La chance de penser autrement

Quel regard porter autour de soi en ce Moyen-Orient réputé compliqué ?

Entre des sunnites nouvellement émancipés prônant le libéralisme et le rapprochement des religions, d’autres encore attachés aux traditions et des chiites prétendant défendre leur minorité menacée et des peuples malmenés par la dictature éclairée ou obscure, comment trouver le bonheur ? Que dire depuis trois quarts de siècle d’une population étrangère à la recherche d’un pays refuge après avoir subi des persécutions scandaleuses, qui s’est mise à son tour à malmener une population abandonnée à son sort ? Que penser d’une population qui, depuis un siècle, vit sous le joug du confessionnalisme sur le territoire libanais ?

Le Liban, qui a à peine effleuré le bonheur durant quelques années, paye lourdement les conséquences du confessionnalisme. N’y a-t-il pas une autre voie possible pour retrouver son bonheur au pays du lait et du miel ? Les Libanais n’ont-ils pas eu assez du confessionnalisme et de ses affres ? Ne sont-ils pas assez intelligents pour s’en débarrasser et essayer autre chose ? Sont-ils à ce point obscurcis par le suivisme et le féodalisme ? Où sont donc leur fierté et leurs cultures brillantes qui font leur célébrité de par le monde ? Oui, les Libanais ont la chance de pouvoir penser autrement. Une occasion enfin de trouver le bonheur de vivre sur cette belle partie du monde ouverte à l’Orient et à l’Occident au bord de cette Méditerranée riche en civilisations. Oui, il ne tient qu’à eux de saisir cette chance de vivre la liberté de penser. Résidents et diaspora unis, revendiquer un statut spécial international est possible. En cette république qui a si mal célébré son centenaire, il y a autre chose que la soumission.

Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? Qu’est-ce qu’on attend pour s’unir entre vertueux ? En 1920, le pays avait dit ce qu’il voulait alors, aujourd’hui le Libanais vertueux et libre, diaspora et résidents diront ce qu’ils veulent en allant réclamer devant les médias du monde un statut nouveau. Aucun pays ne peut vivre avec deux armées dont l’une est financée par l’étranger. À quoi serviraient une présidence de la République et deux armées ? À quoi serviraient la République et toutes ses institutions dans pareille configuration ? Avant de penser à la présidence, il faut d’abord résoudre la question des deux armées. Pour cela, il faut commencer par penser autrement. Le Libanais vertueux existe, et il a la chance de pouvoir penser autrement dans cette partie du monde. Personne ne nous sauvera si nous ne disons pas ce que nous voulons.

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