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Dernières Infos - Tensions

La Russie "préoccupée" par un checkpoint azerbaïdjanais sur un axe vital vers le Karabakh

La Russie

Un homme met le feu au drapeau de l'Azerbaïdjan lors de la cérémonie d'ouverture des Championnats d'Europe d'haltérophilie à Erevan, en Arménie, le 14 avril 2023. Photo Vahram Baghdasaryan/Photolure/Reuters

La Russie s'est dite lundi "préoccupée" après l'installation par l'Azerbaïdjan d'un premier point de contrôle sur un axe vital pour l'Arménie au Nagorny Karabakh, une mesure "inacceptable" pour Moscou qui voit son influence régionale s'éroder.

Cet épisode représente une aggravation des tensions déjà très fortes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques du Caucase qui se sont affrontées pour le contrôle de la région montagneuse du Nagorny Karabakh lors de deux guerres, l'une dans les années 1990 et l'autre en 2020.

Moscou a parrainé un accord de cessez-le-feu qui a mis fin aux hostilités en 2020 et a déployé sur place un contingent de soldats de la paix, à qui Erevan reproche désormais leur inaction alors que les Azerbaïdjanais bloquent depuis plusieurs mois l'accès au Karabakh. "Nous exprimons notre grave préoccupation quant à la situation", a indiqué lundi le ministère russe des Affaires étrangères, jugeant "inacceptable (...) toute mesure unilatérale en violation" des accords signés en 2020. "Nous appelons les parties à revenir immédiatement aux accords existants", a-t-il ajouté, déplorant "le danger" engendré par le "degré accru de rhétorique accusatrice et agressive" des deux côtés.

Dimanche, l'Azerbaïdjan a annoncé avoir installé un point de contrôle à l'entrée du corridor de Latchine, assurant vouloir "empêcher le transport illégal de main-d'oeuvre, d'armes et de mines depuis le territoire de l'Arménie à destination des formations illégales de bandits arméniens sur le territoire de l'Azerbaïdjan".

Le ministère arménien des Affaires étrangères a, lui, dénoncé "une nouvelle provocation" avec "des prétextes faux et sans fondement".

Le couloir de Latchine est un axe vital pour l'approvisionnement du Nagorny Karabakh depuis l'Arménie. L'enclave montagneuse, peuplée majoritairement d'Arméniens, est déjà confrontée depuis des semaines à des pénuries de vivres et médicaments et coupures de courant.

La circulation sur cette route était déjà entravée par des Azerbaïdjanais se présentant comme des militants écologistes protestant contre les mines illégales dans la région.

L'Arménie accuse de son côté Bakou d'être à l'origine du blocus du Karabakh, région qui a fait sécession de l'Azerbaïdjan à l'effondrement de l'Union soviétique.

Menaces "exacerbées"

Lundi, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a assuré que son pays était confronté à des menaces "exacerbées", tout en disant que son gouvernement tentait de chercher une "réponse positive à la question de la sécurité nationale".

Ces derniers mois, la Russie, mais aussi l'Union européenne et les Etats-Unis, ont tour à tour essayé de relancer des négociations compliquées entre Erevan et Bakou, sans réussite à ce stade.

Les Etats-Unis se sont dits "très inquiets" de l'établissement du point de contrôle azerbaïdjanais et la France l'a "déploré", appelant Bakou à "se conformer à ses obligations internationales".

Au-delà du blocus du Karabakh, les forces arméniennes et azerbaïdjanaises s'affrontent régulièrement lors d'échauffourées à la frontière entre les deux pays, des incidents qui ont fait des dizaines de morts.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a indiqué à la presse que "la Russie poursuit ses efforts de médiation". "La situation n'est pas simple. Elle demande des efforts supplémentaires, et surtout, elle demande aux (deux) pays de comprendre qu'il n'y a pas d'alternative à la mise en oeuvre dudit accord" de 2020, a-t-il réclamé.

A Erevan, l'installation du point de contrôle azerbaïdjanais suscite la consternation, mais aussi de la colère contre la Russie. "Les soldats de la paix (russes) qui sont là-bas ne font rien, probablement. Ils cèdent petit à petit sans rien faire", dénonce ainsi Sos Kroïan, un avocat âgé de 53 ans.

L'agacement de l'Arménie face à la Russie n'a fait que croître ces dernières semaines, relève auprès de l'AFP l'expert indépendant russe Arkadi Doubnov. Selon lui, les autorités arméniennes voient désormais la Russie, par ailleurs empêtrée dans son offensive en Ukraine, comme "impuissante ou réticente à faire pression sur l'Azerbaïdjan", pays soutenu par la Turquie.

Un autre analyste russe, Andreï Souzdaltsev, souligne que l'incapacité des forces de Moscou à défendre l'Arménie a "fortement sapé la crédibilité de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)", une alliance d'ex-républiques soviétique dirigée par la Russie.

En janvier, l'Arménie a renoncé à accueillir des exercices de l'OTSC, tout en se gardant jusqu'à présent de quitter l'organisation.

La Russie s'est dite lundi "préoccupée" après l'installation par l'Azerbaïdjan d'un premier point de contrôle sur un axe vital pour l'Arménie au Nagorny Karabakh, une mesure "inacceptable" pour Moscou qui voit son influence régionale s'éroder.Cet épisode représente une aggravation des tensions déjà très fortes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques du...