Le Département du Trésor américain a imposé des sanctions, mardi, contre une série de personnalités syriennes et libanaises, y compris les narcotrafiquants libanais Nouh Zeaïter et Hassan Dekko, pour trafic de Captagon.
Dans un long communiqué, le Bureau du contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Département du Trésor américain a ajouté à sa liste d'individus sanctionnés, "en coordination avec des contreparties au Royaume-Uni", plusieurs "personnes clés qui soutiennent le régime du président syrien et la production ou l'exportation de Captagon, une amphétamine dangereuse".
"La Syrie est devenue un leader global de la production de Captagon, qui est hautement addictif et dont une grande partie passe par le Liban, a déclaré le directeur de l'OFAC Andrea M. Gacki, cité par le communiqué. Avec nos alliés, nous demandons des comptes à ceux qui soutiennent le régime de Bachar el-Assad avec des revenus illicites du trafic de drogue et d'autres moyens financiers, qui permettent au régime de poursuivre la répression du peuple syrien". "Le régime syrien et ses alliés sont de plus en plus impliqués dans la production et le trafic de Captagon pour générer des devises, estimées par certaines à des milliards de dollars".
Le Trésor US souligne, dans le cadre de cette procédure,"le rôle des trafiquants de drogue libanais, dont certains maintiennent des liens avec le Hezbollah, dans la facilitation de l'exportation de Captagon", ainsi que "la domination de la famille (du président syrien Bachar) el-Assad sur le trafic de Captagon.
Opérations "sous couvert du Hezbollah"
Le premier des deux trafiquants libanais sanctionnés est Hassan Dekko, un Syro-Libanais surnommé "Le roi du Captagon" par les médias et dont le Trésor souligne les relations avec la "Quatrième division de l'armée syrienne dirigée par Maher el-Assad" et le fait que ses opérations se font "sous couvert du Hezbollah". "Dekko a été arrêté au Liban en 2021 pour trafic de drogues en lien avec l'envoi d'une quantité massive de Captagon en Malaisie, avant d'être transféré en Arabie saoudite. Des membres du Hezbollah sont suspectés d'avoir facilité les activités de Dekko lorsqu'il était en prison", ajoute le texte. Deux entreprises d'import-export enregistrées au nom de Hassan Dekko et opérant dans la Békaa sont sanctionnées en même temps que lui.
En décembre dernier, Hassan Dekko avait été condamné à sept ans de prison avec travaux forcés. une source judiciaire.
Le second est Nouh Zeaïter, "un trafiquant d'armes et de drogues notoire, actuellement recherché par les autorités libanaises". Le Trésor souligne également ses liens avec l'armée syrienne.
Deux cousins d'Assad
Parmi les personnalités syriennes, l'OFAC a ajouté à sa liste l'homme d'affaires Khaled Kaddour "un proche-associé de Maher el-Assad", frère cadet de Bachar el-Assad et chef de la Quatrième division de l'armée syrienne, qui contrôlerait la contrebande, les pillages et des trafics en tout genre dans le pays en guerre. "Kaddour serait la personne responsable de la gestion des revenus générés par ces activités" illicites de l'armée syrienne, selon l'OFAC. Un cousin du président Assad, Samer Kamal el-Assad, est également ajouté à la liste des sanctions pour ses activités de "surveillances de cites de production du Captagon à Lattaquié, en coordination avec la Quatrième division et certains associés du Hezbollah". Un second cousin Assad, Wassim Badi el-Assad, est également sanctionné pour "plusieurs rôles" de soutien à l'armée syrienne.
Enfin, un membre de l'Armée syrienne libre, rassemblement de groupes rebelles, Imad Abou Zoureik, est également sanctionné pour jouer un "rôle important dans la production et le trafic de drogue dans le sud de la Syrie", notamment via le poste-frontière de Nassib entre la Syrie et la Jordanie.
Les États-Unis ont déjà imposé des sanctions à de nombreuses personnes ayant des liens présumés avec le puissant parti chiite, mais aussi à des politiciens libanais de haut rang comme le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil et le député du mouvement Amal Ali Hassan Khalil, accusés de corruption. En janvier, l'OFAC avait annoncé des sanctions contre l'ancien président et l'actuel vice-président du Paraguay pour corruption, en citant leurs liens avec le Hezbollah.
En raison de ces sanctions, les avoirs des personnes désignées doivent être gelés et signalés à l'OFAC, précise le communiqué. L'OFAC peut également "interdire ou imposer de strictes conditions à l’ouverture ou au maintien aux États-Unis d’un compte correspondant ou d’un compte créditeur par l’intermédiaire d’un compte d’une institution financière étrangère qui a consciemment effectué ou facilité une transaction importante au profit d’un terroriste mondial".
Les sanctions par les USA se transforment sur le terrain du trafic comme "une décoration de l'ordre du mérite", aidant les trafiquants à assoir solidement leur ascendants sur leurs semblables. Ils ne vont pas ouvrir des comptes chez l'Uncle Sam, Quand même!
12 h 05, le 29 mars 2023