Le siège de la Banque du Liban à Beyrouth. Photo d'illustration João Sousa
La Banque du Liban (BDL) a annoncé jeudi avoir gelé les comptes de trois personnes sanctionnées deux jours plus tôt par les Etats-Unis en raison de liens financiers présumés avec le Hezbollah.
La BDL "a décidé de geler les comptes" de Hassan Moukalled, accusé par le Trésor américain d'"avoir facilité les activités financières du Hezbollah" et de ses deux fils, Rayyan et Rani, ainsi que les compagnies qu'ils gèrent, selon un communiqué.
La BDL a pris cette mesure pour échapper aux sanctions prévues par une loi américaine adoptée fin 2015 pour entraver les financements du Hezbollah. Cette loi pénalise les institutions financières qui "faciliteraient toute transaction" au profit de l'organisation ou blanchiraient ses fonds. Elle sanctionne également les banques qui "faciliteraient toute transaction" au profit d'une centaine d'organisations et de personnalités accusées par le Trésor américain d'être liées aux Hezbollah.
Dans un communiqué mardi, le Trésor américain a accusé M. Moukalled de servir de "conseiller financier au Hezbollah" et réaliser "des transactions commerciales au nom du groupe dans toute la région". Washington accuse également M. Moukalled, qui apparaît souvent à la télévision libanaise en tant qu'expert économique, d'avoir aidé le parti chiite à "se tailler une place dans le système financier libanais".
Mi-2021, Hassan Moukalled a reçu une licence de la BDL pour que son entreprise CTEX transfère de l'argent au Liban et à l'étranger, indique le communiqué du Trésor américain. "En un an, la société avait obtenu une part de marché importante dans le secteur du transfert de devises au Liban et aurait collecté des millions de dollars américains pour la BDL", ajoute le communiqué. Dans un Liban secoué par une crise économique sans précédent depuis 2019, l'activité des sociétés de change a prospéré, la livre ayant perdu plus de 95 % de sa valeur face au dollar.
Moukalled réagit
Réagissant à la décision de la BDL, Hassan Moukalled a affirmé dans un communiqué publié jeudi et consulté par L'Orient-Le Jour que "tous propos sur le fait que CTEX serait une façade financière pour un parti politique ou des personnes partisanes n'est rien d'autre qu'une invention de l'imagination, et il aurait été plus approprié pour le département du Trésor américain de tirer l'information de sa source officielle", ajoutant qu'une conférence de presse sera organisée prochainement pour fournir des faits supplémentaires sur le sujet.
Les États-Unis prennent régulièrement des sanctions à l’encontre de membres du Hezbollah et d'hommes d'affaires accusés de financer ses activités. En novembre 2020, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Ali Hassan Khalil, bras droit du président de la Chambre Nabih Berry, et Youssef Fenianos, du courant chrétien des Marada, avaient été ciblés par l'OFAC pour corruption et liens avec le Hezbollah.
La Banque du Liban (BDL) a annoncé jeudi avoir gelé les comptes de trois personnes sanctionnées deux jours plus tôt par les Etats-Unis en raison de liens financiers présumés avec le Hezbollah.La BDL "a décidé de geler les comptes" de Hassan Moukalled, accusé par le Trésor américain d'"avoir facilité les activités financières du Hezbollah" et de ses deux fils, Rayyan et Rani, ainsi...
commentaires (6)
Si en novembre 2020, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre a été ciblé par l'OFAC pour corruption et liens avec le Hezbollah. Pourquoi la BDL n’a t elle gelé ses comptes et comment « survit il » en voyageant par monts et par vaux tout en continuant à investir à tout va ?
C…
23 h 58, le 26 janvier 2023