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Économie - Fiscalité

Droits de douane perçus en cash : le ministère des Finances suspend sa décision

Droits de douane perçus en cash : le ministère des Finances suspend sa décision

Une grande enseigne de supermarchés à Beyrouth. Photo d’archives Joseph Eid/AFP

Le président du syndicat des propriétaires de supermarché Nabil Fahed et celui des importateurs de denrées alimentaires Hani Bohsali ont indiqué hier à L’Orient-Le Jour que le ministère des Finances avait suspendu la mise en œuvre de sa récente décision visant à exiger que le paiement d’au moins 50 % des droits de douane se fasse désormais en espèces à la direction dédiée, le reste pouvant être réglé par virement ou chèque.

Pour mémoire

Le ministère des Finances veut aspirer du cash via les douanes et les banques

« Le ministre sortant des Finances Youssef Khalil nous l’a directement assuré après que nous lui ayons exprimé nos réserves. De nouvelles discussions sont prévues pour trouver une solution », a notamment déclaré Nabil Fahed. « Il faut attendre quelques jours pour voir ce qui va être décidé. La filière réagira en fonction de l’impact qu’auront les mesures prises sur le consommateur », a de son côté estimé Hani Bohsali. Finalement, hier soir, le service de presse du ministère a bien confirmé à L’Orient-Le Jour la suspension de sa décision.

Paiements par carte toujours acceptés

La veille, le syndicat des supermarchés avait publié un communiqué dans lequel il affirmait que ses membres envisageaient d’arrêter totalement d’accepter les paiements par carte bancaire si la décision du ministère était mise en œuvre. « Suite à l’annonce de la mesure, les fournisseurs avec lesquels nous travaillons nous ont informés qu’ils exigeraient d’être intégralement payés en cash, alors qu’ils concédaient jusqu’ici à recevoir environ 10 à 20 % des paiements par chèque bancaire », a expliqué Nabil Fahed.

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Ni le ministre ni son service de presse n’ont répondu à nos appels visant à confirmer la suspension de la décision. Son adoption en début de semaine avait suscité de nombreuses préoccupations de la part des importateurs, d’autant plus que les droits de douane sont exigibles en livres libanaises et ont été multipliés par 10 depuis le 1er décembre. Il s’agit de la date à laquelle l’administration fiscale a commencé à exiger qu’ils soient calculés à partir des prix hors taxes en dollars en utilisant un taux de 15 000 livres pour un dollar, au lieu de l’ancienne parité officielle de 1 507,5 livres, qui est tombée en désuétude avec la crise. Hani Bohsali avait évoqué un problème de sécurité des employés transportant les fonds à régler au moment de dédouaner les marchandises, un autre lié à la disponibilité du cash, et un troisième impactant de manière incidente la dépréciation de la valeur des dépôts bancaires.

La réticence des acteurs de l’économie à accepter d’autres moyens de paiement que les espèces trouve, elle, sa source dans les restrictions bancaires sur les dépôts en dollars, mais aussi en livres que les banques ont unilatéralement imposées à leurs clients depuis le début de la crise en 2019. De fait, l’argent bancaire vaut moins que celui qui circule en espèces et certains opérateurs n’hésitent pas à titre d’exemple à majorer les prix de biens ou de prestations aux clients qui souhaitent payer seulement par carte bancaire.

Un faisceau de circonstances qui a favorisé le développement d’une économie basée sur le cash, avec tout ce que cela pose comme problèmes en matière de traçabilité des flux. La dépréciation de la livre a contribué à faire exploser la masse de livres en circulation face à un dollar bien moins abondant. Dans le débat public, beaucoup de voix tiennent pour acquis que la décision du ministère des Finances concernant les droits de douane avait pour objectif premier de tenter d’aspirer du marché autant de liquidités en livres que possible.

Le président du syndicat des propriétaires de supermarché Nabil Fahed et celui des importateurs de denrées alimentaires Hani Bohsali ont indiqué hier à L’Orient-Le Jour que le ministère des Finances avait suspendu la mise en œuvre de sa récente décision visant à exiger que le paiement d’au moins 50 % des droits de douane se fasse désormais en espèces à la direction...

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Pourquoi pousser vers la cash economy? Amateurs!

Gros Gnon

19 h 33, le 21 janvier 2023

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Commentaires (1)

  • Pourquoi pousser vers la cash economy? Amateurs!

    Gros Gnon

    19 h 33, le 21 janvier 2023

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