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Nos Lecteurs ont la Parole

Révolution ! Quelle révolution ?

À la suite de l’échec total de la formule du Liban d’aujourd’hui, je me suis permis de faire part de mes réflexions sur ce que j’imagine pouvoir devenir le Liban de demain.

Nul au Liban n’est au courant de l’imbroglio politique dans lequel tous les partis politiques se débattent pour trouver une solution à cette situation.

Pour moi, et là je me permets de confirmer qu’il s’agit d’un point de vue strictement personnel, le Liban a essentiellement besoin d’une véritable révolution.

Cette révolution doit partir d’une seule base impérative : l’éducation d’un citoyen libanais. En effet, c’est le seul levain qui sauvera notre Liban.

Le Liban d’aujourd’hui, plus que jamais, manque de ce levain nécessaire pour la constitution d’une nation, d’un État.

Nous sommes tous, de plus en plus, des citoyens de religion – si la religion pouvait avoir une citoyenneté – et non pas des citoyens d’État.

Pour devenir citoyen d’État, je vais essayer de résumer le thème et le schéma de ce que je crois absolument primordial pour constituer le seul liant qui pourrait unir les citoyens du Liban.

Le thème est une république qui, depuis 1943, n’arrive pas à se structurer. Tous les politiques qui ont essayé de le faire ont échoué en raison des conflits continuels qui les ont opposés, en raison d’intérêts divers : tendances et appartenances à des pays tiers, corruption, absence d’application des lois, décisions contradictoires des Parlements qui souvent n’ont pas réussi à imposer leurs lois, etc.

La liste serait longue, et chacun qui me lit sait à quoi je fais allusion.

Quant au schéma, c’est là où le bât blesse : à partir d’une Constitution qui a parfaitement établi la répartition des pouvoirs exécutif et législatif, entre les trois principales communautés qui constituent la quintessence des peuples du Liban, un président de la République maronite, un président de la Chambre chiite et un président du Conseil sunnite. Telle est la pierre angulaire de notre politique.

Imposer, oui, je dis bien imposer, un enseignement, une éducation depuis l’âge de l’enfance qui se traduira à apprendre à nos enfants qu’ils sont voués à vivre de concert au sein d’une société disparate qui se base pour le moment sur leurs religions.

Or, la religion est essentiellement un héritage que nous ont donné nos ancêtres qui nous ont appris leurs coutumes et traditions. La religion ne devrait avoir aucune relation avec la vie sociale qui appelle ceux nés sur un même territoire à vivre ensemble pour constituer une nation.

Cette vie à plusieurs pôles, dans une mosaïque aussi variée que celle qui caractérise le Liban (18 communautés), doit être basée sur le respect de l’autre dans ses habitudes, traditions, religions, règles, etc.

Sans vouloir utiliser des termes philosophiques et dithyrambiques, je me contenterai de tracer les grandes lignes de cette révolution censée changer la face du Liban : une éducation qui commence dans la cellule familiale, où les parents, au retour des prêches du vendredi ou du dimanche, doivent, en rentrant chez eux, apprendre à leurs enfants le sens de leur appartenance à une société aussi variée dans le respect des traditions des autres.

Cette éducation de base doit être suivie d’un enseignement au primaire et au secondaire pour devenir une consigne aux élèves de toutes les écoles et les préparer dans le même esprit pour le monde universitaire, et non pas les inclure dès leur entrée à l’université dans les partis.

Quant aux partis politiques du Liban d’aujourd’hui, qui sont des partis à appartenance religieuse, il y a lieu de comprendre que la vie au Liban se divise en deux secteurs : le politique et le social.

Séparer ces deux réalités est décisif, indispensable et primordial pour assurer la bonne gouvernance de ce pays hétéroclite qu’est le Liban.

À ce propos, pourrions-nous imaginer que la pléthore des partis au Liban doit disparaître et se fondre en deux partis sur ses 10 452 km2, un parti au pouvoir et un parti d’opposition ?

Cette idée pourrait-elle trouver une unanimité ?

La base et la constitution de ces 2 partis grouperont dans une même entité les tendances et la représentation de toutes les communautés réunis au sein d’un même parti pour y discuter au mieux des revendications de chaque communauté, sans l’étalage actuellement déployé par les divers partis : « Le linge sale se lave en famille. »

Oui ! En acheminant un programme d’éducation à imposer par les réseaux de la politique (Chambre des députés, consentement des chefs de parti actuels, chef d’État à l’autorité certaine, acceptation des autorités religieuses des programmes d’éducation scolaire et universitaire…), nous devrions réussir à créer un esprit de reconnaissance des autres dans leurs traditions, fêtes, lois internes… loin de toute velléité et agressivité.

Le chemin sera long, car convaincre les instances religieuses de ces critères, c’est, dans un premier temps, aller à l’encontre d’habitudes et de traditions maintes fois répétées et enseignées. Pourtant, l’on perçoit çà et là des déclarations qui appellent à la dissociation du religieux et du politique.

Pour ce faire, nous aurons besoin d’un certain temps pour nous habituer et faire accepter ce schisme.

S’il a fallu à la Révolution française 116 ans pour séparer la religion de l’État, il faudra au moins deux générations, soit 40 ans, pour faire entrer dans les mœurs des nouveaux citoyens libanais et des ordres religieux le concept que la vie sociale – en société – est à dissocier de l’empreinte religieuse de chacun.

Si nous ne réussirons pas à appliquer ce système d’éducation citoyenne, nous pouvons prédire que les enchevêtrements de nos politiques dureront encore longtemps.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

À la suite de l’échec total de la formule du Liban d’aujourd’hui, je me suis permis de faire part de mes réflexions sur ce que j’imagine pouvoir devenir le Liban de demain.Nul au Liban n’est au courant de l’imbroglio politique dans lequel tous les partis politiques se débattent pour trouver une solution à cette situation.Pour moi, et là je me permets de confirmer...

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