Récemment, la pandémie de Covid-19 a bouleversé le monde entier en raison du nombre considérable de décès causés par ce nouveau coronavirus extrêmement contagieux. Cet événement spectaculaire a poussé les grands laboratoires à développer, en un temps record, des vaccins innovants. Cependant, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers car d’autres virus insolents et virulents, dont notamment ceux de la grippe (influenza), sont sournoisement à l’affût.
Les volailles sont considérées comme des réservoirs naturels des virus de la grippe, d’où le nom commun de « grippe aviaire ». La transmission de ces virus commence souvent chez les oiseaux sauvages, qui peuvent ensuite les transmettre aux volailles domestiques. Dans certains cas, les virus peuvent subir des mutations et donner naissance à de nouvelles souches qui, lorsqu’elles infectent les humains, peuvent ne pas être reconnues par le système immunitaire et ainsi ne pas être combattues efficacement. C’est ainsi que surviennent les pandémies qui foudroient le monde. Dans la foulée de la révolution industrielle, le monde contemporain a connu quatre pandémies majeures de grippe : la grippe espagnole (1918) ;
la grippe asiatique (1957) ;
la grippe de Hong Kong (1968) ; et la grippe porcine (2009).
– La grippe espagnole est causée par la souche H1N1 du virus de la grippe A. L’Espagne fut l’un des premiers pays à signaler la maladie, même si le pays n’était pas nécessairement plus touché que d’autres. Le virus se propagea dans le monde entier en trois vagues consécutives de 1918 à 1919. On estime qu’environ 500 millions de personnes, soit un tiers de la population mondiale, ont été touchées par ce virus. Le nombre de décès est évalué entre 20 et 100 millions à travers le monde, ce qui en fait la pandémie la plus meurtrière de l’ère contemporaine. De nos jours, les souches H1N1 sont en constante évolution avec des caractéristiques pouvant varier d’une année à l’autre.
– La grippe asiatique est causée par la souche H2N2 du virus de la grippe A. Elle aurait commencé en Asie de l’Est avant de se répandre vers d’autres pays en trois vagues consécutives de février 1957 à janvier 1958. On estime qu’elle a causé plus d’un million de décès à travers le monde, principalement dans les pays industrialisés. Cette pandémie a essentiellement touché les personnes âgées, mais sans épargner pour autant les jeunes adultes en bonne santé. Les experts estiment que la souche H2N2 responsable de cette pandémie n’existe plus actuellement.
– La grippe de Hong Kong est causée par la souche H3N2 du virus de la grippe A. Elle a probablement émergé à Hong Kong avant de se répandre rapidement à travers le monde entier en deux vagues consécutives de 1968 à 1969. Le nombre de décès s’élève à plus d’un million de personnes dans le monde. Bien que la souche H3N2 persiste encore aujourd’hui sous forme de grippe saisonnière, elle n’est plus considérée comme un danger pandémique.
– La grippe porcine est causée par une nouvelle souche virale H1N1 du virus de la grippe A. Elle est probablement le fruit de la recombinaison génétique de différentes souches virales d’origine aviaire, humaine et porcine. On estime que le virus a causé entre 150 000 et 575 000 décès dans le monde entre 2009 et 2010. Finalement, cette pandémie s’est avérée moins grave que prévu et, en 2010, l’Organisation mondiale de la santé a annoncé la fin de la phase pandémique de la grippe porcine.
Quelle est la probabilité d’une nouvelle pandémie d’influenza dans l’avenir ? Pour répondre à cette question pertinente, il est important de se concentrer sur la souche H5N1 du virus influenza A, qui a été détectée pour la première fois en 1997. Cette souche est extrêmement pernicieuse, avec un taux de mortalité allant de 90 % à 100 % chez les volailles. Jusqu’à présent, la transmission du virus H5N1 des volailles aux mammifères, y compris les humains, est assez rare. Cependant, la situation pourrait évoluer rapidement car la souche H5N1 est connue pour sa capacité de muter rapidement avec une tendance à échanger des gènes avec certains virus grippaux d’autres espèces.
En l’occurrence, un article publié dans le New York Times le 3 février 2023, intitulé « An even deadlier pandemic could soon be here » (Une pandémie encore plus mortelle pourrait bientôt survenir), soulève bien des inquiétudes. L’article révèle notamment qu’une souche mutante de H5N1 a totalement contaminé une ferme d’élevage de visons en Espagne. En outre, l’article indique que les voies respiratoires supérieures des visons sont propices à la transmission du virus à l’homme. Il ne faut cependant pas paniquer car les vaccins contre le virus H5N1 ont déjà été approuvés par les agences sanitaires mondiales, comme la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis. Il faudrait néanmoins s’assurer qu’une mise à jour du vaccin soit réalisée afin de contenir les dernières mutations du virus. De même, il faudrait veiller à ce qu’une quantité suffisante de vaccins soit disponible en cas d’urgence.
Par ailleurs, il serait souhaitable de proscrire certaines formes d’élevage intensif, en particulier ceux qui se rapportent aux animaux exotiques, comme les visons et les renards. Potentiellement, ces élevages peuvent devenir des foyers pour les virus zoonotiques (c’est-à-dire ceux qui peuvent être transmis de l’animal à l’homme), surtout que le niveau élevé de stress que subissent ces animaux en captivité peut exacerber leur système immunitaire et les rendre plus vulnérables aux infections. Il ne faut pas non plus oublier la dimension éthique. Ces animaux sont élevés pour leur fourrure, très prisée par les grands noms de la mode. Ils sont donc souvent entassés dans des cages exiguës. Ce traitement est non seulement malsain, il est aussi inacceptable. En effet, ces créatures sauvages ne sont pas faites pour être emprisonnées dans des fermes, mais pour courir librement et allègrement dans les vastes espaces verts.
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