Le gouvernement sortant a prévu de se réunir aujourd’hui pour étudier plusieurs mesures et projets de lois, qui pourraient notamment conduire à l’augmentation du salaire minimum dans le secteur privé et de l’indemnité de transport, tous deux calculés et payés en livres libanaises, dont la valeur s’effondre depuis 2019.
Autre point important inséré à l’ordre du jour le 13 avril dernier, à la veille du week-end de la Pâques orthodoxe : le Conseil des ministres a prévu d’examiner un « projet de loi revêtu de caractère d’urgence » visant apparemment à modifier la liste des billets de livres libanaises que la Banque du Liban peut émettre.
Plus précisément, le projet de loi cherche à modifier deux dispositions du Code de la Monnaie et du Crédit. L’article 5, qui liste les pièces de monnaie et coupures actuelles, soit 1, 5, 50, 100, 250, 500, 1.000, 5.000, 10.000, 20.000, 50.000 et 100.000 et l’article 47, qui dispose que la Banque du Liban possède la prérogative exclusive d’émettre la monnaie – prérogative qui lui est accordée par l’Etat, comme le précise l’article 10 du même Code.
Si le projet de loi est approuvé, il devra ensuite être transmis au Parlement qui pourra éventuellement le voter.
500 000 et 1 million ?
Si aucune annonce officielle ne l’a confirmé, les informations qui circulent dans les milieux bancaires et qui sont relayées par certains médias (dont la LBCI reprenant le quotidien panarabe Asharq al-Awsat) annoncent la probable émission de deux nouvelles coupures : l'une de 500.000 livres et une autre d’un million.
Contacté, le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, n’a pas répondu à nos appels visant à l’interroger sur ce point ainsi que sur les modifications que le même projet de loi prévoit d’apporter à l’article 47.
L'une des possibilités concernant cet article serait, en théorie, qu'il soit modifié pour transférer la prérogative exclusive d’émettre les coupures au gouvernement, ou de la partager entre la BDL et le ministre des Finances – sur le modèle de ce que prévoit le budget pour la détermination du taux de change effectif applicable à certains impôts. Dans l’un ou l’autre cas, la BDL ne pourrait plus, en principe, prendre seule la décision d’utiliser la planche à billets pour imprimer de la monnaie comme elle l’a fait depuis le début de la crise.
Le 5e mandat du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, s’achève cet été. Le haut-responsable ainsi que des membres de son entourage font l'objet d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien au Liban que dans plusieurs pays d’Europe, portant sur des soupçons de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite. Des soupçons qu'il rejette catégoriquement jusqu'à présent.
La livre libanaise a, elle, perdu plus de 98 % de sa valeur depuis le début de la crise en 2019 et le taux de change avoisine les 97.000 livres pour un dollar depuis plusieurs semaines, aux antipodes des 1.507,5 livres pour un dollar, l'ancienne parité officielle, désormais fixée à 15.000 LL. En cause notamment, une balance des paiements qui affiche un déficit chronique depuis des années, le pays important l’essentiel de ses besoins, alors que son économie ne génère pas suffisamment de devises et que ses institutions accumulent les déficits.
Au-delà de l’impact de cette chute sur le pouvoir d’achat des Libanais, cette situation pose un problème pratique de taille dans une économie essentiellement basée sur le cash et de plus en plus dollarisée du fait de la dimension bancaire et financière de la crise. Le billet de 1.000 livres, qui servait d’unité de base, ne vaut plus qu’un peu plus d’un cent de dollar. Et avec les coupures actuellement en circulation (1.000, 5.000, 10.000, 20.000, 50.000 et 100.000), la moindre transaction atteignant quelques dizaines de dollars se chiffre en effet en million, obligeant les professionnels comme les particuliers à conserver des liasses gigantesques de livres sur eux, notamment pour ceux n'ayant pas accès à des dollars ou qui ne souhaitent pas les utiliser pour toutes les opérations qu’ils réalisent.
Autre point important inséré à l’ordre du jour le 13...
@ OLJ > il serait intéressant de savoir OÙ seront imprimés ces nouveaux billets de banque... de belles surprises en perspective !
19 h 25, le 18 avril 2023