Le ministre libanais sortant des Finances Youssef Khalil a affirmé que le remplacement du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, qui occupe ce poste depuis trente ans, serait "très difficile" et que son mandat pourrait être prolongé, bien qu'aucun consensus n'ait encore été atteint à ce sujet.
M. Salamé, qui fait l'objet d'une enquête menée par des magistrats européens et libanais pour le détournement présumé de centaines de millions de dollars de fonds publics – une accusation qu'il dément – a déclaré la semaine dernière qu'il ne solliciterait pas un nouveau mandat. Son mandat actuel expire en juillet prochain.
"Il n'y a pas encore de consensus et au Liban, surtout dans cet environnement politique, il est difficile d'opérer un changement aussi important. C'est très difficile", a déclaré M. Khalil à l'agence Reuters, répondant à une question portant sur les discussions autour d'un éventuel successeur à Riad Salamé.
"Il pourrait y avoir un plan pour prolonger le mandat de tous les fonctionnaires de première catégorie, pas seulement celui de M. Salamé, mais il n'y a pas encore de consensus à ce sujet", a-t-il ajouté en marge d'un sommet à Dubaï où il s'était rendu en début de semaine. M. Khalil a en outre déclaré que la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) restait la priorité, même s'il est impopulaire aux yeux de certains. "Je ne dis pas que tous les Libanais y sont favorables, mais c'est important pour instaurer la confiance et mettre le Liban sur la voie de la reprise", a-t-il dit.
Beyrouth a signé un projet d'accord avec le FMI en avril, mais a tardé à mettre en œuvre les réformes exigées par le prêteur pour accéder aux financements destinés à soulager un pays ravagé par une crise économique depuis trois ans, qui a plongé une grande majorité de la population dans la pauvreté.
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati avait soutenu en novembre dernier que le Liban pouvait encore finaliser un accord pour obtenir une aide de 3 milliards de dollars, bien que le pays soit sans président ni gouvernement de pleins pouvoirs. Le 1er février, le gouvernement a modifié le taux de change officiel de 1.500 livres pour un dollar à 15.000 LL, une mesure inédite en trente ans.
Au moment de la dévaluation, la valeur de la livre sur le marché parallèle était légèrement inférieure à 60.000 LL pour un dollar. Elle a depuis dégringolé à un niveau historiquement bas de 80.000 LL pour un dollar, provoquant des manifestations, des incendies de banques et des fermetures de routes jeudi.
M. Khalil a déclaré qu'il s'était heurté à une "sérieuse résistance" lorsqu'il avait tenté de dévaluer officiellement la livre il y a quelques mois, mais que le gouvernement prévoyait toujours d'unifier le taux de change et de percevoir les taxes et les droits sur la base d'un taux plus proche de celui du marché parallèle.
Il a ajouté que le Parlement avait toujours l'intention d'adopter une loi sur le contrôle des capitaux, afin de protéger les banques contre les poursuites judiciaires "très graves" et de conserver les devises étrangères dans le pays. M. Khalil a affirmé qu'il y avait un "très faible niveau de confiance dans le système bancaire", ajoutant : "La question est de savoir comment apporter cette confiance. Et là, l'objectif reste le FMI."
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La moitié de l’Europe est à ses trousses et les mafieux veulent le garder. Combien de secrets garde t-il ? Combien de voyous protège -il ? S’il pouvait rédiger ses mémoires juste pour l’honneur, je suis prêt à lui pardonner.
Jacques d
18 h 46, le 18 février 2023