Médiatiquement très discret, le vice-président du Conseil des ministres Saadé Chami a fait parler sa plume mardi, pour répondre aux membres de la classe politique qui considèrent que le Fonds monétaire international s’est désengagé du dossier libanais et que la responsabilité en incombe au gouvernement.
“Le gouvernement a préparé, en accord avec le FMI, un programme économique et financier, ainsi qu’un plan (…) qui ont été transmis au Parlement le 9 septembre dernier”, a rappelé dans un communiqué l’économiste, passé par les bancs de l’organisation internationale, avant de s’étonner : “A la lumière des complications survenues, certains ont conclu que le Fonds monétaire avait décidé de se retirer de l’accord, alors que le Liban a confirmé qu’il restait engagé à ses côtés”.
Solutions et tragédies
Saadé Chami n’est membre d’aucun parti politique et a été chargé par le gouvernement Mikati, formé en septembre 2021, de mener les négociations avec le FMI. Dans son communiqué, il a également souligné qu’il avait accompli sa “tâche principale au sein du gouvernement consistant à” préparer un programme intégré de réformes économiques et de finaliser un accord avec le FMI . Il a ajouté que le pays a encore des “solutions” pour sortir de la crise dans laquelle il s’enfonce depuis 2019 à condition qu’il y ait une “volonté politique” pour les mettre en œuvre. Il a enfin considéré que repousser encore plus la mise en œuvre des réformes pourrait conduire le pays à “d’autres tragédies” . Il a en outre fustigé l’incohérence de ceux qui louent le fait de recourir au FMI mais critiquent le plan du gouvernement, qui est pourtant le “pilier” d’un accord avec l’organisation pouvant déboucher sur le déblocage d’une assistance financière.
Cette déclaration survient moins d’une semaine après la conclusion de la visite d’une délégation du Fonds monétaire conduite par le chef de mission pour le Liban, Ernesto Ramirez Rigo, venue livrer ses observations dans le cadre du processus d’évaluation des pays membres prévue à l’article IV de ses statuts.
La délégation avait exposé ses conclusions au cours d’une conférence de presse inédite, organisée au Phoenicia sans le moindre officiel libanais, déplorant le peu de progrès réalisés pour mettre en place les réformes prévues dans l’accord préliminaire signé en avril 2022 et mettant en avant la responsabilité du Parlement dans ce retard. Elle s’était également montrée intransigeante sur la question de la reconnaissance et du traitement des pertes financières accumulées par le pays (autour de 70 milliards de dollars, soit 3 à 4 fois le PIB selon les estimations officielles), insistant sur le fait qu’elles devaient être partagée entre l’État, la Banque du Liban, les banques et les déposants compte tenu de leur importance. La délégation avait aussi indiqué que si les détails de l’accord préliminaire nécessitaient d’être actualisés, le fonds en restait identique. Elle avait enfin précisé que le montant de l’aide que le FMI pouvait décider de débloquer en faveur du Liban – 3 milliards de dollars sur quatre ans – s’il venait à honorer ses engagements pourrait être amené à changer.
“Le gouvernement a préparé, en accord avec le FMI, un programme économique...
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