Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a déclaré mardi soir qu'il s'attendait à ce que la livre libanaise s'échange à 30.000 LL pour un dollar sur le marché parallèle si le Parlement parvient à élire un nouveau président et à mettre fin au vide au niveau de l'Exécutif dans le pays. Il a également dit s'attendre à ce que la grève des banques, entamée le 6 février, s'achève "dans les prochaines 48 heures".
"La crise du dollar est politique. Donc si un président est élu, si les choses se stabilisent et qu'un nouveau gouvernement est formé, alors oui, le dollar va chuter de plusieurs dizaines de milliers de livres. Je pense que le dollar ne dépassera alors pas les 30.000 LL", a déclaré M. Mikati dans une interview accordée à la chaîne al-Jadeed.
Mercredi matin, la livre avoisinait 81.000 LL pour un dollar sur le marché parallèle, alors que le nouveau taux officiel est fixé, depuis le 1er février, à 15.000 LL pour un billet vert. Le pays est sans chef de l'Etat depuis l'expiration du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre dernier. Le Parlement n'a toujours pas réussi à élire un nouveau président, faute de consensus.
"Inacceptable"
Le chef du gouvernement a par ailleurs établi un lien entre la fluctuation du dollar et la grève des banques. Il a également affirmé être en contact "depuis le début de la grève, avec l'Association des banques du Liban et le pouvoir judiciaire". "Avec un peu de chance, je pense que les banques mettront fin à leur grève dans 48 heures", a-t-il déclaré, tout en soulignant qu'il n'"interfère pas" dans les procédures judiciaires.
Nagib Mikati a en outre critiqué les poursuites judiciaires engagées par la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, contre les banques, pour "blanchiment d'argent", qui ont alimenté la colère du secteur. "Parler de blanchiment d'argent est inacceptable et cela nuit à la réputation du Liban", a estimé le Premier ministre.
Les banques sont en grève ouverte depuis le 6 février. Elles exigent l'adoption par le Parlement d'une loi régulant le contrôle des capitaux, trois ans après le début de la crise dans le pays et les sévères restrictions illégales sur les dépôts. Les banques dénoncent également le jugement rendu contre la Fransabank dans une affaire contre des déposants. Selon des experts financiers, la grève des banques contribue à la chute libre de la livre libanaise. Lundi, le Premier ministre sortant avait "exhorté les banques à calmer le jeu, à cause du danger auquel le pays est confronté", selon des informations communiquées par son porte-parole, Farès Gemayel, à L'Orient-Le Jour. Toujours selon ce porte-parole, le chef du gouvernement sortant a rencontré dernièrement le président du Conseil supérieur de la magistrature, Souheil Abboud, et le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, pour leur demander de "trouver des solutions aux niveaux juridique et judiciaire" à la grève des établissements bancaires.
Mardi soir, M. Mikati a encore annoncé que la situation financière du pays fera l'objet d'une prochaine réunion du cabinet, également annoncée mardi soir par M. Mikati.
Riad Salamé et Abbas Ibrahim
Commentant la possibilité de renouveler le mandat du gouverneur de la Banque du Liban qui arrive à son terme en juillet prochain, Riad Salamé, Nagib Mikati a déclaré qu'il "ne suggérera pas" une prolongation, une éventualité qu'"aucun des ministres n'acceptera".
M. Salamé fait actuellement l'objet d'une enquête par plusieurs pays européens pour blanchiment d'argent et détournement de fonds. Il est à la tête de BDL depuis 1993. En début de semaine, il a déclaré qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat.
Le Premier ministre sortant a également répondu à une question concernant la prolongation du mandat de l'actuel chef de la sécurité générale, Abbas Ibrahim. "Cette décision doit être prise par le Parlement", a-t-il d'abord déclaré, avant de toutefois préciser qu'il lui a été "demandé de chercher une solution légale à une éventuelle prolongation", compte tenu de la difficulté pour le Parlement de tenir une session législative. De nombreux députés s'opposent à la tenue d'une telle session, estimant que la Chambre ne peut se réunir que pour élire un nouveau président. La question du mandat de Abbas Ibrahim ne sera pas abordée par le Conseil des ministres mais fait uniquement l'objet de discussions entre le chef du cabinet sortant et son ministre de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a encore précisé Nagib Mikati.
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Sissi zayyat
11 h 50, le 23 février 2023