A la veille de l'expiration de son mandat avant son départ à la retraite, le directeur de la Sûreté générale (SG) libanaise Abbas Ibrahim a affirmé qu'il n'a pas dit son dernier mot sur la scène politique. Mercredi, il a martelé que "la retraite n'était pas à l'ordre du jour", après qu'une éventuelle prorogation de son mandat a tourné court, dans un contexte de crise politique au Liban.
Le président du Parlement, Nabih Berry, a en effet renoncé à convoquer les députés à une séance visant, entre autres, à prolonger le mandat du chef de la SG, face au boycott annoncé de dizaines de parlementaires d'une éventuelle séance législative, considérée comme anticonstitutionnelle en pleine vacance présidentielle. De son côté, le Conseil des ministres, réuni pour traiter de "questions urgentes" lundi, n'a pas tranché cette affaire, bien qu'elle ait été évoquée en dehors de l'ordre du jour. "Que chacun s'acquitte de ses responsabilités", avait répondu à ce sujet le chef du gouvernement sortant Nagib Mikati à L'Orient-Le Jour, peu après la fin de la réunion. Interrogé sur le sort du général Ibrahim après le 2 mars, il s'est contenté de dire : "On avisera le moment venu".
Devoir national et professionnel
Lors d'une cérémonie organisée pour la pose de la première pierre du chantier de construction d'un nouveau centre de la SG dans la zone de la Quarantaine, dans le nord de Beyrouth, le général Ibrahim a déclaré : "Il est de mon devoir national et professionnel d'être au service des autres et de leurs droits". Il a déclaré que "sur la voie du service à la nation, la retraite et l'inaction ne sont pas à l'ordre du jour". "Demain, nous poursuivrons le chemin sur plusieurs autres terrains afin d'élever le Liban", a-t-il renchéri.
"Notre peuple mérite des institutions et des administrations à la hauteur de son histoire et de ses sacrifices et des dirigeants qui travaillent pour l'intérêt de la nation, au lieu de responsables qui se laissent distraire par des inimitiés qui ont poussé le pays dans une dangereuse pauvreté".
Interrogé à la fin de la cérémonie sur son départ à la retraite, le responsable sécuritaire a encore affirmé que "personne ne pourra le pousser à partir". Il a en parallèle esquivé une question sur son éventuelle ambition d'être nommé ministre dans un futur cabinet : pour cela, "nous devons trouver un président", a-t-il lâché.
La SG est notamment chargée au Liban du contrôle des entrées et sorties du territoire, de l'octroi de titres de séjours pour les ressortissants étrangers et de l'émission des passeports pour les Libanais. Abbas Ibrahim est connu pour être un médiateur hors pair, au Liban et hors des frontières, et il a régulièrement été dépêché lors de situations délicates. En plus de ces médiations entre les parties libanaises sur de nombreux dossiers polémiques, il a notamment négocié la fin des combats contre les jihadistes dans les jurds (arrières-pays) de la Békaa en 2014 ou aidé à la libération de religieuses syriennes enlevées par des jihadistes. Il fait par ailleurs partie des responsables poursuivis par le juge d'instruction près la cour de justice Tarek Bitar dans l'affaire de la double explosion au port de Beyrouth.
"Je reste avec vous partout où je serai, et ne laisse en vous que l'esprit de courage et de résistance", a-t-il lancé plus tard dans la journée, lors d'une cérémonie organisée en son honneur au siège de la SG à Beyrouth, clôturant douze années passées à la tête de ce service sécuritaire. Il a également estimé que le directeur par intérim de la SG, Élias Baïssari, chargé de le remplacer lors de ses déplacements, est "le mieux placé pour veiller sur la SG".
Mardi, les médias libanais avaient rapporté que le mandat d'Élias Baïssari, qui devait également partir à la retraite d'ici trois mois, a été prolongé de six mois, afin d'ouvrir la voie à la succession de Abbas Ibrahim.
Selon ses proches, Abbas Ibrahim a fait savoir aux autorités compétentes que, pour lui, la page de la SG est tournée et qu’il n’acceptera pas une solution de dernière minute. Il aurait toutefois l’intention de revenir sur la scène politique.
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Qui s’en fout
Sissi zayyat
10 h 49, le 02 mars 2023