
Capture d’écran d’une vidéo montrant des agents de police s’en prenant à des étudiants irakiens dans les locaux du ministère de l’Éducation. Photo Twitter/@megaphone_news
« Reculez ! Dégagez, par Dieu ! Foutez le camp ! Recule, espèce de… Recule, ou je te frappe au visage ! »
C’est en ces termes agressifs et armés de barres en aluminium que des forces de l’ordre et des vigiles du ministère de l’Éducation ont apostrophé jeudi des étudiants irakiens venus entreprendre des formalités d’équivalence, les menaçant de les battre s’ils ne sortaient pas sur-le-champ.
La vidéo, publiée en ligne par le site Megaphone, est explicite. Des dizaines d’hommes agglutinés dans le désordre devant une porte, munis de dossiers, attendent leur tour. Face à eux, des policiers en uniforme perdent patience, insultent les hommes, les bousculent pour les faire sortir et brandissent des barres de métal pour les effrayer.
ارتأى #الأمن_الداخلي وموظّفو #وزارة_التربية أن يحلّوا زحمة التسجيل عبر الاعتداء على الطلاب #العراقيّين وطردهم من الوزارة، وذلك خلال انتظار الطلّاب الجامعيّين دورهم لمراجعة أمور شهاداتهم ومعادلتها في #لبنان.
— Megaphone (@megaphone_news) March 9, 2023
وقد وصل صدى الاعتداء إلى #العراق، حيث طلب وزير التعليم العالي العراقي… https://t.co/aV2jfWNbRz pic.twitter.com/4RIPt4CBCp
« Les Forces de sécurité intérieure et les fonctionnaires du ministère de l’Éducation ont décidé de régler la cohue devant un bureau d’enregistrement des dossiers en agressant des étudiants irakiens et les renvoyant des locaux du ministère », précise Megaphone.
La vidéo fait déjà le buzz sur les réseaux sociaux. Montrée du doigt, la légendaire xénophobie institutionnelle au pays du Cèdre. « Quelle honte ! » réagit Charbel. « Une fois que notre État a empoché son argent, c’est ainsi qu’il traite le peuple irakien ? » demande également Roni, un autre internaute. Pour Hazem, l’attitude des forces de l’ordre n’est autre que « du racisme par excellence ».
Les réactions officielles n’ont pas tardé. Toujours selon Megaphone, le ministre irakien de l’Éducation, Naïm al-Aboudi, a réclamé la formation d’un comité ministériel qui serait dépêché au Liban pour suivre l’affaire et s’enquérir des traitements réservés aux étudiants irakiens.
Le ministre libanais de l’Éducation Abbas Halabi réagissait aussitôt dans un communiqué, se disant soucieux de « préserver la dignité de toute personne » qui se présente au ministère pour une formalité, qu’elle soit libanaise ou étrangère, sans discrimination aucune, « en particulier les frères irakiens qui étudient dans les universités libanaises ».
Relatant sa version des faits, le ministre a fait part du nombre restreint de fonctionnaires face au nombre élevé d’opérations à exécuter. Il a expliqué que les fonctionnaires sont présents au ministère deux jours par semaine uniquement, en raison de la grève des salariés de l’administration publique liée à la crise financière. Il a précisé qu’un nombre important d’étudiants libanais, arabes et irakiens se bousculent régulièrement aux départements d’équivalence et de certification. Il a fait observer qu’une centaine d’étudiants irakiens se pressaient déjà aux portes du ministère, dès le matin à cinq heures et demie jeudi, alors qu’un régime spécial leur est réservé.
« Dès l’ouverture des portes, à huit heures, ils se sont précipités tous ensemble, bloquant le passage devant la section des équivalences. Les forces de l’ordre et les fonctionnaires ont bien tenté d’organiser la file d’attente, mais un ressortissant irakien qui attendait son tour a perdu connaissance. Ce qui n’a pas empêché la bousculade », précise le communiqué. C’est cet incident « qui a poussé les FSI et les vigiles à élever la voix et à s’emparer du poteau qui sert à délimiter la file d’attente », pour pousser les étudiants à s’éparpiller. « L’étudiant qui a perdu connaissance avait été victime d’une crise d’asthme. Il manquait d’oxygène. Il a rapidement été pris en charge par la Croix-Rouge libanaise », souligne notamment le communiqué.
commentaires (10)
Pourquoi s’étonner de leur comportement et le transformer en racisme lorsqu’on les a vu à l’œuvre et de la même violence et vulgarité traiter les citoyens libanais lors de la révolution? Pourtant ils sont censés les respecter et les protéger puisque ce sont eux qui paient leurs salaires. Arrêtons de parler de racisme à tout bout de champ, parlons plutôt du manque de civilité et d’éducation des gens qui nous gouvernent et nous protègent. N’ont ils pas les meilleurs exemples de ceux qui les embauchent et les commandent? Alors pourquoi agir autrement.
Sissi zayyat
12 h 46, le 10 mars 2023