
Une grande horloge près du Grand sérail à Beyrouth, le 27 mars 2023. Photo REUTERS/Mohamed Azakir
Après le tollé provoqué ces derniers jours par sa décision, prise sans considération pour les conséquences pratiques et techniques de reporter d'un mois le changement d'heure, le Premier ministre sortant Nagib Mikati s'est ravisé lundi, à l'issue d'un Conseil des ministres. Les ministres ont décidé que le Liban passera, dans la nuit de mercredi à jeudi, à l'heure d'été.
Jeudi, M. Mikati avait décidé de reporter d'un mois le passage à l'heure d'été, qui se fait d’habitude le dernier week-end du mois de mars. De nombreux observateurs ont qualifié sa décision de confessionnelle, affirmant qu'elle a été prise en raison de l'impact qu'elle aurait sur la population musulmane du pays pendant le mois de ramadan, au cours duquel de nombreux fidèles jeûnent du lever au coucher du soleil. D'autres ont estimé que la décision du Premier ministre, à la demande du président du Parlement Nabih Berry, servait de diversion face à la crise dans le pays.
Une réunion "calme"
S'exprimant dans une conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres, M. Mikati a affirmé que la réunion avait été "calme". "Après que chaque ministre a donné son avis sur la question, le Conseil a décidé de maintenir l'heure d'hiver pour le moment et de passer à l'heure d'été dans la nuit de mercredi à jeudi", a-t-il annoncé. "Nous avons besoin d'un délai de 48 heures pour régler certains détails techniques", a-t-il expliqué.
"Le report du changement d'heure jusqu'à la fin du mois de ramadan, au sujet duquel je me suis concerté avec le président du Parlement, avait été précédé de plusieurs réunions, ces derniers mois, auxquelles des ministres et les personnes concernées ont participé", a clarifié M. Mikati lors du point de presse. Cette décision a été prise pour assurer un repos aux personnes qui jeûnent durant le ramadan, pour une heure, sans aucune intention de nuire à d'autres composantes libanaises, sachant que cette décision a déjà été prise dans le passé".
Il a regretté le fait que "certains ont considéré cette initiative comme un défi et lui ont accordé une dimension à laquelle (je) n'aurais jamais pensé". "Je n'ai pas pris de décision confessionnelle ni sectaire", a-t-il déclaré.
Accusations et calomnies
M. Mikati a ensuite haussé le ton. "Une telle décision ne nécessitait pas tant de réactions confessionnelles hostiles", a-t-il ajouté, avant d'ironiser : "Je parle ici de l'élite politique qui s'est mise d'accord pour rejeter tous les candidats à la présidentielle, et qui a même échoué à établir une liste de candidats qui aurait permis d'entamer le processus électoral".
"Soyons clairs. Le problème n'est pas l'heure d'été ou d'hiver, qui aurait été prolongée pour un mois, mais la vacance à la magistrature suprême. En tant que Premier ministre sortant, je n'assume pas la responsabilité de cette vacance. C'est aux autorités politiques et religieuses concernées de l'assumer, en premier lieu les groupes parlementaires qui ont entraîné une perte de quorum lors des onze séances parlementaires électorales, et qui ont affirmé qu'elles n'assureront pas le quorum nécessaire, sans toutefois trouver de candidat qui pourra faire face à celui du camp opposé", a-t-il tonné.
Le chef du gouvernement sortant a encore appelé toutes les parties à "assumer leurs responsabilités nationales en protégeant la paix civile, l'économie et le travail des offices autonomes". "J'appelle tout le monde à élire un nouveau président et former un nouveau gouvernement sans plus tarder", a plaidé M. Mikati, dénonçant des "accusations et des calomnies" à son égard.
Face au tollé provoqué par le report de l'heure d'été, M. Mikati avait annulé samedi soir une réunion de son cabinet démissionnaire prévue lundi, et qui aurait dû être consacrée à l'étude des répercussions de la crise économique au Liban sur le secteur public et les salaires. Avant de finalement décider de convoquer quand même son cabinet pour discuter de la polémique. La réunion d'aujourd'hui intervient à la suite d'un entretien tripartite avec les anciens Premiers ministres Tammam Salam et Fouad Siniora, qui ont pressé M. Mikati de réunir son cabinet en vue de discuter du passage à l'heure d'été, à la suite de la dimension confessionnelle prise par sa décision.
"C'est le chaos"
Depuis dimanche, le Liban suit deux fuseaux horaires : plusieurs ministres, instances religieuses et institutions ont en effet refusé de se conformer à la décision du Premier ministre sortant. Lundi, le député des Forces libanaises Razi el-Hajj a présenté un recours devant le Conseil d'État afin d'invalider la décision prise par le secrétariat général du Conseil des ministres le 23 mars 20232 concernant le report de l'heure d'été.
Dimanche soir, le ministre sortant de l'Éducation, Abbas Halabi, avait appelé les écoles à déterminer elles-mêmes leurs heures d'ouverture en fonction du fuseau horaire qui leur semble le plus approprié, revenant ainsi sur une décision prise plus tôt et dans laquelle il imposait aux établissements scolaires de suivre l'heure d'été. La majorité des écoles catholiques se sont conformées lundi au passage à l'heure d'été. Dans le Sud, la majorité des écoles à Nabatiyé, Tyr et Saïda, régions à majorité musulmanes, ont ouvert leurs portes suivant l'horaire d'hiver, alors que celles de Jezzine, localité comprenant une population chrétienne, ont, elles, suivi l'horaire d'été, selon notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah. "C'est le chaos, et nous n'y pouvons rien", a confié un directeur d'école de la région à notre correspondant.
Après le tollé provoqué ces derniers jours par sa décision, prise sans considération pour les conséquences pratiques et techniques de reporter d'un mois le changement d'heure, le Premier ministre sortant Nagib Mikati s'est ravisé lundi, à l'issue d'un Conseil des ministres. Les ministres ont décidé que le Liban passera, dans la nuit de mercredi à jeudi, à l'heure...
commentaires (13)
Ils auraient dû l'avancer d'une demi-heure pour satisfaire tt le monde !
Céleste
20 h 20, le 27 mars 2023