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Culture - Sélection

Quand les rêves de Beyrouth s’affichent sur les Écrans du réel

Organisée avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération suisse, Metropolis Cinema présente la 18e édition du festival Écrans du réel qui se tiendra du 27 avril au 7 mai, à Beyrouth (cinémas Montaigne et Grand Galaxy), mais aussi à Tripoli (al-Rabita al-Sakafia – 10, 11 mai), Saïda (Ishbilia – 12, 13 mai) et Hammana (Hammana Artist House – 19, 20 mai). Près de 25 films au programme, dont la plupart sont projetés pour la première fois au Liban. Les œuvres libanaises sont projetées en présence de leur réalisateur. Voici notre top 4.

Quand les rêves de Beyrouth s’affichent sur les Écrans du réel

Scène d’« Un cœur perdu et autres rêves de Beyrouth » de Maya Abdul-Malak. Photo DR

« Un cœur perdu et autres rêves de Beyrouth » de Maya Abdul-Malak

Ce film qui ouvre ce soir le festival les Écrans du réel à Beyrouth (cinéma Montaigne) a reçu la mention spéciale du « Cinéma du réel ». Sa réalisatrice, la cinéaste libano-française Maya Abdul-Malak, a toujours voulu saisir une Beyrouth qui danse avec la mort. Au début de son court-métrage, un homme appelle son fils. « Où es-tu ? » dit-il, et ce dernier de lui répondre : « Je suis partout. » C’est le point de départ à d’autres histoires. Une histoire collective qui n’en finit pas de se répéter. Maya Abdul-Malak a voulu dépeindre la capitale libanaise dans tous ses paradoxes. Pour ce faire, elle opte pour le langage du rêve. En se demandant comment les Beyrouthins vivent en digérant les tragédies l’une après l’autre, elle représente trois personnages qui sont l’assemblage de multiples autres personnes. Ces passants qui errent dans la ville sont-ils des fantômes ou des êtres vivants dans les limbes ? Une écriture puissante qui soutient l’action, avec un souci du cadrage et de la lumière. En bord de mer ou dans un camp palestinien, les histoires s’enchevêtrent. Le court-métrage de la réalisatrice résulte d’une accumulation de traumatismes. « C’est ce traumatisme qui nous déchire et nous rassemble », dit-elle.

Jeudi 27 avril à 20h au cinéma Montaigne, Institut français du Liban, rue de Damas.

Nour Ballouk à sa fenêtre de la maison mauve. Photo DR

« Tales of the Purple House » (« Contes de la maison pourpre ») de Abbas Fahdel

Prix du jury œcuménique à Locarno en 2022, ce film est un regard croisé du réalisateur et de son épouse sur l’histoire et l’actualité d’un pays fracassé. Depuis leur « maison mauve » au Liban-Sud (point chaud du pays), le cinéaste franco-irakien Abbas Fahdel et son épouse libanaise, la peintre Nour Ballouk, vont à la découverte d’un Liban multiple. Trois heures d’un poème visuel et contemplatif. Mais attention, ne pas craindre la durée du film. On y pénètre doucement, comme dans une longue symphonie, guidé par le regard du couple. On savoure les silences de la campagne devenus si rares qui côtoient la ville qui chahute. Les « atmosphères » du ciel changeant, la flore panachée et les chats avoisinant des serpents témoignent de cette vie à la fois douce et sauvage, sans contraintes. La vision du réalisateur, à la fois caméraman, scénariste et monteur, est une gloire à la nature. Quant à Nour Ballouk, elle essaie de reconstruire le monde abîmé avec sa peinture. On en sort les yeux éblouis de beauté et convaincu que l’art peut sauver le monde.

Dimanche 30 avril à 17h au Grand Cinemas Galaxy, Furn el-Chebback.

« Sur l’Adamant », la péniche de Nicolas Philibert. Capture d’écran YouTube

« Sur l’Adamant » de Nicolas Philibert

L’Adamant est un centre de jour unique en son genre : c’est un bâtiment en bois flottant sur l’eau. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes – des quatre premiers arrondissements – souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les aide à sortir un peu de leur cloisonnement et à s’ouvrir au monde. L’équipe qui anime ce centre tente de contrecarrer la déshumanisation de la psychiatrie. Le réalisateur du documentaire, Nicolas Philibert, invite les spectateurs à aller à la rencontre de ces personnes que l’on regarde souvent autrement ou qui nous sont parfois invisibles. Leur quotidien est chaque jour réinventé : ateliers de travail, de lecture, bar ou restaurant, ils y évoluent en toute liberté. Pour le réalisateur d’Être et avoir, la psychiatrie est en péril et l’Adamant offre une nouvelle possibilité de reconquérir notre humanité. Ce film bouleversant a remporté l’Ours d’or du meilleur documentaire à la 73e édition du Festival de Berlin. Il conquiert aujourd’hui nos cœurs.

Vendredi 28 avril à 20 heures, cinéma Montaigne, Institut français du Liban, rue de Damas.

La réalisatrice libanaise Rania Stephan et l’écrivaine et activiste syrienne Samar Yazbek en conversation. Photo DR

« Le champ des mots : conversations avec Samar Yazbek » de Rania Stephan

Le cinéma et la littérature peuvent-ils rendre compte de la tragédie de la guerre ? C’est à travers un dialogue filmique avec l’écrivaine et activiste syrienne Samar Yazbek que la réalisatrice libanaise Rania Stephan tisse des éléments visuels et sonores pour trouver du sens face à la violence du monde. Le champ des mots : conversations avec Samar Yazbek a remporté le prix du meilleur film au Festival du film de la villa Médicis en 2022.

L’axe du film n’est pas ce qu’imaginait au départ la réalisatrice, c’est-à-dire le témoignage chronologique des événements de la guerre en Syrie, mais plutôt un recentrage sur la littérature et le cinéma. Comment les mots sans images de violence outrancière pouvaient-ils exprimer ces horreurs ? Rania Stephan a suivi Samar Yazbek dans ses interventions publiques, dans les colloques, les débats et les foires de livres. Elle voulait montrer « comment l’écrivaine a absorbé la tragédie syrienne dans son corps ». De 2014 à 2019, on voit combien elle a changé et comment la tragédie a complètement été intégrée dans son corps. Un documentaire hors du commun, esthétique et fort.

Jeudi 4 mai à 20h, cinéma Montaigne, Institut français du Liban, rue de Damas.


Retrouvez l'intégralité du programme du festival Les Écrans du réel à Beyrouth, en cliquant ici

« Un cœur perdu et autres rêves de Beyrouth » de Maya Abdul-MalakCe film qui ouvre ce soir le festival les Écrans du réel à Beyrouth (cinéma Montaigne) a reçu la mention spéciale du « Cinéma du réel ». Sa réalisatrice, la cinéaste libano-française Maya Abdul-Malak, a toujours voulu saisir une Beyrouth qui danse avec la mort. Au début de son court-métrage, un...

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