques à l'époque, avaient tenté d'imposer Mikhaël Daher, proche du régime syrien, à la présidence de la République. Après une visite à Damas, l'envoyé spécial américain, Richard Murphy, avait averti que ce serait "soit Mikhaël Daher, soit le chaos". Mais la candidature de Daher n'avait pas été acceptée et les partis chrétiens avaient boycotté la séance électorale au Parlement.
Le Liban est embourbé dans une impasse politique depuis la fin du mandat Aoun en octobre dernier, faute de consensus sur un candidat. Face au camp de l'opposition qui demeure jusque-là divisé, le tandem chiite Amal-Hezbollah a officialisé son soutien au leader des Marada Sleiman Frangié, qui se heurte cependant à un veto chrétien, notamment celui de Gebran Bassil, qui se considère comme un candidat naturel, mais qui n'a pas annoncé sa candidature jusque-là.
Selon certains observateurs, M. Frangié bénéficie du soutien de la France dans le cadre d'un troc qui permettrait d'élire un président proche de l'axe iranien et un Premier ministre qui pourrait être soutenu par Riyad en la personne de Nawaf Salam. Mais Paris dément avoir un candidat favori au Liban. L'Arabie saoudite et les principales formations chrétiennes dans le pays s'opposent à un tel compromis.
Gebran Bassil avait tenté de jouer sur la fibre chrétienne et de tendre la main au leader des FL Samir Geagea pour faire front commun face à la candidature Frangié. Mais le chef des FL a récemment affirmé qu'une entente avec le chef du CPL "est impossible sauf si M. Bassil décide de voter pour notre candidat".
Plusieurs observateurs estiment que le rétablissement des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran en mars dernier pourrait avoir des retombées positives au Liban. D'autres estiment aussi que les efforts diplomatiques déployés au niveau régional pour favoriser le retour de Damas dans le giron arabe pourraient faciliter l'élection de M. Frangié, connu pour sa proximité avec le président syrien Bachar el-Assad.
Sur les réfugiés syriens :
- "Nous craignons l'incitation confessionnelle, raciale et sectaire qui a lieu et qui est actuellement programmée au Liban contre les réfugiés" syriens.
- "Nous appelons à tirer profit du dialogue et de l'entente entre la Syrie, l'Arabie saoudite et l'Iran, pour assurer un retour adéquat, sécurisé et décent des réfugiés syriens en reconstruisant le Liban et la Syrie, et non pas en créant une nouvelle sédition entre les Libanais et les Syriens qui sert un projet de division".
Le dossier des réfugiés syriens a dernièrement provoqué des remous sur la scène locale, poussant les autorités libanaises à annoncer des mesures renforcées à l'encontre de ces réfugiés. Le gouvernement a appelé le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à transmettre ses données sur la présence syrienne au Liban, et demandé à la communauté internationale de participer à la prise en charge des réfugiés.
commentaires (13)
Mes trois commentaires ont été censurés. Non comment. Merci cher modérateur
Sissi zayyat
11 h 50, le 03 mai 2023