La Villa Albertine et sa longue Nuit américaine des idées

La Villa Albertine est une résidence française d’artistes implantée en 2021 aux États-Unis et conçue d’une manière différente des autres structures culturelles du genre. Contrairement à la Villa Médicis à Rome, la Casa de Velasquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto, les résidents ne sont pas accueillis dans un seul endroit ou à une seule adresse, mais dans une variété de lieux différents, étalés sur 10 villes (Houston, San Francisco, Los Angeles, Chicago, New York, Boston, Atlanta, New Orleans, Miami et Washington DC). Objectif : prendre en considération la diversité américaine dans les cinquante États du pays de l’Oncle Sam. « Ce modèle renouvelle l’expérience des résidences artistiques en prônant l’idée que c’est désormais à la Villa de s’adapter à ses résidents, qui pourront satisfaire leurs attentes avec différents types de lieux et destinations possibles, explique le site en ligne de la Villa Albertine. Si les architectes vont certainement privilégier Chicago, les musiciens s’orienteront davantage vers La Nouvelle-Orléans et les réalisateurs auront le regard tourné vers Los Angeles. Les résidents bénéficieront, où qu’ils soient, d’un accompagnement sur mesure pendant un à trois mois. La Villa Albertine offre également aux artistes et créateurs l’opportunité de découvrir les États-Unis et d’établir des échanges avec le peuple américain. Les résidences d’artistes sont généralement considérées comme des lieux coupés du monde extérieur afin de mieux réfléchir et créer. Alors que la Villa Albertine propose un mode d’exploration culturelle très élargi. »

La bibliothèque au plafond constellé de la Villa Albertine de New York. Photo tirée du compte Instagram villa albertine new york

More is more

Dans cet esprit de grande ouverture, la Villa Albertine est engagée, depuis le 25 février et jusqu’au 4 mars, dans une manifestation phare intitulée Night of ideas 2023, (La Nuit des idées 2023) qui se tient également dans plus de 20 villes américaines. Dans le cadre de la 8e Nuit des idées qui se déroule tout au long de l’année 2023 dans 115 pays et 182 villes, le thème Plus ? a été choisi pour cerner différentes questions démographiques, sociales, humaines et culturelles par tous les Instituts français dans le monde. À Beyrouth, la Nuit des idées sera au programme de la salle Montaigne les jeudi 2 et vendredi 3 mars, à 20 heures.

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Retour à la Villa Albertine qui a suivi l’adage très américain More is more (Ce n’est jamais assez, NDLR) pour souligner et encourager le bouillonnement d’idées toujours en cours de ce côté de l’Atlantique. « Cette nuit se concentre sur le thème More. À savoir que chaque session aborde le défi de construire une société plus durable et plus équitable du point de vue des enjeux, des débats et des opportunités locales, précise l’invitation au public. Sont conviés des leaders d’opinion, des activistes, des interprètes, ainsi que des auteurs et des universitaires pour engager le public dans des discussions autour des grands problèmes mondiaux contemporains. Les organisateurs de l’événement demandent aux participants de réfléchir à la façon dont notre monde fonctionne avec des excès dans tous les domaines, et d’essayer de comprendre comment les échanges pourraient paver la voie à un avenir plus stable et plus paisible. »

La Villa Albertine de San Francisco, des activités et des réflexions. Photo tirée du compte Instagram @villa.sf

À l’ombre de Proust

En chiffres, la Villa Albertine représente 70 résidences par an, 80 résidents, 40 institutions, et 15 disciplines différentes. Depuis sa création, cette vitrine new look de la culture française n’a cessé d’embarquer avec elle, à travers des projets dynamiques, penseurs et artistes français et de la plonger dans le bouillonnement contemporain de la société américaine. Un coup d’œil sur ses événements à venir en dit long à ce sujet : célébration de la francophonie dans le Midwest, 26e Festival du film européen à Chicago, ou encore les 850 ans d’histoire de Notre-Dame de Paris conté par la collection unique de documents de La Nouvelle-Orléans que les visiteurs découvriront en utilisant un histoPad en réalité augmentée. Autant d’activités qui illustrent la vision de la Villa Albertine. Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en avait donné la lecture suivante lors de son ouverture : « Avec ce très beau projet, nous faisons le pari de réinventer la grande tradition des villas, qui est l’un des emblèmes du rayonnement culturel de la France à l’étranger. Comme l’Italie au moment de la fondation de l’Académie de France à Rome il y a près de quatre siècles, les États-Unis représentent aujourd’hui un carrefour international de la création et de la pensée, où nous avons beaucoup à apprendre et qui peut constituer, pour les acteurs de la culture française, une formidable caisse de résonance. » Quant au nom de la Villa, elle se réfère à Albertine, l’une des héroïnes de l’œuvre de Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs.