Conseil des ministres lundi pour discuter des répercussions de la crise sur le secteur public

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a convoqué les ministres de son cabinet à un Conseil des ministres lundi prochain afin de discuter de la crise financière et de ses répercussions, a annoncé jeudi le Grand Sérail.

Selon l'invitation officielle envoyée aux ministres, la réunion aura lieu lundi à 10 heures. Au cours de ce Conseil, qui sera le cinquième depuis que le gouvernement est considéré comme chargé de l'expédition des affaires courantes, le ministre sortant des Finances Youssef Khalil "présentera la situation financière et monétaire et discutera de ses répercussions sur les différents secteurs, y compris sur les fonctionnaires et les retraités du secteur public".

Le ministre du Travail Moustafa Bayram exposera lui les répercussions de l'effondrement que traverse le Liban sur "tous les employés soumis au droit du travail".

Les fonctionnaires sont actuellement en grève pour protester contre la détérioration de leurs conditions de vie. Les salariés de l'entreprise publique de télécommunications Ogero ont de leur côté annoncé une grève ouverte jeudi pour réclamer de meilleurs salaires. Il y a deux semaines, les syndicats des enseignants des écoles publiques avaient, eux, annoncé la reprise de leur grève ouverte entamée au début de l'année, au grand dam de certains de leurs membres, dont la majorité n'a pas respecté la décision syndicale. 

Le Liban connaît actuellement un double vide exécutif, sans président et avec un gouvernement sortant. Après la fin du mandat de l'ancien président Michel Aoun, le Parlement avait estimé que le cabinet ne se réunirait qu'en cas d'urgence. Mais depuis, quatre Conseils ont été convoqués par Nagib Mikati, malgré les critiques du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), des Forces libanaises, deux partis chrétiens, et du patriarcat maronite. Ces derniers accusent le président du Conseil de chercher à s'arroger certaines prérogatives présidentielles. 

Les projets de réformes
Plus tôt dans la journée, Nagib Mikati avait demandé que le Parlement se réunisse également, pour adopter les "projets de réformes" réclamées par la communauté internationale et alors que plusieurs projets ont été approuvés par l'Exécutif et attendent d'être avalisés par la Chambre. 

"L'élection d'un président est la solution et elle est nécessaire, de même que la tenue d'une séance du Parlement pour adopter des projets de réformes", a affirmé M. Mikati après une réunion avec le président de la Chambre Nabih Berry. Il a insisté sur le fait que "la situation actuelle nécessite une action urgente et rapide pour sauver le pays (...). Que celui qui critique notre action aille élire un président de la République", a-t-il lancé, alors que les députés n'ont toujours pas élu de successeur à Michel Aoun malgré onze séances électorales. A l'issue d'un entretien avec la plus haute autorité sunnite du Liban, le cheikh Abdellatif Deriane, le Premier ministre sortant avait déjà plaidé pour une séance législative. "Nous avons envoyé tous les projets de loi approuvés par le cabinet au Parlement pour qu'ils soient adoptés, afin de commencer un grand chantier de réformes".

Report de la réunion du Bureau de la Chambre
Affirmant s'être entretenu avec une délégation du FMI, dans la matinée, Nagib Mikati a encore indiqué "avoir discuté des diverses réformes qui doivent être adoptées" pour sortir le Liban de la grave crise économique qu'il traverse.

Alors qu'une réunion du bureau du Parlement était initialement prévue lundi prochain pour étudier l'agenda d'une future séance législative M. Berry l'a annulée ce jeudi matin, selon une source à la Chambre. Une information confirmée par Nagib Mikati à Aïn el-Tiné. Le président du Conseil a précisé que cette décision avait été prise parce certaines propositions n'avaient pas encore été approuvées en commissions parlementaires.

L'organisation des séances législatives est également controversée, le CPL, les FL et d'autres députés, notamment indépendants et issus de la contestation, estimant qu'elles enfreindraient la Constitution, la Chambre étant considérée, en période de vacance présidentielle, comme un "collège électoral".