Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a affirmé vendredi qu'il était prêt à "tourner une page de (sa) vie" à la fin de son mandat dans quelques mois, et démenti tout lien avec l'entreprise Forry Associates Ltd., mentionnée dans les enquêtes de la justice européenne et libanaise sur des soupçons de corruption.
"Pour moi, la décision est qu'à la fin de mon mandat, je tournerai une page de ma vie et partirai de la banque centrale", a déclaré M. Salamé lors d'un long entretien sur la chaîne al-Sharq.
Le gouverneur arrivera dans quelques mois à la fin de son cinquième mandat à la tête de la BDL, institution qu'il dirige donc depuis trois décennies. Autrefois considéré comme un génie de la finance et ayant été récompensé à plusieurs reprises en tant que gouverneur de la BDL, M. Salamé est depuis 2019 accusé par une partie de la population et des dirigeants libanais d'être l'un des responsables de la crise économique inédite au Liban.
Si Riad Salamé a déjà affirmé être disposé à quitter son poste, des rumeurs courent sur la possibilité d'une extension de son mandat, voire carrément d'un renouvellement.
"Aucun lien" avec Forry Associated Ltd.
M. Salamé est encore revenu sur l'enquête transfrontalière lancée par des procureurs européens pour blanchiment d'argent et enrichissement illicite et dans laquelle lui et son frère Raja sont soupçonnés d'avoir illégalement sorti plus de 300 millions de dollars de la banque centrale entre 2002 et 2015.
"Il n'y a pas un seul dollar des fonds de la BDL qui a été payé à Forry Associated Ltd. et je n'ai aucun lien avec cette entreprise", a déclaré M. Salamé. Forry est une société de courtage qui était liée par contrat à la BDL et dans laquelle travaille Raja Salamé. "Certains ont exploité la position de mon frère dans cette entreprise pour me cibler", a-t-il ajouté, affirmant que "les juges ont en leur possession tous les documents" nécessaires sur ce dossier. Il a encore indiqué : "les affaires lancées contre moi n'ont pas de fondement réel".
Le gouverneur de la banque centrale et son frère nient régulièrement les accusations lancées contre eux, Riad Salamé estimant qu'il était devenu un bouc émissaire pour la profonde crise financière du Liban qui a éclaté en 2019.
CTEX et Hassan Moukalled
M. Salamé est par ailleurs revenu sur les sanctions imposées par le Trésor américain sur le changeur Hassan Moukalled, accusé d'avoir "facilité les activités financières du Hezbollah". Dans son communiqué annonçant ces sanctions, l'administration américaine avait relevé que M. Moukalled avait obtenu une licence de la banque centrale libanaise, lui permettant de transférer de l'argent au Liban et à l'étranger et qu'"en l'espace d'un an, la société a obtenu une part de marché importante dans le secteur du transfert de devises au Liban et aurait collecté des millions de dollars américains pour la BDL".
"L'octroi d'une licence à la société CTEX de Hassan Moukalled a été faite conformément aux lois libanaises, après étude de la demande par les organes concernés de la banque centrale", a indiqué M. Salamé à ce sujet. Il a encore rappelé que M. Moukalled a des sociétés aux Etats-Unis et aux Emirats arabes unis et qu'il n'a "aucun lien personnel" avec l'entreprise et son fondateur. "Comme toutes les entreprises de change, CTEX vend des dollars à la BDL et non l'inverse et nous affirmons qu'il n'y a aucun lien entre ces opérations et un financement du Hezbollah", a-t-il ajouté, rappelant que la BDL a gelé les comptes de M. Moukalled et de ses fils, également sanctionnés.
M. Salamé a annoncé, en outre, que 450.000 personnes bénéficient au Liban de Sayrafa, permettant aux déposants de retirer une petite partie de leurs fonds coincés en banque en dollars frais ou en livres au taux de cette plateforme de la BDL (43.600 livres libanaises pour un dollar), qui est supérieur au taux officiel, à savoir 15.000 LL/dollar depuis le 1er février, mais inférieur à celui du marché parallèle (autour de 64.000 LL vendredi).
commentaires (14)
...Mais AVANT de quitter, surtout, redonne nous tout notre argent ,la valeur de la LL, et tous les millions$$$ argent volé du Liban , bien placé dans les banques européennes.
Marie Claude
07 h 54, le 12 février 2023