Rechercher
Rechercher

Risques et puérils

Il était remarquable l’autre jour d’admirer notre bon vieux ministre des Affaires qui lui sont totalement étrangères en train de jouer les utilités en se donnant en spectacle au salon d’honneur de l’AIB, pendant qu’il trônait au milieu d’une douzaine de Libanais secourus du Soudan. Il pouvait certainement bomber le torse à s’en faire péter les bretelles au vu de l’admirable performance de la diplomatie libanaise, qui a pratiquement envoyé bouler nos ressortissants en les sommant de se traîner à leurs risques et périls jusqu’à la frontière égyptienne pour se tirer de l’enfer. Encore heureux qu’il n’ait pas jugé bon de les taxer à l’arrivée au prétexte d’être venus partager l’oxygène pourri de cette République de peu.

Non content d’étaler l’impuissance de ses services dans l’urgence, cet orphelin de la Aounie en déconfiture avancée a opéré un formidable virage sur l’aile en se fendant d’une envolée lyrique larmoyante en direction de l’Arabie et des Émirats, qui ont été les seuls à cracher au bassinet pour couvrir les frais d’évacuation. Puis atterrissage en douceur et impeccable rétablissement sur pattes, pour entonner le refrain de l’entente nationale sous les branches du cèdre éternel. Ne manquait qu’un Koullouna chevrotant d’émotion avec chair de volaille parcourant la peau et ça aurait été parfait. Chapeau l’artiste !

Comme s’il ne suffisait pas aux Libanais d’ici de payer pour des nullards infoutus de gérer leur pays, il faudrait aussi que les Libanais d’ailleurs subissent leur médiocrité en mendiant leur sécurité auprès d’États qui techniquement n’ont rien à braire de nos histoires.

Décidément, la survenue de chaque urgence provoque de la surchauffe dans les neurones des huiles au pouvoir, dont les synapses suivent d’habitude leur lent cheminement à l’intérieur de leur cerveau ramolli. Et en même temps, elle dévoile l’impuissance chronique d’un gouvernement qui se retrouve, pantalon sur les chevilles, à bêler son infortune auprès des chancelleries.

La question revient à chaque couac : où trouver les milliards de biftons, quand le Trésor public possède un trou aussi béant que le coffre d’une banque locale vidé par son PDG ? Le voilà, le vrai dilemme cornélien (de Corneille, le dramaturge français, pas le chanteur rwandais) ! Des millions de dollars croqués pour rien pendant que d’autres millions, des Libanais ceux-là, se crèvent la dalle pour trouver de quoi bouffer tout en applaudissant les bouffons communautaires qui se succèdent pour haranguer des grouillots en transe.

Florilège : « Vas-y Hassan, cogne, cogne encore en Syrie, au Yémen, à Bahreïn, et libère-moi tout ça ! Courage Bachar, vidange bien la Syrie de ses foules décharnées et déverse-moi tout ça au Liban ! Et gloire à Nabeuh, Mikou, au gouverneur de la Mémère des banques et à ses ficelles financières, au couple Basileus-Tondu et la camarilla qui leur gravite autour pour les siècles des siècles. »

Le public retient son souffle, mais pas ses applaudissements.

gabynasr@lorientlejour.com

Il était remarquable l’autre jour d’admirer notre bon vieux ministre des Affaires qui lui sont totalement étrangères en train de jouer les utilités en se donnant en spectacle au salon d’honneur de l’AIB, pendant qu’il trônait au milieu d’une douzaine de Libanais secourus du Soudan. Il pouvait certainement bomber le torse à s’en faire péter les bretelles au vu de l’admirable...
commentaires (3)

C qui le Tondu dans le billet de Mr. Nasr ?

Geara Bruno

12 h 43, le 28 avril 2023

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • C qui le Tondu dans le billet de Mr. Nasr ?

    Geara Bruno

    12 h 43, le 28 avril 2023

  • Excellent M. Nasr. Heureusement que vos éditos hebdomadaires échappent aux griffes du modérateur qui, apparement n’a pas un droit de regard sur ce que vous exprimer pour notre plus grand bonheur. Vous êtes le seul à pouvoir exprimer avec les mots qui conviennent notre frustration sans passer par la censure. OUF! Au moins un libanais patriote peut le faire et avec brio en imposant son style sans porter de gants ni adopter une langue de bois pour satisfaire les censeurs au service des fossoyeurs. On se console comme on peut.

    Sissi zayyat

    10 h 50, le 28 avril 2023

  • Je n’arrive pas à lire la charte..mais ok sur la moderation

    Guillaume

    07 h 55, le 28 avril 2023

Retour en haut