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Les maux du fondamentalisme politico-religieux

Les maux du fondamentalisme politico-religieux

L’éducation est « l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde » (Nelson Mandela). Photo d’illustration Bigstock


« Le fondamentalisme religieux, (et) le fanatisme ne sont évidemment rien de nouveau. Les persécutions religieuses, les massacres au nom de la foi, les inquisitions, les guerres de religion ne datent pas d’hier. On aurait même plutôt le sentiment que, dans l’histoire des religions, ce sont le non-fondamentalisme et la tolérance qui sont des exceptions », Yves Michaud.

Malgré la diversité de ses écoles, le fondamentalisme religieux se caractérise par une compréhension idéologique de la religion et par une intolérance prenant de multiples formes. S’appuyant sur une interprétation littérale et rigoriste du texte sacré, le fondamentalisme propage un enseignement qui s’attribue la vérité complète sur la vie humaine, la société et l’existence, et, par conséquent, prétend avoir des réponses catégoriques dans tous les domaines dans lesquels l’homme ou la société se poserait des questions. Il n’est pas étonnant de constater les résultats récurrents et inévitables du fondamentalisme : il opère des divisions au sein d’une même religion, s’accompagne du rejet des autres religions et utilise la violence psychologique, verbale, parfois même physique. La situation empire lorsque les fondamentalistes se donnent pour mission de faire du prosélytisme. Ceux-ci ont subi un endoctrinement qui nourrit l’aspect émotionnel de leur personnalité au détriment d’une réflexion critique et scientifique ; ils se croient alors habilités à juger les comportements, les croyances et les traditions des autres, tout en se justifiant d’obéir aveuglément à leur autorité qui, à leurs yeux, est le reflet de la volonté divine.

Lorsque de telles caractéristiques s’insèrent dans le fondamentalisme politico-religieux, la situation devient particulièrement dangereuse pour les personnes comme pour les sociétés. Car l’endoctrinement des adeptes plaide pour la réalisation d’un projet eschatologique dans le temps présent. L’histoire, en conséquence, se transforme en champ de bataille sans fin et le glissement vers la violence, et même la guerre devient une possibilité omniprésente.

Du fait que, dans une mentalité « fondamentaliste », l’ennemi, toujours menaçant, est à éliminer, la vie sans conflit est inimaginable et la politique ne devient qu’un combat contre l’autre perçu comme un ennemi.

Cela plonge le fondamentalisme politico-religieux dans un cycle d’hostilité sans fin : non seulement l’adversaire ne peut être ni vaincu ni éliminé puisque son existence ne se sépare de la vie elle-même, mais encore sans cette hostilité, le fondamentalisme perd sa raison d’être.

L’adversaire imaginé qui nourrit le fondamentalisme politico-religieux prend deux visages : un premier visage, réaliste et actuel, est celui d’une personne, d’un parti, d’un courant intellectuel ou de l’État auquel ce fondamentalisme s’oppose, et un second visage qui demeure méconnu parce qu’il relève d’une condition indispensable à la base de la pensée politico-religieuse fondamentaliste. Or, cet adversaire restant figé dans l’imaginaire et projeté dans l’eschatologie ne prend forme que dans l’espace et le temps. Dans le futur et le terme de notre histoire humaine, tout ce qui est différent et n’entre pas dans le projet du fondamentaliste est alors classé comme ennemi. Selon un tel état d’esprit, comment une réconciliation, une coopération, une participation égalitaire à une œuvre commune, voire une amitié, peuvent-elles être possibles et réelles ? La polarisation de la pensée du fondamentaliste politico-religieux laisse peu de liberté pour comprendre les conflits humains d’une manière objective et pragmatique ; et pourtant cette compréhension est indispensable pour arriver à des compromis ou résoudre des conflits d’intérêts.

Les événements actuels lus sur une toile de fond eschatologique se concluent par une classification théorique et pratique des personnes : d’un côté les partisans, de l’autre les ennemis ; d’un côté la communauté fondamentaliste, de l’autre le monde extérieur. Un tel constat manquant d’objectivité est une simplification très dangereuse et naïve de l’existence humaine, de l’histoire et de la formation des sociétés. Comment peut-on réduire en une seule définition et en une seule vision la réalité complexe des structures sociales politiques et culturelles ?

Lorsque la passion ou l’émotion l’emporte sur la raison et se coule dans une doctrine rigide fondamentaliste, il est difficile, voire impossible, qu’une société se fonde sur la base d’ententes mutuelles et de convergences d’intérêts communs.

Si une communauté veut appliquer par la politique un projet qu’elle affirme divin, elle ne peut pas laisser de place à un mécanisme de contractualisation sur la base de l’égalité, de l’acceptation de la diversité et du dialogue. Le passage de l’état naturel à l’état politique par une rencontre rationnelle et sur des intérêts communs devient du coup impossible.

Face au danger du fondamentalisme politico-religieux, il est indispensable de souligner les mérites du système démocratique qui se base sur la laïcité et qui donne à la religion sa juste place et son rôle positif dans la vie de l’homme et de la société. Cela met en valeur l’importance de la qualité de l’éducation à dispenser aux élèves et aux étudiants, l’éducation qui est « l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde » (Nelson Mandela).

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

« Le fondamentalisme religieux, (et) le fanatisme ne sont évidemment rien de nouveau. Les persécutions religieuses, les massacres au nom de la foi, les inquisitions, les guerres de religion ne datent pas d’hier. On aurait même plutôt le sentiment que, dans l’histoire des religions, ce sont le non-fondamentalisme et la tolérance qui sont des exceptions », Yves...

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