Le processus de l’exploration d’hydrocarbures au large des côtes du Liban-Sud est sur la bonne voie.
L’accostage hier du navire Janus II au port de Beyrouth a en effet marqué l’achèvement d’une première étape concrète dans ce processus qui cible plus particulièrement le bloc n° 9 de la zone économique exclusive (ZEE), situé dans une zone dont la délimitation a longtemps fait l’objet d’un bras de fer entre le Liban et Israël. Son équipage avait passé 8 jours au large des eaux territoriales prélevant des échantillons qui doivent servir à réaliser l’étude d’impact environnemental, dont la réalisation est nécessaire pour l’obtention des différents permis afin d’initier le forage dans ces eaux.
L’arrivée de ce navire, qui doit désormais repartir à Marseille, avait déjà été annoncée le 29 janvier pendant la cérémonie de signature d’un accord avec QatarEnergy, officialisant son entrée dans le consortium chargé de l’exploitation du gaz offshore libanais dans les blocs n° 4 et n° 9, aux côtés du français TotalEnergies et de l’italien Eni. La finalisation de cette alliance décidée suite au départ du russe Novatek – pour des raisons a priori liées au contexte né du conflit russo-ukrainien – était survenue trois mois après la signature de l’accord historique signé en octobre dernier par Beyrouth et Tel-Aviv pour régler leur litige frontalier.
Le prélèvement de ces échantillons et leur analyse « représentent la première étape concrète qui a été réalisée, après l’entrée de QatarEnergy dans le consortium », a indiqué hier le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad présent sur les lieux. Étaient aussi présents les ministres sortants de l’Environnement Nasser Yassine, des Travaux publics et des Transports Ali Hamiyé et le directeur général au Liban de la branche exploration-production de TotalEnergies, Romain de La Martinière.
Les résultats de ces tests sont attendus en milieu d’année, alors que le début des travaux de forage du puits d’exploration est, lui, prévu vers la fin de l’été, pour des résultats définitifs qui devraient tomber fin 2023, a aussi précisé Walid Fayad, ajoutant que l’étude préliminaire révèle que le bloc n° 9 est « très prometteur » en termes de potentiel gazier. De son côté, Nasser Yassine a assuré que son ministère mettra en place « des plans de gestion environnementale pour atténuer les risques » de cette exploration, tout en précisant qu’il fera tout son possible pour ne pas retarder le lancement des travaux de forage.
Exportations et tergiversations
Ces déclarations surviennent au lendemain d’un discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans lequel il commentait des informations de presse selon lesquelles Israël a commencé à exporter du gaz depuis le champ offshore de Karish. En vertu de l’accord signé en octobre, ce champ gazier se situe entièrement dans les eaux israéliennes en Méditerranée orientale, alors que le Liban possède tous les droits d’exploration et d’exploitation du champ de Cana, situé plus au nord-est, dont une partie est située dans les eaux territoriales israéliennes.
Dans un communiqué de presse publié mardi, la société grecque Energean, mandatée par Israël pour explorer les fonds marins dans lesquels se situe notamment le champ de Karish, avait annoncé avoir réalisé ses premières exportations vers l’Europe à partir du champ de Karish. Cette « cargaison a été vendue dans le cadre d’un accord (…) avec (la société) Vitol », précise aussi ce texte.
« J’ai lu récemment qu’Israël a commencé à exporter du gaz depuis le champ de Karish. Si nous nous rendons compte qu’il y a des tergiversations au sujet de l’exploitation du gaz et du pétrole offshore dans nos champs, nous n’accepterons pas que l’ennemi extraie ces ressources de Karish », a alors prévenu jeudi Hassan Nasrallah. « Je mets en garde contre les tergiversations. Il faut une décision courageuse de la part du gouvernement actuel et du prochain gouvernement », a-t-il ajouté.
Le Liban a beaucoup retardé le lancement du processus d’exploration de sa ZEE pour y détecter d’éventuelles réserves d’hydrocarbures exploitables. Le dossier a notamment été bloqué de 2013 à 2017, le temps que le Conseil des ministres finisse par adopter deux décrets-clefs manquants pour pouvoir lancer l’appel d’offres visant à attribuer les premières licences d’exploitation. Le consortium Total/Eni/Novatek a remporté via ce premier appel d’offres en 2018 les droits pour exploiter les blocs n° 4 (vers le centre de la ZEE) et n° 9. Il a ensuite fallu attendre 2020 pour que les résultats, décevants selon TotalEnergies, du bloc n° 4 ne tombent, tandis que l’exploration du bloc n° 9 a été suspendue jusqu’en octobre dernier. De l’autre côté de la frontière maritime, Israël n’a en revanche pas perdu son temps, avec plusieurs puits explorés et le début de la production entamé sur le champ de Karish.
commentaires (8)
Hahaha... " étude d’impact environnemental " nous dit-on.... mais c'est pas l'impact du gaz qu'il faut étudier ... c'est plutôt l'impact de nos polichinelles sur nos vies et la vie de la planète...
Wlek Sanferlou
01 h 09, le 19 février 2023