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Politique - Décryptage

La stratégie présidentielle du Hezbollah après l’expérience du mandat Aoun

Le dossier de l’élection présidentielle est un véritable casse-tête pour le Hezbollah. Les réunions entre les cadres politiques de la formation se multiplient à ce sujet et les discussions vont en profondeur sur le rôle du parti dans les dossiers internes. Une remise en question de la position du Hezbollah dans toutes les échéances internes depuis que ce parti a décidé de s’impliquer plus sur la scène libanaise à partir de 2005, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et le retrait des troupes syriennes du pays, est en train d’être effectuée. La question qui s’impose dans ces débats internes est la suivante : le Hezbollah a-t-il eu raison d’appuyer aussi ouvertement la candidature de Michel Aoun à la présidence et d’avoir bloqué l’élection présidentielle pendant plus de deux ans pour lui permettre d’assurer les meilleures conditions pour son élection ?

À travers la réponse à cette question, c’est l’approche du dossier présidentiel aujourd’hui qui se précise. Certains cadres se demandent ainsi s’il n’est pas temps pour le parti d’annoncer officiellement que le chef du courant des Marada est son candidat, au lieu de maintenir un flou artificiel qui affaiblit la position de Sleiman Frangié dans la course à Baabda. En effet, certaines parties internes estiment ainsi que tant que le Hezbollah n’a pas fait d’annonce officielle sur la candidature de Frangié, les autres composantes politiques peuvent croire qu’ il est toujours possible de lui faire changer d’avis et de lui faire accepter un autre candidat qui répond aux critères qu’il réclame.

Ceux, au sein du Hezbollah, qui ne partagent pas cette opinion, pensent au contraire qu’en affichant clairement son appui à la candidature de Michel Aoun entre 2014 et 2016, ce parti n’a pas rendu service à Aoun lui-même qui a dû porter, tout au long de son mandat, le poids d’avoir été considéré comme « le candidat du Hezbollah ». De même, ce parti a porté lui aussi durant toute la durée du sexennat Aoun le poids des décisions prises par ce dernier, notamment sa guerre déclarée contre le président de la Chambre, Nabih Berry, et ce que l’on appelle « le système », sous le titre de la lutte contre la corruption. En effet, dès qu’une décision ou une déclaration du chef de l’État déplaisait au président de la Chambre et à son camp, c’est vers le Hezbollah que M. Berry se tournait, soit pour lui faire des reproches, soit pour lui demander de trouver une solution et d’atténuer la position du chef de l’État. L’inverse aussi était vrai et à chaque heurt entre le camp présidentiel et celui du président de la Chambre, c’est le Hezbollah qui était critiqué, sous prétexte que Aoun ne pouvait rien demander à celui qui n’avait pas voté pour lui, par contre, il devait demander des comptes à son allié.

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Entre le CPL et le Hezbollah, un retour en arrière n’est plus possible

Dans ce même ordre d’idées, le parti chiite estime que la guerre de certains États occidentaux et arabes menée contre le mandat de Michel Aoun et dont le pays a subi les conséquences n’aurait peut-être pas été aussi évidente et dure si le président n’avait pas été « le candidat du Hezbollah ». D’ailleurs, toutes les ententes politiques que Aoun avait conclues avant son élection, notamment avec les Forces libanaises dans ce qu’on avait appelé l’entente de Meerab et avec le chef du courant du Futur Saad Hariri ont fait long feu. Bon gré mal gré, elles ont été pratiquement neutralisées et, à partir d’octobre 2019, elles ont été carrément annulées. Aoun s’est ainsi retrouvé à la tête de l’État libanais en pleine période de turbulence et avec un seul appui, celui du Hezbollah, alors qu’il était en conflit avec pratiquement toutes les autres composantes politiques qu’elles soient représentées au sein des institutions étatiques ou non. Ce n’est donc pas un hasard si les relations entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre ont été sérieusement ébranlées au cours des six dernières années. Aujourd’hui, les conflits entre les deux formations sont apparus au grand jour. Ils menacent même la fameuse entente de Mar Mikhaël, conclue le 5 février 2006, qui a pourtant survécu à de nombreuses secousses.

Dans ce contexte, l’essence des divergences entre le Hezbollah et le CPL se résume en un seul point : l’approche des dossiers internes et la lutte contre la corruption. Le CPL considère en effet qu’après avoir porté le poids de l’appui au Hezbollah auprès des milieux internationaux et arabes, il était en droit d’attendre de cette formation qu’elle le soutienne dans sa guerre contre le système de corruption. Or, dans ce domaine, le Hezbollah a toujours essayé d’arrondir les angles, allant parfois jusqu’à mener un début de combat, mais sans jamais aller jusqu’au bout.

Aujourd’hui, ce qui ne se dit pas ouvertement mais se murmure dans les réunions à huis clos, c’est que le Hezbollah ne veut plus appuyer un candidat au point de porter sur ses propres épaules toutes les batailles que celui-ci pourrait lancer. En même temps, il souhaite appuyer un candidat qui, comme l’a dit Hassan Nasrallah, « ne poignardera pas la résistance dans le dos » et, même s’il ne l’a pas dit, ne lui causera pas de problèmes internes sous n’importe quel titre que ce soit. Le chef des Marada paraît ainsi être le candidat idéal, puisqu’il affiche clairement son appui à la résistance et ne constitue pas un défi pour le président de la Chambre et ses propres alliés. Toutefois, le Hezbollah ne compte pas adopter ouvertement la candidature de Frangié avant d’être sûr de pouvoir le faire élire à la tête de l’État et en même temps d’être informé de son plan de travail sur le plan interne. Le débat au sein du Hezbollah a donc abouti à la conclusion qu’il faut amener à la présidence de la République un président qui ne complote pas avec l’étranger contre le parti et ne craint pas les menaces qui peuvent lui être adressées. En même temps, le Hezbollah ne veut pas être un poids pour le président et il ne veut pas non plus que ce dernier le soit pour lui...

Le dossier de l’élection présidentielle est un véritable casse-tête pour le Hezbollah. Les réunions entre les cadres politiques de la formation se multiplient à ce sujet et les discussions vont en profondeur sur le rôle du parti dans les dossiers internes. Une remise en question de la position du Hezbollah dans toutes les échéances internes depuis que ce parti a décidé de...

commentaires (6)

La strategie du Hezb est limpide dans sa simplicite mafieuse : "Vous faires ce que je veux ou bien je bloque, je desagrege, je fais sauter (le port) et surtout je tue". Et sa menace ultime : "j'amene les Israeliens mettre une rouste au Liban" Le reste c'est du blabla.

Michel Trad

13 h 53, le 11 janvier 2023

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Commentaires (6)

  • La strategie du Hezb est limpide dans sa simplicite mafieuse : "Vous faires ce que je veux ou bien je bloque, je desagrege, je fais sauter (le port) et surtout je tue". Et sa menace ultime : "j'amene les Israeliens mettre une rouste au Liban" Le reste c'est du blabla.

    Michel Trad

    13 h 53, le 11 janvier 2023

  • PERSONNE NE FAIT DE LA PROPAGANDE BI BELESH !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 01, le 11 janvier 2023

  • Madame, vous vous posez la question de savoir si les hezbollahis ont eu raison de bloquer les élections avant l'accession au pouvoir de Aoun,,. Pour votre gouverne sachez qu'en fait à 45 reprises, le Parlement avait essayé d’atteindre le quorum des deux tiers, nécessaire pour organiser le vote, soit 86 des 128 députés sans succès. Et a chaque fois, les vingt élus du bloc parlementaire de M. Aoun et les treize députés du Hezbollah ont boycotté les séances .... Treize députés !!!! Sans la complicité active du CPL, nous n'en serions probablement pas là aujourd'hui.. avec toutes les conséquences catastrophiques que cette élection à impliqué..

    C…

    12 h 16, le 11 janvier 2023

  • L’OLJ publie souvent des caricatures ou des dessins assez humoristiques. De même le sarcasme de Gaby Nasr nous fait éclater de rire. Fidèles à cette politique, l’OLJ publie aussi les décryptages de Mme Scarlet Haddad dont le contenu est tellement ridicule qu’on ne peut que rigoler en lisant de telles inepties. Un exemple : le CPL veut combattre la corruption alors que son chef est le seul politicien libanais à faire l’objet de sanctions US pour faits de corruption (entre autres). On peut en pleurer comme en rire, j’ai préféré la seconde option parce que je ne prends même pas la peine de prendre un tantinet au sérieux ces décryptages à la sauce mollah d’Iran

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 42, le 11 janvier 2023

  • POUR SCARLETT, LE LIBAN C'EST LE HEZBOLLAH ET RIEN QUE LE HEZBOLLAH. ELLE A RAISON PEUT ÊTRE. SAUVE QUI PEUT

    Gebran Eid

    10 h 38, le 11 janvier 2023

  • Que le Hezbollah se tourne vers l’Iran pour le bordel qu’il y a là bas . Est-ce qu’il veut la même chose au Liban ?

    Eleni Caridopoulou

    00 h 20, le 11 janvier 2023

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