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La nécessité, ça urge !


Impatient de vouloir jouer les maîtres de cérémonie en l’absence d’un chef de l’État, fonction à laquelle lui et ses alliés ont été infoutus de se dénicher clairement un candidat, Istiz Nabeuh enrage d’avoir dû piteusement avaler son chapeau dans sa quête désespérée d’une séance législative plénière, destinée paraît-il à examiner les questions « urgentes de nécessité ». Et effectivement, quoi de plus urgent et nécessaire pour les Libanais qui tirent la langue face aux pénuries, à la dèche économique, à la monnaie nationale qui finit son cycle de vie comme un bandage herniaire jeté dans une poubelle, quoi de plus pressant donc que de vouloir reconduire dans leurs fonctions un quarteron de fonctionnaires pour les soustraire au chômedu ?


À partir de là, le bazar des marchands de tapis pouvait commencer : qui du Baron décrépit de Aïn el-Tiné ou de l’Armoire à glace du Sérail allait s’y coller ? Cette perspective asticotait le premier et excitait le deuxième. Suce pince haletant, toute la République retenait ses boyaux… La priorité allait bien évidemment à la sécurité. Comme dans tous les bleds sous-développés qu’on qualifie de « pays émergents » pour pas les vexer, plus on baratine sur la sécurité, moins il y en a. Ce qui fait que tous les aboiements autour de la légifération « de nécessité » n’ont porté finalement que sur un seul pied nickelé : le dirlo de la Sûreté générale. Déjà affublé de deux prénoms, comment diable lui fabriquer un nom ?


Faut admettre quand même que question sécurité, il y a foison en la demeure : gendarmes et gens sans armes, services de renseignements et renseignements sur les services, gardes du corps et corps de garde, barbouzes et bouses de bars… Le pays sature, n’en jetez plus !


Dire que nous payons des impôts pour que ces miliciens officiels protègent présidents, ministres, députés, copains et coquins. Mais de qui les protègent-ils donc, si ce n’est de nous, alors que normalement c’est nous qu’ils devraient protéger d’eux. Mais va expliquer ça à des ronds-de-muscles dont le mental pirouette au rythme du barillet.


Et pour financer le barnum, rien ne vaut le Salami de la Mère des banques, qui n’a pas son pareil pour saucissonner et découper en rondelles fines le dollar à travers une demi-douzaine de taux de change. Bref, entre la rallonge promise puis ratée, miroitée devant l’espion en chef de la Sûreté, et l’étirement en devenir du mandat du gouverneur de la banque centrale, la République se place résolument sous le signe de l’élasticité des matériaux.


Une belle brochette de lampions éteints sur un gâteau gâté, une formidable abnégation dans l’organisation de la pantalonnade… Admirable santé d’une décrépitude à vie dans un pays qui a oublié de vivre.

gabynasr@lorientlejour.com

Impatient de vouloir jouer les maîtres de cérémonie en l’absence d’un chef de l’État, fonction à laquelle lui et ses alliés ont été infoutus de se dénicher clairement un candidat, Istiz Nabeuh enrage d’avoir dû piteusement avaler son chapeau dans sa quête désespérée d’une séance législative plénière, destinée paraît-il à examiner les questions « urgentes de...

commentaires (8)

Toujours un plaisir ce billet du vendredi.

Lemming

16 h 06, le 03 mars 2023

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Toujours un plaisir ce billet du vendredi.

    Lemming

    16 h 06, le 03 mars 2023

  • EXCELLENTISSIME GABY !! MERCI !!!

    Eva Younes

    14 h 08, le 03 mars 2023

  • Inimitable GABY. MERCI

    Sissi zayyat

    11 h 25, le 03 mars 2023

  • Merci !

    Massabki Alice

    09 h 15, le 03 mars 2023

  • Bravo! Épatant comme d’hab.

    Antoine Chouery

    05 h 16, le 03 mars 2023

  • Superbe Guernica libanaise par notre Picasso de la Parole! Merci Gaby, malgré une larme de frustration et de colère

    Wlek Sanferlou

    04 h 04, le 03 mars 2023

  • Nos beaux souks ont bien disparus depuis belle lurette remplacés par les bazars iraniens poussiéreux.

    Wow

    02 h 15, le 03 mars 2023

  • Eh oui, Gaby, on réalise que vos billets deviennent de plus en plus sarcastiques et pleins d’aigreur et que vous commencez par être écœuré à continuer de décrire avec le même ton humoristique et mélodramatique cette situation indescriptible du pays: ce n’est plus de mise de faire rire vos lecteurs devant cette décrépitude à vie dans un pays qui a oublié de vivre, comme vous le dites si bien…Mais continuez d’écrire avec votre verve unique: il en restera toujours quelque chose!

    Saliba Nouhad

    01 h 41, le 03 mars 2023

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