Rechercher
Rechercher

Économie - Restrictions bancaires

La réouverture de Sayrafa aux particuliers se fait attendre

Les plafonds de conversion ont bien été réduits à 300 dollars par personne et par banque depuis mercredi.

La réouverture de Sayrafa aux particuliers se fait attendre

La façade d’une agence de la First Natonal Bank, à Beyrouth. Photo d’illustration João Sousa

Quand la Banque du Liban compte-t-elle rétablir la possibilité aux particuliers et aux entreprises de convertir et retirer chaque mois une portion de leurs livres libanaises en dollars au taux bonifié de sa plateforme Sayrafa, soit 42 000 livres pour un dollar, après la majoration de 4 000 livres faite mercredi soir ?

Cette question taraude un grand nombre de déposants victimes de restrictions bancaires illégales et qui comptaient sur ce dispositif mis en place par la circulaire n° 161 de la BDL depuis décembre 2021 et prolongé à vue depuis. Car depuis la mi-janvier environ, ni les particuliers ni les entreprises – à quelques exceptions près – n’ont pu effectuer de nouvelles demandes. Les seules encore acceptées sont celles des fonctionnaires qui peuvent donc récupérer en dollars leurs salaires en livres. Ceux-ci restent relativement bas par rapport à l’inflation des prix en livres cumulée depuis le début de la crise (plus de 1 500 %) malgré le fait qu’ils aient été majorés l’année dernière.

Ni la BDL ni les banques n’ont communiqué publiquement sur la « fermeture de Sayrafa » aux particuliers, selon l’expression désormais répandue. Mais l’information a été confirmée par au moins trois sources au sein d’autant de grandes banques souhaitant toutes rester anonymes.

Renforcement des contrôles

Selon la première, « une majorité de banques ont arrêté de servir les nouvelles demandes d’entreprises et de particuliers dès le 12 janvier et se contentent depuis de solder une partie des anciennes demandes faites pendant la période où les plafonds de conversion avaient été levés ».

La seconde a confirmé un arrêt durant la période allant du « 10 au 12 janvier », au même moment où la BDL avait commencé à rationner les dollars qu’elle vend aux banques pour leur permettre de répondre aux demandes de conversion dans le cadre de la circulaire n° 161, ce qui a créé un goulot d’étranglement.

La troisième a enfin appuyé ces informations et indique que sa banque vient à peine de finir d’honorer la totalité des demandes qui avaient été enregistrées le 9 janvier et doit désormais traiter celles qu’elle avait acceptées avant l’arrêt complet.

Deux des trois sources ont expliqué l’arrêt en indiquant que la BDL leur avait imposé des mesures de contrôle de conformité bien trop lourdes pour les particuliers effectuant les demandes, compte tenu du volume de transactions attendues. Un excès de zèle que le troisième banquier interrogé lie aux sanctions américaines imposées la semaine dernière à Hassan Moukalled et sa société de transfert et de change CTEX.

« On nous a imposé une procédure très compliquée, qui impliquait d’enregistrer une à une chaque opération et de demander un certain nombre de documents, alors que les demandes se faisaient (dans certaines banques) directement via le distributeur automatique de billets », plaide la seconde source contactée. « La BDL a reconnu que la procédure était trop lourde et a prévu de revenir vers nous avec une solution intermédiaire », ponctue la troisième source.

Toutes les sources confirment enfin deux choses : qu’une « réouverture » de Sayrafa aux particuliers la semaine prochaine est possible mais pas encore garantie, et que la BDL a officiellement notifié les banques cette semaine que les plafonds de conversion seraient ramenés à 300 dollars par mois, pour chaque demandeur et dans chaque banque où il possède un compte.

La masse monétaire en circulation

Lors de la dernière semaine de 2022, le taux de change sur le marché des agents légaux et illégaux – et relayés par des plateformes informelles – se rapprochait dangereusement de la barre des 50 000 livres pour un dollar, une trajectoire en raccord avec l’effondrement constant de la livre depuis 2019. Le 27 décembre, la BDL avait alors annoncé une levée totale des plafonds de conversion applicables à la circulaire n° 161, qui étaient limités à 400 dollars par banque et déposant. Elle avait également relevé le taux de Sayrafa en une fois de près de 6 800 livres pour le fixer à 38 000 livres pour un dollar. Une modification qui était inhabituellement importante comparée à l’historique de la plateforme lancée en deux temps en 2020 et 2021.

La mesure était ouverte à tous, à l’exception de certaines sociétés comme les importateurs de carburant dont les prix sont fixés par le ministère de l’Énergie et de l’Eau. Une partie des banques décidaient de supprimer totalement les plafonds, tandis que d’autres se contentaient de les relever considérablement. Les demandes étaient traitées en deux temps : les clients se rendaient une première fois à la banque pour déposer leurs livres à échanger et celle-ci les rappelaient quand les dollars demandés étaient disponibles. Les clients se rendaient alors en masse pour échanger leurs livres, tandis que la monnaie nationale s’appréciait quelque peu face au dollar au même moment.

La ruée a pris fin aux environs du 9 janvier. La BDL resserrait les plafonds, les banques suivaient et certains clients se retrouvaient avec des liasses de livres bloquées. Certains établissements vont mettre plusieurs jours à honorer les demandes en suspens. D’autres vont rendre la monnaie confiée sans autre forme de procès, comme l’a indiqué notre publication jumelle L’Orient-Today. Sauf que, pendant ce temps, le taux de change sur le marché a littéralement disjoncté, passant de près de 47 000 livres pour un dollar aux environs du 10 janvier à plus de 64 000 aujourd’hui. Soit une dépréciation de près de 40 %, pour ceux qui avaient déposé des livres le 10 et qui n’ont récupéré leur monnaie qu’hier.

Du côté de la masse de livres en circulation, les données de la Banque du Liban indiquent qu’elle a augmenté de près de 8 000 milliards de livres sur les deux dernières quinzaines de janvier, alors qu’elle avait baissé de 13 000 milliards de livres entre le 1er et le 15 du même mois. Une hausse qui explique en partie le dévissage du taux sur cette période, sans toutefois en donner toutes les clefs. Enfin, un fait historique : depuis mercredi, le taux de change officiel est passé à 15 000 livres, tournant définitivement la page de l’ancienne parité de 1 507,5 livres pour un dollar.

Quand la Banque du Liban compte-t-elle rétablir la possibilité aux particuliers et aux entreprises de convertir et retirer chaque mois une portion de leurs livres libanaises en dollars au taux bonifié de sa plateforme Sayrafa, soit 42 000 livres pour un dollar, après la majoration de 4 000 livres faite mercredi soir ? Cette question taraude un grand nombre de déposants victimes de...

commentaires (2)

Il serait intéressant que les lecteurs regardent un article, sur Beirutobserver.com (désolé pour la publicité), dans un article ils dévoilent des faits édifiants de certains individus qui manipulent notre monnaie.... avec moult détails plutôt croustillants.... (Numéros de téléphone, nom des protagonistes, sommes engagées et l'inaction des forces de sécurité.

C…

13 h 22, le 03 février 2023

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Il serait intéressant que les lecteurs regardent un article, sur Beirutobserver.com (désolé pour la publicité), dans un article ils dévoilent des faits édifiants de certains individus qui manipulent notre monnaie.... avec moult détails plutôt croustillants.... (Numéros de téléphone, nom des protagonistes, sommes engagées et l'inaction des forces de sécurité.

    C…

    13 h 22, le 03 février 2023

  • Encore des citoyens qui se sont fait berner par Riad Salame. Quand est ce que vous comprendrez que cet homme est le plus grand menteur sur terre? Sans doute lorsque les autorités européennes l’auront mis derrière les barreaux

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 27, le 03 février 2023

Retour en haut