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Économie - Crise

Routes bloquées, livre en chute libre et stations essence fermées : nouveau tohu-bohu au Liban

Les propriétaires de stations-service réclament la dollarisation des prix des carburants.

Routes bloquées, livre en chute libre et stations essence fermées : nouveau tohu-bohu au Liban

Une route bloquée au Liban-Nord pour protester contre la dégringolade de la livre face au dollar sur le marché parallèle, le 15 février 2023. Photo envoyée par notre correspondant Michel Hallak

La journée de mercredi s’est une nouvelle fois déroulée dans un tohu-hobu général au Liban, au lendemain d’un jour férié commémorant l’assassinat en 2005 du Premier ministre Rafic Hariri. Alors que la livre libanaise battait un énième record de dépréciation par rapport au dollar sur le marché, touchant un taux de 77 500 livres par un billet vert en fin de matinée, plusieurs routes ont été bloquées dans la capitale et dans le nord du pays, en plein effondrement économique depuis 2019.

Des bennes à ordures utilisées pour bloquer une route au Liban-Nord, en protestation contre la dégringolade de la livre face au dollar sur le marché parallèle et la hausse des prix, le 15 février 2023. Photo envoyée par notre correspondant Michel Hallak

Fermetures de stations-service

Pour ne rien arranger, certaines stations-service ont décidé de cesser de servir les clients après une énième hausse des prix des carburants, en raison de l’extrême volatilité de la monnaie nationale. Dans ce contexte, le syndicat des propriétaires de stations-service au Liban a envoyé une lettre ouverte au ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad. Relayée par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), la lettre du syndicat appelle à « émettre un barème des prix des carburants en dollars », et ce « jusqu’à ce que la situation se stabilise » dans l’intérêt du citoyen et des propriétaires des stations-service.

Dans le détail des prix, et après une première majoration en matinée, ceux-ci ont donc poursuivi leur hausse mercredi après-midi, sur fond de montagnes russes de la livre sur le marché.

Voici les derniers tarifs publiés par le ministère de l’Énergie et de l’Eau :

– 20 litres d’essence à 95 octane : 1 396 000 livres libanaises (+37 000 LL).

– 20 litres d’essence à 98 octane : 1 428 000 LL (+37 000 LL).

– 20 litres de diesel (pour les véhicules) : 1 369 000 LL (+36 000 LL).

– Bonbonne de gaz domestique : 903 000 LL (+23 000 LL).

– Kilolitre de mazout (utilisé pour approvisionner les générateurs électriques privés) : 845,53 dollars, en baisse de 18,95 dollars par rapport aux derniers prix de la veille.

Blocage de routes

Pour protester contre cette aggravation de la crise, plusieurs routes ont été coupées à travers le pays par des manifestants en colère. Selon des médias locaux, la route au niveau du rond-point de Cola, à Beyrouth, était fermée à la circulation. Au Liban-Nord, notre correspondant Michel Hallak a rapporté que « de nombreuses routes ont été bloquées dans plusieurs quartiers de Tripoli, avec des bennes à ordures », pour protester contre l’envolée du dollar. Des tirs nourris, en l'air, qui n’ont pas fait de victimes, ont été entendus dans les environs, a également rapporté notre correspondant. Des commerces dans le vieux souk de Tripoli ont également été fermés en guise de protestation. Enfin, au Akkar, une route a été coupée dans la localité de Halba, ainsi que sur l’autoroute au niveau du pont de Nahr el-Bared.

Chute de la livre

Cette plongée accélérée de la livre survient alors que les banques libanaises ont annoncé mardi une grève pour protester notamment contre une décision judiciaire émise à l’encontre de la Fransabank. L’effondrement de la monnaie nationale de ces derniers jours intervient deux semaines après que le taux de change officiel a été fixé à 15 000 LL pour un dollar, après des décennies d’un taux fixé à 1 507,5 LL. La Banque du Liban a réussi à plusieurs reprises au cours des trois dernières années à réduire ou à ralentir le rythme de dépréciation de la livre, des manœuvres qui paraissent désormais perdre de leur impact sur le marché. Marwan Barakat, responsable du département de recherches à Bank Audi, avait déclaré précédemment à L’Orient-Le Jour que cela indique que les acteurs de l’économie libanaise semblent avoir perdu toute confiance dans la capacité de la classe dirigeante à s’attaquer aux problèmes du pays.

En plus de trois ans de crise économique au Liban, la monnaie nationale s’est ainsi dépréciée de plus de 98 % de sa valeur. Pendant ce temps, sans président ni gouvernement de plein pouvoir, les autorités libanaises piétinent dans l’adoption des réformes nécessaires pour enrayer cet effondrement général du pays. Mercredi, en début de soirée, le taux dollar/livre sur le marché oscillait autour de 75 500 livres à la vente et de 75 000 à l’achat.

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commentaires (2)

Malheureusement Trop trop vrai. Il aurait fallu mettre le paragraphe des canailles en premier.

RIGA Pavla

06 h 01, le 16 février 2023

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Commentaires (2)

  • Malheureusement Trop trop vrai. Il aurait fallu mettre le paragraphe des canailles en premier.

    RIGA Pavla

    06 h 01, le 16 février 2023

  • Les crapules bancaires sont en greve pour obtenir une loi qui les amnistiera du vol de plusieurs milliards de $. Les commercants cupides des , supermarches, stations service, restaurants etc... veulent "dollariser" pour proteger leurs sacro-saints profits. La canaille du pouvoir politique, judiciaire, financier et securitaire bloque l'election presidentielle et ne veut surtout pas d'une loi qui leverait le secret bancaire et devoilerait l'etendue abyssale de leur corruption. Les seuls qui n'ont pas voix au chapitre sont les salaries et les deposants, vaches a lait de la republique a traire jusqu'au sang.

    Michel Trad

    13 h 19, le 15 février 2023

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