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Campus - CRISE

Le mentorat pour accompagner les diplômés libanais

Des professionnels libanais de tous secteurs, expatriés pour la plupart, se portent volontaires pour soutenir les étudiants du Liban dans leurs démarches professionnelles.

Le mentorat pour accompagner les diplômés libanais

Photo prise durant une rencontre entre les mentors et les étudiants organisée à Beyrouth en août passé. De gauche à droite, les jeunes mentorées, Jana Sabra, Yasmine Seifeddine et Sara el-Koussa, les mentors Nada Jammoul et Azzam Messaikeh et le mentoré Hilal Bou Ghader. Photo Samar Dani

Nada Jammoul Messaikeh, cofondatrice et directrice de Impactiv, une organisation qui soutient les associations dont l’objectif est de développer le capital humain et de contribuer à l’autonomisation des jeunes, a décidé de soutenir les diplômés libanais. En collaboration avec l’organisation Injaz qui vise à préparer les jeunes à la vie professionnelle, cette ancienne vice-rectrice adjointe à la New York University basée à Abou Dhabi, et ancienne directrice de la finance et de l’administration à Sorbonne université, aussi aux Émirats arabes unis, a créé ainsi un programme de mentorat intitulé « Intersection Mentorship Program ». L’objectif de ce programme, dont le premier cycle s’est achevé en décembre, est de guider les diplômés libanais à trouver leur voie professionnelle. Ce programme personnalisé aide les participants à planifier leur carrière, à optimiser leur curriculum vitae, à se préparer pour les entretiens d’embauche et à intégrer le marché du travail. Et, pour ceux qui souhaitent poursuivre leurs études, à s’inscrire dans une nouvelle spécialisation, en les mettant en relation avec des professionnels issus de leurs secteurs. « En réalité, l’idée m’est venue il y a une dizaine d’années. Je discutais avec Samar Dani, une amie à moi, qui occupe actuellement le poste de directrice exécutive à Injaz. Nous cherchions un moyen d’aider le Liban… » En août 2020, après les explosions au port de Beyrouth, la concrétisation de cette idée est devenue pressante. « Après le 4 août, j’étais dévastée. Je devais faire quelque chose pour aider à ma façon », ajoute Nada Jammoul Messaikeh qui se dit « convaincue que l’éducation peut changer la vie des jeunes ». Au vu des difficultés financières auxquelles sont confrontés de nombreux étudiants libanais, embourbés dans un pays en pleine crise économique illustrée par une dépréciation vertigineuse de la livre libanaise, elle a commencé par assurer une aide pécuniaire aux étudiants pour leur permettre de terminer leurs études. Elle reçoit pour cela l’aide de ses connaissances et de ses amis, mais surtout celle des expatriés libanais, en collaboration avec l’ONG Atamanna, dont l’objectif est d’aider les étudiants libanais à couvrir les frais universitaires. « Nous avons soutenu des étudiants qui étaient sur le point de terminer leurs études, mais qui avaient besoin de financement pour leur dernier semestre à la fac », explique-t-elle. En organisant des événements de collecte de fonds, Nada Jammoul Messaikeh et ses partenaires réussissent à aider financièrement 100 étudiants leur permettant ainsi d’obtenir leurs diplômes. « En visite au Liban, j’ai décidé de rencontrer ces étudiants en personne. » Elle réalise alors que ces jeunes sont encore perdus pour la plupart, ignorant comment intégrer le marché du travail dans un pays paralysé, ou s’ils souhaitaient rester au Liban ou plutôt postuler à l’étranger en raison de la crise économique. « L’année qui a suivi le drame du port était très difficile pour tout le monde, mais surtout pour les étudiants », souligne-t-elle. Elle décide alors de lancer le programme de mentorat. « Il existe de nombreux programmes pour aider les jeunes entrepreneurs. J’ai voulu créer un programme pour tous les étudiants, quels que soient leurs profils ou leurs secteurs d’expertise, en leur assurant un professionnel de leur domaine qui se porte volontaire pour les guider dans leurs démarches de recherche d’emploi », explique Nada Jammoul Messaikeh. Répondant à un besoin réel et urgent, ce programme a accueilli jusqu’à présent seize étudiants en provenance de plusieurs universités, notamment de l’Université américaine de Beyrouth, de l’Université libano-américaine, de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, de l’Université libanaise et d’autres établissements. Tous ont des profils diversifiés et proviennent de différentes spécialisations. « Un étudiant qui cherche à entamer une carrière en comptabilité est mis en relation avec un mentor qui est directeur financier d’une multinationale par exemple, et ainsi de suite », précise-t-elle.

Formation préalable et sélection des candidats

80 étudiants ont manifesté leur intérêt pour ce programme parmi lesquels 16 ont été sélectionnés via des entretiens. Chacun des jeunes retenus a été mis en contact avec un professionnel actif dans le domaine que le diplômé désire intégrer. « Les mentors ont également travaillé sur le réseautage des étudiants, les mettant en contact avec leurs connaissances dans le monde du travail afin de faciliter la procédure d’embauche », ajoute Nada Jammoul Messaikeh. « Les séances de mentorat se déroulent en ligne étant donné que la plupart des mentors résident à l’étranger, notamment aux Émirats arabes unis. » Au préalable et pour optimiser ces relations de jumelage, les étudiants comme les mentors ont suivi une formation afin de comprendre le fonctionnement du mentorat et de s’assurer de leur engagement envers ce programme. Le mentorat dure six mois, une période au cours de laquelle les binômes formés doivent se réunir au moins une fois par mois. Aujourd’hui, soit un an après le lancement du premier cycle, les résultats s’avèrent prometteurs. Sur les 16 étudiants qui ont suivi le programme, 5 ont trouvé du travail, 2 ont lancé leur start-up et 4 ont poursuivi leurs études supérieures. « Il n’y a pas nécessairement de corrélation directe entre le programme et les nouveaux postes pourvus, mais en tant que mentors, nous les avons orientés envers les bonnes entreprises et mis en contact avec les gens de notre réseau afin de faciliter le processus », se satisfait Nada Jammoul Messaikeh. En guise de prochaine étape, la dynamique professeure souhaite « offrir cette opportunité de mentorat à plus d’étudiants, étant donné qu’au premier tour, un nombre restreint a dû être sélectionné en fonction du nombre de professionnels volontaires disponibles ». « Vers la fin du programme, l’un des étudiants m’a confié que le fait qu’on leur consacre du temps et les écoute leur donne déjà beaucoup d’espoir. » Pour présenter sa candidature au programme de mentorat Intersection : https://www.injaz-lebanon.org/activities/projects/intersection.html.


Nada Jammoul Messaikeh, cofondatrice et directrice de Impactiv, une organisation qui soutient les associations dont l’objectif est de développer le capital humain et de contribuer à l’autonomisation des jeunes, a décidé de soutenir les diplômés libanais. En collaboration avec l’organisation Injaz qui vise à préparer les jeunes à la vie professionnelle, cette ancienne vice-rectrice...

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